Un joli cadeau de Noël pour Vinci

Jean Castex était tout content de pouvoir inaugurer cette nouvelle autoroute A355 qui détruit une partie de la nature de l'Alsace. Eh ben... Foto: © Nicolas Rosès

(KL) – Ah, c’est une bonne nouvelle pour les actionnaires de Vinci ! Désormais, les Alsaciens et ceux qui traversent notre belle région, payeront leur obole dans les caisses du géant du bâtiment qui, dans la foulée, s’est également assuré d’une licence de 99 ans sur le tronçon Malsch-Offenburg sur l’autoroute allemande A5, juste en face de l’Alsace. Comprendre : le trafic autoroutier nord-sud européen fera désormais une courte halte aux péages de part et d’autre du Rhin (en Allemagne, ce tronçon n’est pas encore payant, mais on y travaille…) pour donner un peu d’argent à Vinci.

En parallèle, l’ouverture du GCO conduira à de nouveaux bouchons dans les villages alsaciens, car il est illusoire de penser que les camions qui viennent des pays de l’Est paieront pour emprunter la seule autoroute payante alsacienne. Grâce au GPS, ils trouveront d’autres chemins à travers les villages alsaciens. Les chauffeurs de ces camions « de l’Est » doivent calculer avec le centime et ils trouveront des alternatives au GCO.

Mais « l’écocide » de la plaine d’Alsace n’est pas encore achevé. Pour mieux contrôler la circulation, il faudra colmater une brèche dans le réseau autoroutier et cette brèche se trouve dans le sud du Palatinat, entre la frontière à hauteur de Lauterbourg et l’entrée sur l’autoroute A65 à hauteur de Kandel. Entre les deux, une route nationale fait désordre. Il faudra donc la transformer en autoroute, histoire d’acheminer les camions plus rapidement vers le GCO. Malheureusement, cette route nationale (et donc, la future autoroute), passe par le « Bienwald » (« forêt des abeilles »), une forêt merveilleuse qui, malheureusement, dérange les plans autoroutiers. Donc, on peut s’attendre à ce que le « Bienwald » soit également sacrifié aux intérêts financiers des actionnaires de Vinci.

Si le terme « attractivité » est devenu, ces derniers temps, une sorte de « gros mot », c’est exactement l’attractivité du nord de l’Alsace qui en prendra un coup. Evidemment, cette perte d’attractivité ne figure sur aucun calcul pour ces autoroutes, ce seront les Alsaciens qui paieront l’ardoise plus tard, lorsque l’afflux de touristes baissera. Mais ça, ce n’est ni le problème de Vinci et pas non plus celui de Jean Castex.

On ne peut qu’applaudir les têtes de l’exécutif strasbourgeois d’avoir boycotté les festivités de l’inauguration de ce GCO. Car en effet, il n’y a aucune raison de se réjouir de la lente destruction du tissu naturel de l’Alsace. Troquer de belles forêts contre des autoroutes, ce n’est vraiment pas une raison pour faire la fête…