Un mois après les élections – où va l’Allemagne ?

Aujourd’hui, le nouveau Bundestag se réunit pour la première fois à Berlin. Sans avoir un nouveau gouvernement et avec presque 100 députés d’extrême-droite.

Aujourd'hui et pour la première fois depuis la IIe Guerre Mondiale, des élus d'extrême-droite entrent au Reichstag à Berlin. Une honte pour l'Allemagne. Foto: Jürgen Matern / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Quatre semaines après les élections législatives en Allemagne, on prend la mesure du séisme politique du 24 septembre 2017. La dégringolade des partis traditionnels CDU, CSU et SPD (ayant perdu ensemble environ 14% des votes) ainsi que la montée de l’extrême-droite de l’AfD (12,6% des votes) ont changé le paysage politique allemand. Les difficultés de former une nouvelle coalition en témoignent.

Ce sera une journée étrange aujourd’hui à Berlin. La dernière fois que des élus d’extrême-droite ont mis les pieds au Reichstag à Berlin, c’était du temps des nazis. Plus de 70 ans plus tard, ils reviennent – avec 94 élus de l’extrême-droite, et toutes les alarmes passent au rouge. Si les élus de l’AfD ne joueront aucun rôle dans les décisions berlinoises (aucun autre parti n’étant prêt à négocier ou coopérer avec l’AfD), ils seront là et ils feront entendre leurs paroles de haine. Et ils saliront l’image de l’Allemagne.

Cette première séance du nouveau Bundestag marquera déjà un changement substantiel dans la politique allemande – l’éternel ministre des finances Wolfgang Schäuble (75 ans) quitte enfin son ministère pour se couler des jours bien plus paisibles comme président du Bundestag et ainsi, il ne pourra plus poursuivre sa politique d’austérité ayant poussé plusieurs pays européens dans une détresse incroyable. Mais est-ce que la politique allemande sera meilleure, une fois un nouveau gouvernement formé ?

Actuellement, la CDU, la CSU (la petite sœur bavaroise de la CDU), les libéraux du FDP et les Verts tentent de former une coalition dite « de Jamaïque », mais déjà les premières rencontres entre ces partis ont montré qu’ils défendent en partie des positions diamétralement opposées qui seront difficile à concilier. Si jamais cette coalition se forme, Angela Merkel devra payer le prix – elle perdra le contrôle sur plusieurs ministères clés et le FDP et les Verts trouvent presque tous les jours de nouveaux postulats à faire valoir auprès de la chancelière qui elle, perd constamment de son poids politique. Les nouvelles stars d’un gouvernement « Jamaïque » s’appelleraient Söder, Özdemir ou Lindner – et ces représentants de la CSU, des Verts et du FDP réclameront plus d’influence qu’Angela Merkel n’a jamais laissée à un partenaire de coalition.

Si jamais cette coalition ne devrait pas se réaliser d’ici Noël, Angela Merkel n’aura plus que deux options : soit, elle appelle à des élections anticipées (ce qui impliquerait le risque de voir l’extrême-droite renforcer sa position) ou demander gentiment au SPD de revenir au foyer.

Les prochains mois, l’ancien gouvernement reste en place de manière commissaire et ce n’est pas une situation idéale non plus. L’électeur a parlé, maintenant, il convient de mettre en œuvre son verdict. A suivre.

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