Un nouveau démarrage des relations transatlantiques ?

La « Conférence sur la Sécurité » (MSC) à Munich a, une nouvelle fois, réuni (virtuellement) du beau monde. Le nouveau président américain Joe Biden a annoncé un nouveau démarrage des relations avec l'Europe.

Même dans un format virtuel, Wolfgang Ischinger a su organiser une MSC 2021 remarquable. Foto: MSC / Kuhlmann

(KL) – « The USA are back ! », voilà le message du président américain Joe Biden à l’occasion de son intervention virtuelle lors de la « Conférence sur la Sécurité » (MSC) à Munich. Après quatre ans sous Donald Trump qui n’avait cure des relations avec le Vieux Continent, Joe Biden essaye de réparer les dégâts que Trump avait causé au niveau diplomatique. Réintégration de l’Accord sur le Climat de Paris, proposition d’un moratoire concernant les armes nucléaires faite à la Russie, ré-instauration d’un dialogue civilisé avec l’Europe.

Si la 57e édition de la MSC a du se limiter à un format unidimensionnel devant des écrans, il s’agissait tout de même de la première apparition de Joe Biden sur la scène diplomatique en tant que Président des Etats-Unis. Si les chefs de gouvernements et d’états européens, comme Angela Merkel ou Emmanuel Macron, se montraient soulagés par cette nouvelle tonalité transatlantique, les relations entre les Etats-Unis et l’Europe (et aussi le reste du monde) sont loin d’être réglées.

Outre les problèmes liés à la pandémie, Donald Trump avait forcé la main aux Européens pour réorienter les activités économiques. Le résultat des multiples « guerres économiques » de Donald Trump : la Chine a dépassé les Etats-Unis comme premier partenaire commercial de l’Union Européenne. Si l’Occident veut se serrer les coudes face aux nombreux défis de toute sorte, Joe Biden a, tout comme les Européens,  intérêt à lisser les relations transatlantiques. Mais même le discours plus poli et plus diplomatique de Joe Biden ne peut pas cacher les intérêts souvent divergents entre les USA et l’Europe.

Ainsi, Joe Biden insiste, comme son prédécesseur, à ce que l’Allemagne stoppe les travaux sur le gazéoduc « Nord Stream 2 » qui transportera du gaz naturel russe, à travers la Mer Baltique, directement vers Allemagne. Ce projet avait suscité la colère de Donald Trump qui avait estimé que l’Allemagne se rendait ainsi dépendante du gaz russe et qui avait frappé des entreprises impliquées dans les travaux, de sanctions. Si Joe Biden utilise un langage diplomatique, le contenu est toujours le même ; Biden souhaite également que l’Allemagne renonce à ce projet (qui est presque terminé).

Si la MSC n’a pas pu se tenir comme les autres années, les interventions n’en furent pas moins intéressantes. Certains observateurs ont critiqué la nouvelle intervention de Bill Gates (qui mettait en garde contre une « ère pandémique »), ce qui a suscité une vive réaction de la part de Wolfgang Ischinger, depuis 2008 en charge d’organiser cette manifestations considérée un peu comme le « Davos de la politique internationale » : « Si on avait écouté Bill Gates en 2017, on en serait pas là », a martelé Ischinger. En effet, lors de la MSC 2017, Bill Gates avait déjà parlé des dangers pandémiques. Mais en 2017, son intervention n’était pas beaucoup suivie, et encore moins suivie de réactions.

Une visioconférence d’une journée, avec un programme très dense et des interventions de nombreux puissants de ce monde – la MSC 2021 aura été un moment fort de l’année diplomatique, malgré le format virtuel. Le message de Joe Biden aux Européens ne pouvait pas être plus clair : « The USA are back ! ». On verra rapidement si ce n’est que la tonalité qui a changé dans les relations transatlantiques, ou s’il y aura aussi des rapprochements au niveau de la coopération face aux défis de notre époque.

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