Un personnage en quête de hauteur
Élu en 2023 sénateur républicain grâce au soutien de Donald Trump, puis propulsé vive-président par ce dernier en 2025, J.D. Vance écrit sa propre légende.
(Jean-Marc Claus) – Aujourd’hui âme damnée de Donald Trump, James David Vance dit J.D. Vance et né James Donald Bowman, fut en 2016 l’un des plus critiques à son égard. Une sorte de remake des spectaculaires retournements de veste de Gérard Darmanin et Bruno Lemaire, disant pis que pendre d’Emmanuel Macron, puis une fois ce dernier élu, s’aplatissant comme carpettes devant lui, pour obtenir des marocains ministériels. Ce qui, il faut le reconnaître, leur a plutôt réussi !
Ce quadragénaire devenu le cinquantième vice-président des USA le 20 janvier dernier, a contrairement à son mentor, pour lui d’être issu d’un milieu modeste. Mais son attachement au narratif de l’Amérique blanche déclassée, l’a forcément rapproché du milliardaire qu’il qualifiait 2016 de « connard cynique » allant jusqu’à le comparer à Hitler. C’est à se demander si Donald Trump a de la mémoire, ou s’il est à ce point miséricordieux pour lui pardonner ces graves insultes.
Mais il n’en est rien, pas plus sénile que magnanime, l’autoproclamé « Roi du Deal » sait très bien qu’un ennemi retourné, peut devenir un remarquable porte-flingue. Or, comme on a pu le constater le 28 février dernier, dans le Bureau Ovale lors de l’hallucinante rencontre Trump – Zelenskyi, le vice-président fait admirablement bien le job.
Mais reste à savoir lequel a l’ascendant sur l’autre, et à ce propos, l’Histoire peut nous réserver quelques surprises, car J.D. Vance qualifié d’idéologue de Donald Trump, est aussi par certains pressenti comme son potentiel successeur. Idéologue assurément, car le moindre apport conceptuel à l’océan d’ignorance de Donald Trump, ne peut être que qualifié d’idéologie, fut-ce une shitty ideology. Quant à la succession, qui voudra succéder à celui qui aura ruiné le pays ?
Tant admiré par Donald John Trump, Sir Winston Churchill succédant en 1940 à Neville Chamberlain, avait dit : « I have nothing to offer but blood, toil, tears and sweat. ». Mais il s’agissait alors de défendre le pays, contre les attaques nazies. Or jusqu’ici, le prétendu Liberation Day trumpien, qui impacte l’économie mondiale, fait peser sur les USA une menace de récession sans précédent, et selon le Budget Lag at Yale, les droits de douane hallucinants imposés par « Tariff Man » aux autres pays, coûtera annuellement 3.800$ à chaque famille étasunienne soit 3.342€.
« I have nothing to offer but privations, disappointments, bitterness and misery », pourrait être l’aphorisme trumpien à destination des étasuniens modestes, car pour l’oligarchie des possédants qui ont transformé les USA en ploutocratie, rien n’est trop beau et aucune source de profit ne sera négligée. Quid alors dans un tel contexte, d’un J.D. Vance élu sénateur républicain grâce au soutien de Donald Trump en 2023, puis propulsé par ce dernier vice-président en 2025 ?
Assisterons-nous à un nouveau retournement de veste, car contrairement à son mentor septuagénaire, dont il ne faut pas pour autant négliger le phénoménal potentiel de nuisance, à quarante ans, sa carrière politique étant devant lui ? J.D. Vance doit se projeter dans l’avenir. Le fait-il et si oui, comment ? Plus que des fatigantes gesticulations trumpiennes, il sera intéressant de se mettre à l’écoute et d’observer ce qui se passe, à la West Wing de la Maison Blanche.
Le scénario de l’actuel psychodrame étasunien fait par certains côtés, penser à la pièce de théâtre de Luigi Pirandello intitulée « Six personnages en quête d’auteur ». Or, J.D. Vance, bien plus qu’en quête d’auteur, est véritablement en quête de hauteur. Mais pour gagner de la hauteur, notamment de vue, il faut renoncer à certaines bassesses. Ce qui en l’espèce, n’est visiblement pas (encore) le cas…
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