Un petit, mais indispensable cours d’Histoire pour xénophobes

Pendant que la «Pegida» manifestait hier une nouvelle fois pour le «sauvetage de l’occident», d’autres pensaient à ce qui s’était passé en Allemagne pendant la nuit du 9 au 10 novembre 1938.

Voilà ce qui arrive si on ne stoppe pas les xénophobes et tous ceux qui prêchent la haine... Foto: Wikimedia Commons / PD

(KL) – L’homme a une capacité incroyable d’oublier tout ce dont il ne veut pas se souvenir. Comme les xénophobes de la «Pegida» qui avaient la délicatesse de manifester avec leurs slogans bêtes et méchants le soir où d’autres se souviennent de la «Nuit de Cristal». Derrière ce joli nom se cache l’une des nuits les plus noires de l’histoire allemande – la nuit des pogromes où les synagogues brûlaient en Allemagne.

Si les excès de violence de cette nuit du 9 au 10 novembre 1938 n’étaient pas l’expression d’une «colère spontanée» de la population allemande suite à l’assassinat d’un secrétaire de l’ambassade allemande à Paris, Ernst vom Rath, par un jeune juif polonais, comme la propagande nazie voulait faire croire, mais organisés et concertés par les organisations nazies, force est de constater que ce qui s’est passé à l’époque, se reproduira demain à nouveau si nous n’intervenons pas immédiatement.

La haine nationaliste est la même en 1938 et en 2015 – motivée par la peur de voir des changements arriver. Le processus de base est toujours pareil : on choisit une minorité à qui on attribue la responsabilité de tous les maux. A l’époque, c’étaient les Juifs, aujourd’hui, ce sont les réfugiés. Il est tout à fait incroyable qu’à une date pareille, des xénophobes, ultranationalistes et néonazis puissent manifester sur la Theaterplatz à Dresde, autrefois appelée «Adolf-Hitler-Platz» – la sensibilité des autorités à Dresde ne connaît pas de limites…

Mais, puisque les xénophobes à Dresde et ailleurs ont certainement séché les cours d’Histoire à l’école, voici un petit rappel de ce qui s’était passé lors de cette «Nuit de Cristal». Environ 200 synagogues et autres lieux de culte ont été saccagés ; plus de 100 personnes de croyance juive ont été assassinées cette nuit-là, une centaine d’autres personnes ont commis suicide face aux violences ; 7500 magasins et entreprises furent détruites par les hordes nazies et environ 30000 personnes furent déportées dans les camps de concentration. Voilà pour les chiffres. Et, pour que les xénophobes comprennent, en commettant ces crimes, les nazis n’ont nullement «sauvé l’occident», mais ils ont nié tous les acquis de la civilisation humaine.

Et ils ont poursuivi le même objectif que les xénophobes militants qui se retrouvent aujourd’hui sous les drapeaux allemands, tous les lundis soirs, scandant des slogans agressifs – eux aussi veulent accélérer le départ d’une minorité du pays, les réfugiés qui viennent sauver leur vie d’une guerre meurtrière en Syrie.

L’Allemagne, comme l’Europe entière, n’est pas à l’abri d’un «remake» de l’Histoire. Au contraire. En Allemagne, la violence est revenue dans les rues, on dénombre de centaines d’attaques contre des réfugiés et leurs structures depuis le début de l’année. Ailleurs, ce sont des partis d’extrême-droite dont le discours est à la fois xénophobe, anti-européen et violent, qui mènent dans les sondages et qui remportent des élections.

Aujourd’hui, plus personne ne pourra se permettre de ne pas prendre clairement position vis-à-vis de ces «prêtres de la haine». Ceux qui ne s’opposent pas aux courants xénophobes et violents, se rendent tout autant coupables que les auteurs des actes qu’ils approuvent plus ou moins tacitement. Une «Nuit de Cristal» pourrait se reproduire en 2015 comme elle s’est produite en 1938. Il est temps de s’en rendre compte.

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