Un petit Moteur et Vélo dans la tête !

Une entreprise d’électrification de vélos à Haguenau a le vent en poupe.

Le bouquet de vélos de « Moteur et Vélo ». Foto: Moteur & Vélo

(Jean-Marc Claus) – Présenter l’entreprise « Moteur et Vélo », sans parler de celui qui la dirige, c’est en négliger l’âme, car Philippe Dardel est un sexagénaire qui n’a rien d’un banal chef d’entreprise, et il lui en a fallu de la volonté pour, à l’issue d’une formation littéraire, se lancer dans le commerce pour aboutir à l’industrie et y faire sa place. De la volonté, mais aussi de la modestie et du réalisme, car ayant vécu notamment aux USA et en Chine Populaire, il affirme qu’on ne peut connaître un pays seulement si on y est contribuable.

Sa société bicéphale « Presta-Batterie – Moteur et Vélo », sise à Haguenau dans le Nord de l’Alsace, trouve son origine en Chine où, après avoir travaillé dans différentes industries et créé sa première entreprise en 1989, Philippe Dardel s’est mis à fabriquer en 2003, des vélos à assistance électrique destinés à l’exportation vers l’Europe. L’Eazy Mouv, sa création d’alors, avait été pensée sur le modèle ergonomique du Solex. Mais pour se développer, il aurait fallu investir massivement, ainsi que relocaliser pour performer en termes de qualité.

Choses impossibles à ce moment-là, même si l’Eazy Mouv était disponible dans 300 points de vente en France, dont la maison-mère se trouvait en Sologne. Philippe Dardel n’a pas pour autant abandonné le monde du cycle car, saisissant l’opportunité du développement du marché, il s’est lancé grâce à l’expérience acquise en Chine, dans le reconditionnement de tous types batteries de vélos à assistance électrique. D’où, en 2013, la création en Alsace de « Presta-Batterie », car il voulait s’installer dans une région possédant encore un tissu industriel conséquent. Actuellement, Presta-Batterie assure la maintenance des batteries des vélos de La Poste pour le Grand-Est.

Lors de sa création, la société a trouvé ses cent premiers clients grâce à trois coups de téléphone, tellement le besoin était important et les savoir-faire faisaient cruellement défaut. Saisir régulièrement des opportunités, développer constamment des compétences, vouloir toujours innover, c’est ainsi que l’on peut résumer tant la philosophie que le parcours de Philippe Dardel. Ainsi, rachetant en 2015, une société faisant de la motorisation de vélos en assemblant avec plus ou moins de succès, des éléments produits pour les vélos à assistance électrique, il a l’idée de créer un kit plus facile à monter et surtout plus fiable.

C’est alors que « Moteur & Vélo » se combine avec Presta-Batterie, les salariés de l’entreprise travaillant de manière indifférenciée pour les deux entités. Mais il a fallu tout de même deux à trois ans de recherche, en partenariat avec les contacts chinois que Philippe Dardel entretient, pour aboutir aux kits actuellement disponibles. Fiabilité, simplicité, réparabilité, tels sont les qualificatifs du produit. Un moteur inclus dans une roue arrière de même taille, mais plus solide que celle d’origine, une batterie dont les formes et possibilités d’emplacement varient, une console reliée par câble et/ou en bluetooth selon les modèles, et le tour est joué.

Cela semble simple, mais encore fallait-il y penser, et surtout le réaliser. Philippe Dardel compte d’ailleurs faire fabriquer son moteur en France et des études de faisabilité sont en cours, notamment avec l’entreprise Schaeffler-France sise également à Haguenau. Actuellement, Presta-Batterie – Moteur et Vélo, qui emploie sept salariés à temps-plein ainsi que deux intervenants extérieurs, a encore deux postes à pouvoir, l’un pour un technicien cycles et l’autre pour un commercial sédentaire. L’essor que connaît la société l’a fait passer d’un local de 150 m² à 400m², et il y a tout lieu de penser que cela n’est qu’une étape.

Les kits de Moteur et Vélo sont en parfaite adéquation avec des impératifs tels que privilégier le développement durable, réduire le bilan carbone tant de nos achats que de nos activités, développer des mobilités douces, favoriser l’exercice physique. Par ailleurs à quoi cela sert-il d’avoir chez soi deux vélos, l’un classique et l’autre électrique, alors qu’on ne peut que rouler avec un seul à la fois ? De plus, l’électrification d’un vélo classique, permet lorsqu’on décide d’en changer, d’y réinstaller le kit. Tout un concept, or les concepts c’est justement ce qu’aime Philippe Dardel. Visiblement ça lui réussit, mais réussir seul ne fait pas partie de son logiciel, et c’est probablement pour cela que ses salariés n’ont vraiment pas l’air malheureux…

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