Un peu de politique européenne, un peu de politique intérieure

Lors de son discours devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe à Strasbourg, Emmanuel Macron a joyeusement mélangé les genres. Un peu d'Europe, un peu de France et tout le monde était content.

Beaucoup de monde hier au Conseil de l'Europe, à l'occasion de la visite du Président français. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Il est poli, le Président français. Invité à se prononcer devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe à l’occasion des 70 ans de cette institution, il a d’abord souligné les acquis que l’Europe des 47 doit au Conseil. Défense des Droits de l’Homme, engagement pour la démocratie, lutte contre les fraudes et pour la liberté d’expression et, comme l’avait demandé Mikhail Gorbatchev devant cette même assemblée il y a 30 ans, la « construction de la maison Europe commune ». Ensuite, Emmanuel Macron a ouvert un volet européen en se penchant sur la question de la Russie, avant d’aborder, à la surprise générale, un sujet franco-français – le maintien de l’ordre public qui est malmené depuis presque un an lors des innombrables manifestations en France.

Dans la partie politique de son discours, le Président français s’est d’abord penché sur la question russe, en défendant le maintien de la Russie au sein du Conseil de l’Europe. Rappelant que les citoyens et citoyennes russes ont la possibilité de se retourner contre l’Etat russe devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, Emmanuel Macron a estimé qu’une exclusion ou un retrait de la Russie de l’institution, aurait des conséquences néfastes pour le peuple russe qui lui, « a une culture, une histoire et des valeurs qui sont fondamentalement européennes ». Ceci dit, Emmanuel Macron a également souligné la nécessité de se doter d’instruments efficaces permettant de sanctionner les Etats-membres qui ne respecteraient pas les règles européennes.

Ensuite, Emmanuel Macron a évoqué notre époque, une époque de grandes transformations. Pour annoncer que la France, très critiquée ces derniers temps à cause des excès de violences policières, allait élaborer une « nouvelle doctrine pour la sécurité interne et le maintien de l’ordre ». Selon ses dires, une commission serait déjà en train d’élaborer une telle doctrine qui sera, comme l’a annoncé le Président, « communiquée et transparente ». A suivre.

87 députés voulaient poser des questions au Président français, mais seulement 5 étaient autorisés à le faire ; et lors de ces questions-réponses, il a été question de la « honte de l’Europe » qui, depuis le début de l’année, a laissé 928 personnes se noyer en Méditerranée. Dans sa réponse, Emmanuel Macron a admis que l’Europe « n’a pas été solidaire avec la Grèce et l’Italie », demandant la mobilisation budgétaire pour soutenir les pays où arrivent les migrants. En même temps, il a rejeté l’idée de se laisser mettre sous pression par la Turquie qui elle, semble fermer les deux yeux lorsque des bateaux de réfugiés partent de la côte turque vers les îles grecques se trouvant juste en face. « On ne peut pas laisser porter le fardeau aux seuls pays qui sont les premiers à accueillir les réfugiés », a déclaré Emmanuel Macron, sans toutefois expliquer pourquoi la France fait partie des pays qui ferment leurs ports aux bateaux de sauvetage.

Le public strasbourgeois aurait apprécié une déclaration forte concernant le siège des institutions européenne à Strasbourg, mais en même temps, Emmanuel Macron a déjà souligné à plusieurs reprises que le siège du Parlement Européen à Strasbourg ne serait pas négociable.

C’était un discours typiquement Macron. De très belles phrases sur les valeurs européennes, l’annonce de pas mal d’actions, une certaine auto-critique, et – rien de concret. On verra comment se présentera la « nouvelle doctrine pour la sécurité intérieure et le maintien de l’ordre » en France – en vue des 10 derniers mois, on peut craindre le pire. Une chose est toutefois claire : Emmanuel Macron assume désormais pleinement son nouveau statut « d’homme fort de l’Europe ». L’ère Angela Merkel est définitivement révolue, et dans quelques années on saura si ce changement aura vraiment été une bonne chose. En vue de l’état de l’Europe institutionnelle, on aurait tendance à penser que ça ne pourrait pas devenir pire. Pourtant, nous n’avons peut-être pas encore touché le fond….

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