Un peuple de poètes et de penseurs (et de soulards)

Chaque Allemand, bébés et personnes âgées y compris, consomme plus de 100 litres de bière par an... Foto: Benreis / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – « Ein Land der Dichter und der Denker », c’est ainsi que les Allemands aiment bien s’autoqualifier. Bien sûr, il y avait Goethe et Schiller, Rilke et Hölderlin, Hegel, Kant et Schopenhauer, mais ce n’est pas tout. Car s’ils aiment bien la poésie et la philosophie, les Allemands ont un penchant pour l’alcool. 9,5 millions d’Allemands picolent trop et l’étude sociologique sur ce sujet a apporté une vue nouvelle sur le sujet.

C’est à l’est du pays que les gens boivent le plus et, surprise, l’alcool n’est pas seulement la drogue de choix pour les moins fortunés – au contraire. La consommation l’alcool évolue avec le salaire, plus les gens gagnent, plus ils boivent. 70% des personnes disposant de revenus importants consomment au moins une fois par semaine de l’alcool. Pour les salaires moyens, ce chiffre se situe à 58% et pour les revenus modestes, à 49%.

18% des hommes consomment au moins une fois par semaine des « quantités à risque » (selon la définition de l’OMS), mais 21% des femmes. Ceci dit, une « quantité à risque » équivaut à tout ce qu’il dépasse un verre (0,3 cl) de bière ou un petit verre (0,1%) de vin pour les femmes et le double pour les hommes. Et – seulement 3% des Allemands ne boivent pas du tout.

Et les chiffres sont effectivement inquiétants. Tous les ans, 20000 décès en Allemagne doivent être imputés à l’alcool, ce qui fait de l’alcool la drogue la plus dangereuse – le nombre de décès imputables à l’ensemble des autres drogues s’élève à 1.333 en 2016. Tous les ans, l’alcool fait 600% plus de victimes que les accidents de la route.

Chaque Allemand (bébés et personnes âgées y compris), consomme 11 litres d’alcool pur par an. Ce qui correspond à un peu plus de 100 litres de bière PLUS un peu plus de 20 litres de vin PLUS quelques litres de crémants, champagne et alcools forts.

Mais, contrairement à d’autres drogues, contrairement aux comportements dangereux au volant, l’alcool est légal. Et il n’est non seulement légal, mais il fait partie d’une culture assez hypocrite. D’une part, on criminalise le cannabis, une « drogue douce » pour laquelle seuls deux décès ont été enregistrés. Le premier dans le village de Nimbin en Australie où un routier a fait une sortie de route en mourant écrasé par la cargaison de haschisch contenue dans le camion ; l’autre est survenu à Hambourg ou, au port, un container s’était détaché d’une grue en écrasant un ouvrir du port. Ce container étant également rempli de haschisch, l’homme fut donc le deuxième à avoir été tué par le haschisch.

Avec un cinquième de la population qui consomme régulièrement des « quantités à risque » d’alcool, il serait temps de réfléchir à des issus de ce fléau. Peut-être en commençant à ne plus minimiser les risques liés à l’alcool ? Peut-être en évitant d’exposer les enfants à des cérémonies marquées par une forte consommation d’alcool ? En tout cas, on devrait revoir notre propre rapport avec cette drogue alcool qui, au niveau mondial, coûte tous les ans – 3,3 millions de vies.