Un pin qui n’a rien de banal…

Le pin canarien ne craint pas les volcans qui, en l’occurrence, ne font pas feu de tout bois.

Ces pins canariens poussant sur les hauteurs de Garafía, au nord de l’île de La Palma, ne craignent pas les dénivelés et les coups de vent. Foto: Franck Vincentz / Wkimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Avec le cortège des destructions, occasionnées par l’éruption de la Cumbre Vieja sur l’île de La Palma, coexistent des découvertes surprenantes, tel ce pin canarien (Pinus Canariensis) dont plusieurs médias espagnols ont diffusé les images. Particulièrement bien adapté à l’environnement volcanique et aux feux de forêt, en général, cet arbre est non seulement apte à survivre après avoir été en grande partie brûlé, mais aussi à renaître.

Il en est un qui, à Las Manchas, a le tronc en grande partie enfoui sous la cendre, et dont les branches sont par endroits couverts de lave maintenant refroidie. Une énigme pour le vulcanologue Rubén López qui l’a découvert, mais pas vraiment pour d’autres scientifiques. Après le passage d’un feu de forêt ou d’une pluie de lave incandescente, deux phénomènes ne relevant pas vraiment de la même catégorie de sinistres, le Pinus Canariensis peut survivre.

Luis Gil, ingénieur forestier membre de l’Académie Royale d’Ingénierie, le qualifie de rien moins que « resistentes a los volcanos » (résistants aux volcans). Coexistant avec les volcans depuis 13,5 millions d’années, il s’accommode des multiples « désagréments » occasionnés par un environnement aussi hostile et destructeur. Sa hauteur pouvant aller jusqu’à près de 60 mètres pour les plus grands, lui permet de vivre dans une couche de cendre de plusieurs dizaines de mètres. Si sa couronne est détruite, elle parvient à se régénérer. Son parenchyme axial contient de grandes réserves nutritives, et son épaisse écorce gorgée de sève lui sert de bouclier thermique.

Il ne craint pas certains métaux lourds, et lorsque la chaleur du feu de forêt ou de l’éruption volcanique se fait trop intense, ses cônes s’ouvrent pour libérer des graines pouvant être projetées à plusieurs dizaines de kilomètres. Ce qui lui a permis et permet encore, grâce au vent, de coloniser et de repeupler après sinistre les îles canariennes, en enjambant allègrement les eaux océaniques les séparant. Autre particularité, il est l’un des rares conifères apte à rejeter depuis sa souche. Ce qui le rend encore plus apte à la survie.

Dans des conditions normales, ses longues aiguilles mesurant jusqu’à 30 cm, captent l’humidité ambiante. Ce qui permet aux colonies situées en altitude, de récolter l’eau des nuages se déchirant sur les sommet des îles. Eau qui par ruissellement, alimente les aquifères. Sensible au gel, sa tolérance ne dépasse pas les -6°C, et les chenilles processionnaires sont pour lui un cauchemar. Son bois utilisé en charpente et menuiserie, sert aussi à fabriquer des tonneaux. Le cœur de l’arbre appelé « tea », apporte au vin mis en maturation dans des fûts qui en sont composés, des arômes balsamiques de résine, de menthe et d’eucalyptus.

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