Un procès qui perturbe

Le Tribunal de Grande Instance à Hanovre doit juger un trio de jeunes gens – et on découvre que la xénophobie mène droit vers le néonazisme.

Une sorte de "terrorisme amateur" est la conséquence des discours de haine de la part du monde politique. Foto: Kundl / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Dennis L., Sascha D. et Saskia B. tentent actuellement, avec l’aide de leur défense, de démontrer que l’attaque avec un cocktail Molotov sur une maison habitée par des réfugiés (et des locataires allemands) à Salzhemmendorf (Basse-Saxe) n’était ni raciste, ni politique et encore moins xénophobe – mais avec chaque témoin qui passe à la barre, les observateurs découvrent avec stupeur à quel point la violence xénophobe et raciste est devenue «normale» pour une partie de la jeunesse allemande.

C’est Dennis L. qui, un soir du mois d’août 2015, a lancé ce cocktail Molotov par une fenêtre de cette maison qui allait brûler complètement. Si personne n’avait été blessé lors de cette attaque, ceci n’est dû qu’au hasard : Le trio avait visé une chambre d’enfants, facilement identifiable par des étoiles et des dessins collés sur la vitre, après avoir préparé ce cocktail Molotov dans le «garage croix gammé», le garage de Dennis L. qui portait le même nom que son groupe «WhatsApp».

Les témoins à décharge, eux, ne font pas exprès, mais ils enfoncent les trois prévenus avec chaque déposition. Un jeune, admiratif, raconte que Dennis L. s’était déjà fait remarquer à l’âge de 15 ans en criant «Heil Hitler», un autre raconte que Saskia B. avait appris à son bébé de 2 ans «Sieg Heil» comme premiers mots. Le soir de l’attaque, Dennis L., surexcité, avait annoncé qu’il allait «faire cramer un nègre» ce soir-là – et ces «détails», racontés par les témoins à décharge, ne font que prouver la préméditation de ce geste affreux.

Ainsi, le chef d’accusation est «tentative d’homicide» et les accusés risquent jusqu’à 15 ans de prison. Si effectivement, cette peine semble adaptée au geste, on constate également que l’ennui chez des jeunes défavorisés, souvent sans qualification professionnelle ou scolaire, mène à la xénophobie qui elle, se développe de plus en plus souvent, vers une sorte de «terrorisme amateur». A défaut de pouvoir se payer une sortie en boite le vendredi soir, on va «faire cramer un nègre».

Ce sont les détails, relatés avec le plus grand naturel, qui montre que ces jeunes, autant les accusés que leurs amis et connaissance, ne se rendent même pas compte de la gravité de leurs actes – sur fond d’un discours de haine permanent au niveau politique, ces jeunes pensent agir en accord avec l’opinion politique, ils se croient dans une sorte de «croisade» justifiée.

En ce qui concerne le monde politique, il ne suffit plus de condamner de tels actes une fois qu’ils aient eu lieu, il faut d’urgence changer d’attitude. Les discours d’exclusion, les fermetures des frontières, la haine qui s’installe par le biais de ses bras parlementaires qui sont l’AfD en Allemagne, le FN en France, Jobbik en Hongrie et les autres un peu partout, conduisent à une radicalisation d’une partie de la jeunesse. Cette violence meurtrière ne vient pas de nulle part, elle est le résultat d’un comportement irresponsable de la part du monde politique qui tente de tirer un bénéfice de l’arrivée des réfugiés, en se positionnant de manière ultra-nationaliste et xénophobe. Bien sûr, ce sont des formations comme l’AfD qui portent une responsabilité indirecte, mais concrète, dans ces excès de violence, mais aussi des gens comme le ministre-président de la Bavière Horst Seehofer qui, avec son ami Viktor Orban, réfléchit à voix haute comment malmener les réfugiés qui continuent à arriver en Europe.

Si nous ne stoppons pas ces populistes, on devra assister encore à de nombreux procès comme celui de Hanovre.

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