Un quart de million de manifestants contre le TTIP à Berlin

Les traités sur les libres échanges TTIP et CETA ne trouvent pas l'approbation de la population allemande. Un quart de million de manifestants se sont retrouvés à Berlin pour demander l'arrêt des négociations.

Le message des 250 000 manifestants à Berlin était clair et on pouvait le lire sur tous les supports... STOP TTIP ! Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – La politique européenne a du mal à entendre ses peuples. Car une grande partie des européens ne veut pas de ces traités sur les libres échanges qui sont actuellement négociés dans le plus grand secret entre les Etats-Unis et l’Union Européenne (TTIP – Transatlantic Trade and Investment Partnership) et le Canada et l’Union Européenne (CETA – Canada / EU Trade Agreement). 250 000 manifestants ont exprimé leur mécontentement avec ces accords dont on estime qu’ils favorisent unilatéralement les Etats-Unis et le Canada, tout en scellant à tout jamais une orientation européenne sur le capitalisme américain qui lui, se fiche pas mal de considérations comme la protection de l’environnement, les droits des travailleurs ou les questions sociales.

Le premiers surpris du succès de cette manifestation étaient les organisateurs – qui avaient espéré que quelques dizaines de milliers de personnes se déplaceraient à Berlin pour y demander l’arrêt des négociations qui se déroulent dans un format que l’on ne peut que qualifier d’anachronique. A la fin, un quart de million de personnes avaient suivi l’appel et le moment est venu où les négociateurs européens doivent se rendre compte qu’il faut impérativement soumettre la question aux peuples européens, avant de poursuivre ces négociations.

Mais voilà tout le problème de la politique européenne qui s’est laissé embarquer dans un format de négociation des plus opaques, dans un secret absolu (même les élus nationaux n’ont pas accès aux documents relatifs aux négociations, de peur que les contenus pourraient être divulgués aux citoyens et citoyennes européens), ce qui n’est pas de nature à donner confiance en ces négociations. Donc, pour laisser les peuples européens décider si oui ou non, ils veulent que l’Union Européenne signe ce genre de traité transatlantique, il faudrait d’abord informer les européens quant aux contenus. Mais c’est exactement ce que les Etats-Unis ne veulent pas.

Force est de constater qu’en termes de transparence, l’Europe est plus avancée que les Etats-Unis qui ont l’habitude d’exclure leurs citoyens des décisions politiques. Mais l’Europe, c’est pas les Etats-Unis et il faut éviter que l’Europe se mette à fonctionner comme les Etats-Unis. Surtout – il n’y a aucune raison pour conclure ce genre de traité qui, du moins selon le peu d’information disponible, favorise unilatéralement les Etats-Unis, par la mise en œuvre d’organismes d’arbitrage qui pourraient prononcer des amendes salées au cas où une entreprise américaine estime être traitée de manière injuste dans un pays européen, par l’autorisation accordée aux Etats-Unis d’émettre un veto contre de nouvelles lois européennes, par la baisse des standards européens en matière sociale, d’environnement et autres, au niveau américain.

Mais le plus incroyable est que ces négociations se passent derrière des portes fermées. Pourquoi ? Puisque ces traités sont censés être conclus au nom des 500 millions d’européens qui, du moins sur le papier, sont le souverain politique dans la démocratie européenne, le souverain devrait être en droit de savoir de quoi les négociateurs parlent. De toute manière, les représentants de la Commission Européenne devraient savoir que si jamais, ils signent un tel accord avec les Etats-Unis, cet accord sera examiné et probablement invalidé par la Cour Européenne, à l’instar du traité «Safe Harbor», invalidé la semaine dernière par cette cour au Luxembourg qui estimait que la Comission avait outrepassé ses compétences. Donc, on sait déjà aujourd’hui que des recours seront soumis contre le TTIP – à ce moment-là, il serait plus judicieux (et moins onéreux par la suite…) de soumettre dès maintenant ces négociations à la plus grande transparence. Pour éviter aussi à ce que la Commission signe un traité qui, après avoir été invalidé par la Cour Européenne, pourrait encore engendrer des paiements de dommages et intérêts.

La démocratie européenne n’est pas à vendre. On ignore l’influence que les lobbys de l’économie américaine aient pu exercer à Bruxelles pour que les responsables européens acceptent à la fois le format et le contenu de ces négociations, mais il apparaît clairement que ces traités n’apportent rien à l’Europe, mais constituent une main-mise des Etats-Unis sur l’économie et la politique européenne.

Si l’Union Européenne souhaite réellement maintenir son image comme le «fief de la démocratie» mondiale, elle n’aura d’autre choix que de stopper immédiatement les négociations, de publier l’ensemble des documents relatifs à ces négociations et d’organiser un référendum à l’échelle européenne pour obtenir soit un mandat pour continuer ces négociations, soit pour définitivement les avorter. Mais l’Union Européenne ne peut pas continuer à ignorer les protestations de ces citoyens pour donner les clés de la «Maison Europe» aux grands groupes américains dont le seul objectif est de gagner un maximum d’argent sur le vieux continent. Ce n’est pas aux lobbyistes de décider de l’avenir européen, mais aux européens.

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