Un renfort européen pour Eurojournalist(e)

Avec la dessinatrice-illustratrice Valérie Zorn, la rédaction souhaite la bienvenue à une artiste qui ajoutera à notre offre, un regard très européen à travers – ses hiboux !

Les hiboux de Valérie Zorn surveillent attentivement l'actualité européenne... Foto: © Valérie Zorn

(Réd) – Bienvenue à Valérie Zorn qui rejoint notre équipe et qui nous offre une dimension qui nous avait fait terriblement défaut – le dessin ! Née à Strasbourg, Valérie Zorn a grandi dans un contexte européen qu’elle n’a jamais quitté. Présentation.

Pourquoi cet amour pour l’Europe ? Valérie Zorn explique : « C’est une évidence depuis toujours. Je vis en Europe et aussi avec l’Europe. Je suis née en à Strasbourg, à l’Hôpital Civil. Je suis née sur une fracture de l’Europe en cours de cicatrisation. Un endroit fragilisé où la terre et les gens ont trop tremblé. J’ai été élevée par mes grands-parents. La guerre restait imprimée en eux, leurs familles endeuillées, l’horrible humiliation du frère « malgré nous » qui n’est jamais revenu, et dont on ne connait même pas le lieu d’inhumation, si loin dans la terre glacée de la Russie. Mourir à 20 ans, c’est bête, comme la guerre. On m’a élevée dans la réconciliation fraternelle et sincère, dans l’espoir partagé d’une paix durable qui m’éviterait le bruit des bottes.

Dans les années 70, on croisait très souvent sur les routes de campagne, des chars qui partaient en manœuvre près de Mutzig. C’était effrayant de les croiser en vélo. Les Bunkers de la forêt du Rhin m’effrayaient aussi. Ceci explique donc qu’il n’y a jamais eu d’autre voie possible que l’Union de l’Europe. J’habitais le quartier des XV à Strasbourg, on y croisait une Europe enthousiaste à chaque coin de rue. Je suis fière de ça. On peut reprocher des choses à l’Europe, aux institutions, à la complexité de ses mécanismes, mais l’Europe nous permet de vivre en paix et nous n’avons pas le droit de l’oublier. Lorsqu’il a reçu le Prix Nobel de littérature, Camus a dit dans son discours de Stockholm : « Chaque génération se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » Et moi, je ne voudrais pas que ma génération défasse ce que les autres ont mis tant de temps à faire. »

© Valérie Zorn

© Valérie Zorn

Valérie Zorn est dessinatrice-illustratrice. - Pourquoi avoir choisi le dessin comme moyen d’expression ? « C’est une autre évidence. Je n’aime pas trop parler de moi. Je suis discrète, réservée, prudente. Le dessin est donc un mode de communication ‘pratique’ pour moi. Il me permet de montrer ce que je ne dis pas. De m’effacer un peu aussi, de me gommer, au profit de l’idée. Comme mes hiboux, j’aime bien rester en position d’observation, sans débattre. Juste écouter, ouvrir mes yeux ronds et réfléchir. Je n’aime pas les ‘réactions à chaud’, je préfère la réflexion et trouver le temps et le ton de la réponse. J’ai fait jadis des études de droit et je n’ai pas aimé. J’y trouvais souvent un ton péremptoire du sachant qui ne m’allait pas. J’ai besoin de douter en continu et de rire. J’ai toujours dessiné. C’est un moyen d’expression à la portée des grands timides. Il suffit d’un crayon et d’un papier.

Je crois que c’est un canal à privilégier pour diffuser des idées fortes de manière douce. Plutôt que de supprimer des dessins de presse, les journaux gagneraient à faire exactement le contraire. Lorsqu’on assassine des dessinateurs, en réalité ce n’est pas leur force, ou leurs idées, qui dérangent, c’est leurs rires et la douceur du dessin qui sont insupportables. Celui qui arrive à dire des choses fortes sans violence, dérange forcément l’ordre des choses. Il n’y a rien de plus insupportable que le rire des autres. La paix insupporte les belliqueux. J’aime les crayons autant que les idées, depuis toujours. Ils vont ensemble depuis la nuit des temps. Depuis la grotte Chauvet, les dessins japonais, les hiéroglyphes, ou Degas, Seurat, Franquin, Cabu. Je suis toujours bluffée par ces dessins, émue. Mais l’apprentissage est long et compliqué. Il faut beaucoup travailler. Observer l’ombre et la lumière du monde. S’améliorer sans cesse. Chaque dessin est un nouveau défi, on est souvent déçu, la remise en question est continue, parfois angoissante. »

Et pourquoi les hiboux ? « Les hiboux ont un capital sympathie et drôlerie. Ils ont l’air naturellement étonnés. Ils me fascinent. Ils ont une forme d’ambivalence. Ils sont à la fois l’oiseau sage et rusé d’Athéna, mais aussi celui qui a une ouïe et une vue perçante et qui donne la mort de nuit. Leur plumage doux leur permet de voler sans faire de bruit. Ils sont furtifs. Ils représentent très bien le dessin de presse, ils sont doux, drôles, mais ils peuvent piquer avec fulgurance. »

Avec cette attitude, comment ne pas se réjouir que Valérie Zorn et ses hiboux rejoignent Eurojournalist(e) ? Bienvenue à bord !

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