Un silence éloquent…

Le magazine allemand à fort tirage STERN a protesté de façon inhabituelle contre le massacre à Alep – son portail Internet a retransmis pendant toute une journée que des images de la ville meurtrie, sans les commenter. En silence.

"Aujourd'hui, nous nous taisons" - le STERN a protesté d'une manière surprenante contre le massacre d'Alep. Foto: stern.de

(KL) – Vendredi, le site Internet du magazine d’information allemand STERN, avait arboré la couleur noire. En signe de protestation contre le massacre qui a lieu à Alep, dans cette ville meurtrie, en exprimant ainsi sa solidarité et douleur face aux images insupportables qui nous arrivent quotidiennement de cette ville syrienne. Parfois, le silence est plus éloquent que les mots.

Tout le monde sait ce qu’il se passe à Alep. Les bombardements dans cette „guerre de substitution entre l’occident et la Russie continuent, les cessez-le-feu ne sont pas respectés, les conditions de survie deviennent tous les jours un peu plus inhumaines. Alep se meurt sous les bombes occidentales et russes, le bras de fer entre Washington et Moscou coûte tous les jours des vies humaines et toutes les tentatives d’apaiser cette situation par la voie diplomatique ont échouées.

« Nous nous taisons aujourd’hui », pouvait-on lire sur la « une » de ce portail d’actualités très utilisé par les Allemands. Pas de nouveaux contenus, pas de publicité, que des images d’Alep et le titre « Nous nous taisons aujourd’hui » – voilà la façon d’exprimer l’horreur d’Alep. Un court texte expliquait cette action inhabituelle : « Nous journalistes devons parler. Nous devons décrire. Informer. Analyser. Mais plus nous prenons cette mission au sérieux, plus les souffrances des gens à Alep et dans toute la Syrie nous coupe la voix », expliquait le rédacteur en chef du magazine Philippe Jessen.

Dans son édito, Philippe Jessen poursuivait : « Nous échouons tous les jours en essayant de mettre des mots sur les souffrances quotidiennes en Syrie, car ces souffrances sont indicibles. Pourtant, nous l’essayons chaque jour à nouveau. Car c’est notre travail. Mais aujourd’hui, nous laissons nos réflexes journalistiques de côté. Nous refusons d’informer en faisant du bruit, en étant parmi les plus rapides, en publiant plus. Aujourd’hui, nous nous taisons. »

L’action aura coûté de dizaines de milliers d’euros de manque de gagner publicitaire. Et cette action aura certainement drainée plus d’attention sur ce qui se passe à Alep que le nième reportage choquant montrant la mort quotidienne à Alep. Parfois, il vaut effectivement mieux se taire.

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