Un sur quatre

En Allemagne, un train seulement sur quatre est ponctuel. La Deutsche Bahn manque gravement à ses propres objectifs. Pourtant, les tarifs ne cessent de grimper pour un service qui se dégrade de plus en plus.

"Verspätung", retard - un affichage auquel les Allemands sont habitués... Foto: Sebasztien Terfloth / Wikimedia Commons / CC-SA 2.5

(KL) – Les chiffres, on peut toujours les regarder de deux côtés. En début de la semaine, la Deutsche Bahn avait indiqué que 74,9% de ses trains de grandes lignes (ICE, IC et Eurocity) sont arrivés en 2018 ponctuellement à destination. Les voyageurs, eux, regardent ce chiffre plutôt de l’autre côté – en 2018, 25,1% des trains, donc plus d’un quart de tous les trains, avaient du retard. C’est embêtant, car plus le service de la Deutsche Bahn se dégrade, plus les tarifs augmentent. Une invitation d’opter plutôt pour les Flixbus & Cie. ?

L’objectif déclaré en début 2018 était une ponctualité de 82%, ce qui n’est déjà pas énorme. Les raisons données pour expliquer pourquoi la DB a loupé cet objectif, résonnent bizarrement. La DB a fait valoir de « nombreuses défaillances du réseau ferré et du matériel roulant », la congestion du réseau ferré ainsi qu’une pénurie au niveau du personnel. Mais toutes ces « justifications »  relèvent de la responsabilité de la DB : et là, on est en droit de se poser des questions. Le maintien du réseau ferré et du matériel incombe à qui, sinon à la Deutsche Bahn ? La congestion du réseau aussi – ce sont les spécialistes en logistique et en informatique de la DB qui doivent maîtriser ce point. Et si la DB manque de personnel, que fait donc le DRH de la DB ?

Un tel taux d’échec serait intolérable dans d’autres secteurs de l’économie. C’est comme si un constructeur automobile vendait des voitures et si une voiture sur quatre ne roulait pas. Inimaginable. Ou si un producteur de lait vendait des bouteilles en acceptant qu’une bouteille sur quatre ne serait plus bonne à la consommation. Mais grâce au manque d’alternatives sur le rail, la Deutsche Bahn peut se le permettre.

Un train sur quatre qui affiche du retard : prendre le train en Allemagne devient une véritable aventure, surtout s’il faut changer de train sur son trajet. Les chances de louper ses correspondances sont de 1:4, et il convient donc de planifier déjà des alternatives avant même de commencer son voyage.

Avec de tels chiffres, il est peu surprenant que les Allemands utilisent de plus en plus les Flixbus & Cie. – qui ne sont pas toujours ponctuels non plus, mais qui affichent des tarifs largement inférieurs à ceux pratiqués par la Deutsche Bahn.

La Deutsche Bahn, elle, a intérêt à bien analyser pourquoi son infrastructure n’est visiblement pas à la hauteur des exigences, pourquoi la politique d’embauche ne génère pas les résultats escomptés et pourquoi elle n’arrive pas à proposer des tarifs moins chers et plus transparents. Ils ont du pain sur la planche à la DB – en attendant, elle perd de plus en plus de voyageurs. Compréhensible.

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