Un tram nommé désir… enfin pas pour tous

Le projet du tram Wolfisheim/Vendenheim est clivant... Foto: Nicoleon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(William Krantzer) – Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, le projet de tram Wolfisheim/Vendenheim est un de ces marronniers dont raffole une certaine droite locale qui voit avec son audience dans les médias, une façon de faire valoir publiquement sa contestation de la politique de développement durable élaborée par l’actuelle majorité de l’EMS (Eurométropole Strasbourg). Une contestation qui ne date pas d’hier, si on veut bien se rappeler que tel était déjà le cas sous la gouvernance de Roland Ries, maire socialiste de Strasbourg, lors de l’annonce, en 2013, de ce même projet de tram.

Faut-il le rappeler, depuis 1989 et l’arrivée de Catherine Trautmann à la mairie de Strasbourg, cette droite locale s’est toujours fait un devoir de contester les projets phares qui ont permis l’installation durable de la gauche à Strasbourg (et ailleurs dans des villes de sa première couronne). Cela était vrai avec l’avènement du tram en complément du réseau de bus, mais aussi en regard de la politique ambitieuse de logements sociaux. Cela est vrai aujourd’hui concernant la densification de la ville, et plus encore, pour tout ce qui a trait aux mobilités/transports tels qu’ils s’énoncent au nom de la ville durable et solidaire. Une conception de la ville dont chacun sait qu’elle est la seule réponse possible face aux dégâts du réchauffement climatique et des outrances du néolibéralisme à l’œuvre.

Pourtant, sachant cela, il reste toujours des élus qui, tout en proclamant leur adhésion au développement durable, n’hésitent pas à tordre ses applications dès lors qu’il s’agit d’articuler leur sens du bien commun avec celui de leurs administrés. Dans le cas de ce projet de tram, ce constat est particulièrement vrai avec deux de ses opposants. Ainsi, Pierre Perrin, maire UDI de Souffelweyersheim, une localité de 2ème couronne, tient fermement aux avantages de « son esprit village ». Ainsi, Jean-Louis Hoerlé, maire LR de Bischheim, la ville la plus pauvre d’Alsace, élu en 2017 dans un mouchoir de poche, et qui, avec la polémique sur le tram, tient un sujet capable de le (re)mettre en selle pour les prochaines cantonales.

Des précisions utiles à retenir, lorsqu’on tente de situer les enjeux de ce tram autrement qu’en s’appuyant sur les nombreux articles publiés à ce jour. Des parutions où le plus souvent, les questions contextuelles jouent les ombres chinoises derrière le paravent des micros-trottoirs et autres interviews tous azimuts. Des partis pris qui certes peuvent avoir leur justification, à la condition majeure de s’adosser à un contexte clairement défini. Un contexte qui jusqu’ici, a rarement été évoqué dans son entier.

Les mobilités/transports questionnés à l’aune de la ville durable et solidaire. – Sachant que la ville solidaire et durable ne peut se concevoir sans une refonte des usages de la ville d’antan, on ne peut plus ignorer les dégâts liés à une expansion indéfinie du bâti qui oblige à la multiplication de voies de circulation. De même, on ne saurait admettre la poursuite de modes de transports polluants et inadaptés aux besoins ainsi redéfinis.

Alors oui, au nom de cette double exigence, un projet comme celui du tram Wolfisheim/Vendenheim, amène à une refonte des plans de circulation et des modes de transports, avec comme corollaire, la transformation des quartiers qu’il traverse. Ce faisant, en s’inscrivant dans la ville dense avec son nouveau maillage de transports en commun et de déplacements doux, la voiture se voit dans l’obligation de se conformer aux nouvelles règles nécessitées par les usages de la ville ainsi redéfinie.

Pourtant, même avant que de paraître, ces règles apparaissent insupportables à un certain nombre d’habitants, résidant principalement en 2ème et 3ème couronne de Strasbourg. Des résidents, pour qui l’autosolisme est et doit demeurer l’essentiel de leurs déplacements, notamment dans ces foyers ayant deux, voire trois voitures à leur disposition.

Le tram Wolfisheim/Vendenheim, un projet politiquement clivant. – Avec le tram Wolfisheim/Vendenheim, c’est bien à un projet politiquement clivant auquel on assiste, avec en point de mire, la juste place de la voiture dans la ville durable et solidaire.

Dès lors, ce n’est plus la même chose que défendre un tram traversant des quartiers denses et populaires sur un axe structurant (qui se prolongera à terme jusqu’à Vendenheim), que de militer pour la mise en œuvre de bus de type BHNS (bus à haut niveau de service) avec une emprise au sol identique à celle du tram, une capacité d’embarquement moindre et une vitesse de circulation toujours dépendante du trafic.

C’est pourquoi, alors qu’une concertation publique aura lieu prochainement, il paraît difficile, d’opposer aux arguments du développement solidaire et durable, des solutions qui ne répondent pas aux besoins, surtout quand ces solutions s’appuient sur les démonstrations d’une association (Col’Schick) aux positionnements changeants, avec à chaque fois des arguments qui n’engagent qu’eux-mêmes.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste