Un tribunal stoppe la grève des pilotes de la Lufthansa

Le Tribunal du Travail du Land de Hesse a mis un terme à la grève des pilotes de la Lufthansa qui, depuis le début de la semaine, avait affecté environ 200.000 voyageurs.

Depuis hier, les avions de la Lufthansa volent à nouveau. Un tribunal a ordonné la fin de la grève. Foto: Lasse Fuss / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Il y a des grèves qui sont plus difficiles à comprendre que d’autres. Lorsque les éducatrices dans les crèches demandent une revalorisation de leurs salaires, lorsque les conducteurs de trains se battent pour de meilleures conditions de travail, lorsque les infirmières descendent dans la rue pour ne plus devoir travailler 70 heures par semaines pour un faible salaire, on comprend. On arrive faclement à être solidaire. Comme lors de la série récente de grèves des chemins de fer allemands. En ce qui concerne les 5400 pilotes de la Lufthansa, les choses sont déjà plus difficiles. Considérant qu’un pilote expérimenté gagne jusqu’à 225.000 € brut par an chez la Lufthansa, on a du mal à être solidaire lorsqu’il s’agit d’être solidaire avec cette «lutte sociale». Et pourtant.

Les pilotes syndiqués s’opposent aux plans de la Lufthansa de transférer leurs emplois vers la filiale «low cost» Easywings. Car Easywings n’est ni concernée par la conventions collective en vigueur entre le syndicat des pilotes VC et la Lufthansa et opère depuis d’autres pays, donc la législation du travail allemande ne s’applique pas non plus aux pilotes lorsqu’ils sont transférés vers Easywings. Donc, dans le fond, les pilotes n’ont pas tort, en considérant qu’à l’étranger, la rémunération des pilotes est souvent inférieure de 50% à ce qu’ils gagnent chez la Lufthansa. Une mesure qui déplait fortement à Markus Wahl, le porte-parole du syndicat VC, surtout dans une année où la Lufthansa a réalisé un bénéfice de 1,75 milliards d’euros.

Toujours est-il que le Tribunal du Travail du Land de Hesse a, en référé, interdit la poursuite de cette grève. Car, selon le tribunal, cette grève avait été déclenchée pour que le syndicat puisse participer dans les décisions de la Lufthansa concernant le développement de cette filiale Eurowings, ce qui n’est pas couvert par la législation allemande qui prévoit qu‘une grève ne peut avoir comme objet uniquement les éléments contenus dans la convention collective. Le développement d’une filiale ne figurant pas dans cette convention collective, la grève était donc illégale et par conséquent, le tribunal a ordonné l’arrêt immédiat de ce mouvement social.

Si d’une part, même avec un salaire dépassant les 100.000 euros annuels, on ne craint pas trop pour la stabilité matérielle des pilotes, force est de constater que la Lufthansa, malgré sa santé économique, a trouvé une astuce pour contourner la convention collective avec le syndicat des pilotes. Ceci n’est pas très élégant, même si c’est légalement correct. Force est de constater que les syndicats souffrent en Allemagne sous la «Grande Coalition» comme rarement dans le passé – les représentants des salariés perdent de plus en plus de leur influence. Même si dans le cas précis, les revendications des pilotes puissent paraitre un peu étranges. Mais elle ne sont pas étranges, les pilotes se défendent contre une coupure de 50% de leur salaire. Question : accepteriez-vous d’aller travailler demain pour la moitié de votre salaire actuel ?

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