Une année de guerre

Il y a un an, le 24 février 2022, la Russie a envahi son pays voisin, l'Ukraine. Depuis, le monde devient fou et nous sommes en train de nous abrutir moralement. Et la suite ?

Le message est clair.... Foto: Asar Studios from Chicago, USA / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – En une seule année, l’invasion russe en Ukraine a changé le monde. Les équilibres que nous avions considérés comme évidents pendant des décennies, n’existent plus. Notre façon de penser et de parler a changé. Et on ne cherche ou discute plus vraiment des sorties de la IIIe Guerre Mondiale. Notre époque est maintenant marquée par des « sagas héroïques », et les « valeurs » n’ont plus cours. Dès lors qu’on parle aujourd’hui de « paix », on est qualifié « d’ami de Poutine » ou pire. Des centaines de milliers de morts et des dégâts d’une hauteur de 1,6 billions d’euros ne semblent pas être une raison suffisante pour mettre tout en œuvre pour chercher la paix. Au lieu de cela, à l’Est comme à l’Ouest, tout le monde travaille sur la prolongation de cette guerre qui elle, risque de durer encore très, très longtemps.

L’humanité et la vérité étaient les premiers concepts que nous avons perdus depuis le 24 Février 2022, comme c’est le cas dans toutes les guerres. Tous les jours, nous lisons et voyons la propagande de guerre des deux côtés et l’évolution montre que les « jubilations » sur des prétendues succès militaires sont des mensonges qui visent à manipuler le monde pour que celui-ci mette à disposition les moyens militaires et financiers permettant de poursuivre cette guerre avec toute sa cruauté.

Tout le monde est aujourd’hui partie prenante dans cette guerre, du moins, ceux qui participent activement à cette guerre en fournissant argent, matériel et personnel. Mais ceci n’est pas seulement valable pour l’Ukraine, mais aussi pour la Russie. Nous avons tendance à oublier que plus de la moitié du monde se tient aux côtés de la Russie, dont des pays aussi puissants que les état BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui représentent un bon tiers de la population mondiale.

Les guerres se basent toujours, l’Histoire le montre, sur des mensonges. L’Occident a frappé la Russie de sanctions qu’il contourne allègrement pour pouvoir continuer à commercer avec la Russie de Poutine. Le fait que nous finançons cette guerre autant pour la Russie que pour l’Ukraine, ne semble pas déranger beaucoup de monde.

Cette première année de guerre nous a aussi changé. Aujourd’hui, nous nous réjouissons lorsque un missile tue 500 jeunes Russes d’un coup. Et en Russie, les gens se réjouissent lorsque la population d’un village ukrainien est massacrée. Nous ne sommes plus les mêmes – comment est-ce possible que nous nous réjouissons lorsque des jeunes, qui n’ont pas choisi de se trouver dans cette guerre et qui avaient encore toute leur vie devant eux, sont tués ?

Pour le dire clairement, ceux à l’Est qui disent que la Russie réalisera ses objectifs (qui n’ont jamais été clairement définis) cette année, mentent. Tout comme ceux à l’Ouest qui annoncent que les soldats russes seront chassés du Donbass et de la Crimée avant la fin de l’année. On sait que ce ne sont que des slogans de propagande, on voit que cette guerre durera encore très longtemps et qu’elle connaîtra d’autres escalades. Cette guerre n’occasionnera pas seulement des dégâts inimaginables en Europe Centrale, mais elle affectera le monde entier.

La paix sociale à l’Occident est fortement perturbée, des famines frappent l’Afrique, l’économie mondiale ne pourra plus gérer les conséquences de cette guerre, mais de plus en plus de gens croient que la destruction du monde et la IIIe Guerre Mondiale seraient « sans alternative ». Mais, comme lors des guerres mondiales précédentes, il y a cette fois aussi, des groupes d’intérêts qui profitent énormément de cette guerre et qui n’ont aucun intérêt à ce qu’elle se termine.

L’Europe se présente dans ce drame comme dans toutes les crises mondiales – en se disputant et en restant inefficace. Pourtant, cette guerre touche l’Europe comme aucune guerre pendant les dernières décennies. Mais l’UE n’arrive même pas à développer une position commune face à cette guerre et en dehors des slogans un peu simplistes, Bruxelles ne fournit aucune contribution raisonnable.

Plusieurs plans de paix ont été présentés, mais aucun des belligérants ne veut les évaluer ou en discuter. Tacitement, l’Occcident s’est mis d’accord de vénérer inconditionnellement le « héros » Volodomyr Zelensky, comme le monde de l’Est se tient aux côtés de son « héros » Poutine. Le besoin de vénérer des « héros » s’explique peut-être par le fait que nous sommes habitués d’être dirigés par des gestionnaires corrompus et dépourvus de toute vision politique – dans ce contexte, un « héros » pas rasé en T-Shirt olive, est bien plus sexy. Mais ce côté sexy a son prix : des centaines de milliers de vies humaines, des millions de personnes ayant perdu leur mode de vie. Même si les combats pouvaient cesser aujourd’hui, il faudra des décennies pour surmonter les traumatismes déjà occasionnés.

Aujourd’hui, il convient de penser à toutes les victimes de cette guerre. Personne ne gagnera cette guerre. Mais nous allons tous la perdre.

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