Une belle histoire…

Nous avons l’habitude de couvrir des sujets qui énervent, qui attristent, qui scandalisent, qui ne font pas toujours plaisir. Mais là, c’est une véritable histoire de Noël !

Une belle histoire de Noël. Une histoire vraie, vécue et qui donne de l'espoir. Foto: Grongar / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – C’est la période de Noël, la « fête du partage » comme l’affiche tous les ans la ville de Strasbourg. J’avais toujours pris cette expression « Fête du Partage » pour un simple slogan publicitaire. Jusqu’à hier soir.

Il était tard, hier soir. Une soirée de travail dans le format « unsocial hours », comme disent les Américains. Mais à 21h30, j’ai quitté le bureau pour acheter encore du pain dans le petit supermarché qui se trouve pas loin de mon bureau et qui est ouvert jusqu’à 22h.

Juste avant d’arriver au supermarché, un jeune homme portant deux grands sacs en plastique m’approche. ‘Excusez-moi, Monsieur…’. – ‘Oui ?’ (‘Mais c’est qu’il est bien habillé… propre… c’est quoi ce bins ?…’). ‘Excusez-moi Monsieur… regardez…’ – (‘C’est quoi ce plan ? Il me veut quoi ?’) – ‘Ecoutez, jeune homme, je n’ai pas vraiment le temps…’ (‘Rien du tout, mon petit gars, pas un kopeck… ‘). Le jeune homme se tient maintenant devant moi et me montre ses deux sacs. Dans ma tête, toutes les variantes de « non » défilent et je vérifie rapidement où se trouve mon portefeuille. Par les temps qui courent…

Dans son sac, le jeune homme a – du pain. Beaucoup de pain. ‘Voilà, Monsieur, je travaille dans un supermarché…’ – (‘C’est ça, mon grand, et t’as volé ce pain où ? Tu ne vas pas croire que je t’achète du pain comme ça ? Incroyable, quand même…’) – ‘… et ce pain, on m’a dit de le jeter, car la date de péremption est dépassée, mais tous les pains, je les ai vérifiés et ils sont tous bons…’ – (‘Et tu crois vraiment que je vais te l’acheter, ton pain pourri ?…’) – ‘Et vous voyez, Monsieur, je trouve terrible de jeter des aliments qui sont en parfaite condition, il y a tellement de gens qui ont faim, donc, si vous en voulez un…’ – (‘Non, mais…’) – ‘Ecoute, c’est sympa, mais je n’achète pas mon pain dans la rue d’un inconnu…’.

‘Non, non, Monsieur, je ne le vends pas, je veux seulement distribuer ce pain pour qu’il ne soit pas jeté !’. Du coup, face à ce jeune homme souriant, je me sens bête. Pisseux. Petit. Ce jeune homme se balade, pendant son temps de libre, dans les rues nocturnes de la ville et distribue du pain, à qui en veut, sans demander quoi que ce soit, pour que des aliments ne soient pas bêtement gaspillés. ‘Vous distribuez ce pain ? Comme ça ?’ Et je me sens encore plus bête en me rendant compte que je l’avais tutoyé avant. C’est ça, mon respect pour autrui ?

‘Servez-vous, Monsieur‘, me dit le jeune homme, souriant, en me tendant son sac en plastique. J’en prends un. ‘Euh, merci beaucoup, c’est que je voulais juste en acheter…’ – ‘Désolé pour la concurrence, mais ce serait tellement dommage de le jeter, regardez, il est bon, ce pain ! Bonne soirée à vous !’

Je suis là, bouche bée, avec mon pain dans la main et je me sens vraiment bête. Ce jeune homme a tout compris et moi, rien. Au loin, je regarde le jeune homme proposer son pain à plusieurs punks qui passent avec leurs chiens. Il a l’air heureux lorsqu’ils prennent ce pain.

Et je prends une résolution – écouter les gens, chasser mes préjugés et respecter les gens davantage. En se fermant, en ayant peur qu’autrui puisse vouloir quelque chose, on passe à côté de l’essentiel. Et si jamais, à tout hasard, ce jeune homme devait lire ces quelques lignes, qu’il se manifeste. J’ai envie de l’inviter à un repas. Pour qu’il me raconte l’histoire de Noël.

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