Une cause nationale sans effet ? (1/3)
En 2025, la Grande Cause Nationale choisie par le gouvernement, est la santé mentale. 6 mois plus tard, qu'en est-il ? Cette Grande Cause a-t-elle eu l'effet escompté ?

(Paul Ravenel) – « Parlons santé mentale ! », voici le slogan lancé par le gouvernement pour cette année. Après l’activité physique et sportive en 2024, c’est la santé mentale qui est au cœur des ambitions du gouvernement pour 2025. Selon l’Ifop, 13 millions de Français souffrent de troubles psychiques. Des maux sur lesquels il n’est pas facile de mettre des mots : 70% des Français trouvent le sujet tabou, selon l’institut Odoxa. Le 22 septembre dernier, l’ancien Premier ministre Michel Barnier lance la Grande Cause Nationale 2025. Les directives : informer, prévenir, déstigmatiser. Une initiative bienvenue pour les professionnels de la santé, qui tiraient déjà la sonnette d’alarme depuis quelques années, notamment suite à la Covid-19 et aux confinements qui y sont associés. Mais pour répondre aux attentes, il faut des moyens.
Le gouvernement ambitionnait de recruter des soignants, mais surtout de les former à la psychiatrie. D’autres personnels étaient attendus, notamment dans les hautes instances, où des référents santé mentale ont été nommés dans chaque ministère. Cette dernière promesse est la seule à avoir été tenue à ce jour. Mais le gouvernement a voulu relancer l’engouement pour sa Grande Cause Nationale.
Un nouveau plan pour relancer la cause – Mercredi dernier, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a présenté des mesures concernant la santé mentale. Le plan ambitionne de « mieux repérer, mieux soigner, mieux accompagner » pour « ne plus laisser la souffrance psychique sans réponse ». La recherche et la formation du personnel sont toujours des objectifs clairs, surtout au contact des plus jeunes : tous les professionnels de santé scolaire seront formés au repérage des troubles psychiques d’ici la fin de l’année. Une catégorie d’âge de plus en plus en détresse et de plus en plus tôt. D’après une étude Enabee de 2023, 13% des 6-11 ans présentent au moins un trouble de la santé mentale, notamment les jeunes filles.
Mais si une difficulté est détectée ? Que faire ? Le ministère de la Santé prévoit de doubler le nombre de psychologues conventionnés et de mieux former et outiller les médecins généralistes pour prendre en charge des patients. Le but : offrir la meilleure prise en charge possible, de qualité, rapide et à proximité. Dernier objectif : reconstruire le système psychiatrique, actuellement en crise. Encore et toujours, ça passe par la formation. Plus de 600 internes en psychiatrie sont prévus par an d’ici 2027 ainsi que des formations en psychiatrie pour les étudiants en médecine. Pour le gouvernement, le but est donc de former le plus de personnes possibles à la santé mentale et aux troubles psychiques. Car pour toutes les personnes en difficulté mentale, pour aller mieux, parler est la solution recommandée. Mais parler à une oreille attentive et formée est encore mieux.
Reste à savoir combien de temps sera nécessaire pour mettre en lumière la santé mentale. Sa nomination en tant que Grande Cause Nationale va sûrement accélérer le processus, mais la crainte reste que l’élan ne s’essouffle dès la fin de l’initiative.
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