Une comédie grinçante mais qui fait du bien

«Des nouvelles de la planète Mars» de Dominik Moll est une comédie qui peut vous faire oublier les maux du monde le temps d’une soirée au cinéma.

Notre expert cinéma Nicolas Colle a rencontré le réalisateur de cette belle comédie, Dominik Moll. Foto: Diaphana Distribution

(Par Nicolas Colle) – Si Dominik Moll, réalisateur français renommé pour son brillant «Harry, un ami qui vous veut du bien» se fait plutôt rare, c’est afin de mieux nous surprendre. Il nous livre ici quelques confidences à propos de sa dernière comédie complètement déjantée, actuellement en salles.

On peut dire que c’est un film transgenre que vous nous donnez à voir ici ? Du fantastique, de l’humour, de la gravité, un peu de tendresse et même de philosophie ?

Dominik Moll : Disons qu’à l’origine, je n’avais pas l’intention de marier les genres mais surtout d’aborder des thématiques qui soient sérieuses, philosophiques et existentielles afin de poser des questions comme : «Qu’est-ce qu’on fait de notre vie ? Que peut on encore transmettre comme idéal à nos enfants dans une époque d’inquiétude et de peur comme la nôtre ? Comment être un modèle pour eux ? Comment être à leur écoute ? Comment leur donner confiance en la vie ? Comment défendre encore un idéal comme l’Europe qui en était un à une époque mais qui aujourd’hui inquiète plus qu’autre chose ?». Mais je tenais à ce que ces questions assez graves soient traitées de façon ludique à travers de la comédie. C’est de là que provient cet aspect transgenre, en alliant des thèmes sérieux à de la légèreté dans la forme et dans les situations. L’aspect fantastique est surtout dû à ma volonté de fabriquer des mondes qui se détachent un peu de la réalité. Ceci dit, je pense qu’il s’agit tout de même de mon film le plus ancré dans son époque. Ainsi, le fantastique devait être cohérent, en résonance et en accord avec les thèmes abordés. Il ne fallait pas juste faire de l’étrange pour le plaisir de faire de l’étrange.

Le personnage de Jérôme, incarné avec brio par Vincent Macaigne, se rapproche-t-il, selon vous, du personnage de «Harry, un ami qui vous veut du bien» ?

DM : Je pense que Jérôme est différent de Harry, qui s’avérait être un faux sympa beaucoup plus dangereux qu’il n’y paraissait. Ici, c’est l’inverse. Il est perçu comme un fou mais cette folie est innocente et inoffensive. Elle est surtout liée à son idéal pour l’amour. Il se raconte des histoires mais c’est en y croyant qu’il parvient à ses fins. Alors que le personnage de Philippe, incarné par François Damiens, même s’il a une philosophie de vie, n’arrive plus à se projeter dans l’avenir. Il n’aime que des choses du siècle dernier comme les Marx Brothers ou l’Europe. C’est ce que lui reproche notamment sa fille. Donc tous les personnages semblent avoir un idéal : le fils pour la protection des animaux, la fille pour les études afin de réussir sa vie au mieux, Jérôme en l’amour mais Philippe, lui, semble avoir perdu tout ça. D’où cette scène un peu fantasque où on comprend que son rêve, c’est de flotter en apesanteur dans l’espace et d’être déconnecté de toute vie ici bas. Mais grâce à la folie que Jérôme va amener dans sa vie, il va peu à peu reprendre pied et redevenir attentif aux autres et à ses enfants.

Vous montrez que cette perte d’idéal n’est pas forcément liée à notre époque mais qu’elle est universelle car les générations qui nous ont précédés avaient également des angoisses, différentes des nôtres certes, mais qui les amenaient également à se poser des questions sur un idéal à défendre ?

DM : Effectivement. D’ailleurs, récemment je suis tombé sur un article qui parlait de l’optimisme et du pessimisme en politique. Il faut savoir que lorsque Roosevelt a été élu Président des Etats Unis d’Amérique, la situation paraissait catastrophique. L’économie mondiale était par terre, les régimes totalitaires apparaissaient partout en Europe mais lui a dit : «la seule chose dont il faut avoir peur, c’est de la peur elle-même». C’est quelque chose de paralysant et beaucoup de politiciens jouent là dessus dans leur discours. Donc, par son optimisme, Roosevelt a sorti les Etats-Unis du marasme dans lequel ils se trouvaient. Et le film devait être optimiste tout en conservant un peu de gravité car elle est bien présente dans la vie de tous les jours. Après tout, Churchill disait que les optimistes étaient des gens mal informés. (Rires). Mais ce qui est sûr, c’est que pour changer les choses et les rendre meilleures, il faut croire en un idéal.

En tout cas, voilà un film qui traite idéalement son sujet…

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Dominik Moll Diaphana Distribution Affiche

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