Une crise peut en cacher une autre…

D'ici le mois de Mars, la pandémie avec ses conséquences aura coûté 391 milliards (!) d'euros à l'économie allemande. L'implosion de l'économie nous occupera pendant de longues années.

Lorsque les gens n'ont plus rien à manger, comme lors de la "République de Weimar", ils ouvrent les bras aux extrémistes... Foto: Hanover Press Photographer / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Il n’y a pas si longtemps que ça que le ministre de l’économie Peter Altmeier annonçait que d’ici la fin 2021, la crise sanitaire et économique serait plus ou moins derrière nous. Dans le calcul qu’il avait présenté, il pronostiquait pour 2020, une baisse du PIB de 5,8%, mais pour 2021, il prévoyait une croissance de 4,4%. Calcul simple – fin 2021, l’Allemagne aurait été à nouveau sur les rails. Seulement, cette pandémie n’est pas prévisible et en attendant une amélioration de la situation, le coût de la pandémie explose. Pour « l’Institut des Recherches Economiques – DIW », on s’approche d’une catastrophe qui marquera nos vies pendant des années.

« Il faut que le confinement se termine au plus tard au mois de Mars », dit le DIW, « autrement, les conséquences seront désastreuses. » Si on comprend les soucis du monde économique, il serait utopiste de penser que cette pandémie soit vaincue au mois de Mars. Actuellement, nous gérons tant bien que mal la « deuxième vague », tout en étant conscient que la période de Noël occasionnera une « troisième vague » – donc, au mois de Mars, ce cauchemar sera tout sauf terminé.

Les chiffres sont vertigineux et il faut se rappeler qu’ils ne concernent que l’Allemagne. Depuis le début de la pandémie, elle aura déjà coûté 212 milliards d’euros à l’économie allemande. Pour faire ce calcul, le DIW a comparé la « croissance potentielle » (donc, la croissance que le pays aurait enregistré sans la pandémie) avec la « croissance réelle » qui, en 2020, n’est pas une croissance, mais une forte baisse du PIB. En vue de l’évolution de la pandémie qui, dans sa « deuxième vague » frappe particulièrement l’Allemagne, les espoirs que la situation soit maîtrisée en Mars 2021, s’évaporent.

Pour l’instant, malgré le sentiment ambiant, nous n’avons pas encore expérimenté les conséquences de cette crise qui pour l’instant, restent assez théoriques. 212 milliards d’euros, c’est un chiffre qui ne nous dit rien, concrètement. Personne ne peut s’imaginer une telle somme. Et tant que des millions de salariés perçoivent le chômage partiel, la plupart des gens s’en sortent assez bien. Mais cela risque de changer à partir du moment où les états ne seront plus en mesure d’assurer le maintien de l’emploi en injectant des sommes pharaoniques dans ce système du chômage partiel. Lorsque le chômage partiel devra être réduit ou carrément supprimé, les « vrais problèmes économiques » commenceront.

Aujourd’hui, tout le monde s’agrippe à l’espoir que les vaccins puissent nous permettre rapidement de contrôler la pandémie. Mais ce n’est pas correct – selon les pays, il faudra attendre jusqu’à la fin 2021 ou même 2022 avant qu’un pourcentage signifiant de la population soit vacciné. Pendant toute cette période, le virus SARS-CoV-2 avec toutes ses mutations, continuera à sévir. Faire des plans jusqu’au mois de Mars ne sert donc pas à grande chose.

Considérant que pendant la crise, une minuscule frange de l’économie a gagné des sommes faramineuses, comme par exemple les grands distributeurs en ligne, il faut désormais songer à repartir les charges de cette pandémie sur les épaules de ceux qui ne vont pas seulement bien, mais qui gagnent actuellement des fortunes grâce à cette pandémie. Et puisque bon nombre de ces géants de l’économie numérique ne paient pas d’impôts, il convient de repenser la façon dont on traite ces groupes. Nous nous trouvons dans une situation exceptionnelle qui elle, réclame des mesures aussi exceptionnelles. Est-ce qu’on sacrifiera une paix sociale déjà fragilisée sur l’autel d’un capitalisme sauvage et globalisé où est-ce qu’on essaiera de tout mettre en œuvre pour empêcher des catastrophes sociales qui viendront se greffer sur la catastrophe sanitaire ?

Une chose est certaine – nous ne pourrons pas continuer comme si rien n’était. Le « monde d’avant » est fini et il ne reviendra plus. Il convient donc de repenser toute l’organisation sociétale et économique qui elles, doivent mettre en priorité, la survie du plus grand nombre. De toute manière, si l’économie ne se décide pas d’agir dans l’intérêt des populations, celles-ci finiront pas prendre avec violence, ce dont elles ont besoin pour survivre. Donc, le partage devra avoir lieu de toute manière, soit dans un consensus sociétal, soit par la violence.

Et force est de constater que ceux qui pensaient encore hier pouvoir surmonter cette multi-crise en un laps de temps relativement court, se sont trompés. Il est illusoire de penser que le monde entier souffre de cette pandémie, à l’exception d’une poignée de super-riches qui s’engraisse sur le malheur des autres. Un moment donné, la solution sera très simple – il faudra prendre l’argent là où il se trouve, il faudra couper court au système boursier qui exsangue l’économie réelle et il faudra, qu’on le veuille ou pas, investir dans la survie des populations. La vie post-Covid ne sera plus comme avant. La situation nous obligera de repenser des concepts fondamentaux de nos sociétés qui elles, doivent être solidaires. L’ère du capitalisme sauvage touche à sa fin et soit, il se réforme depuis l’intérieur, soit il vivra la même chose que le socialisme d’état des pays de l’ancien Bloc de l’Est. En disparaissant.

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