Une crise peut en cacher une autre…

Pendant que les intellectuels français estiment que rien ne changera après la crise du coronavirus, d'autres pays se mettent tout simplement à agir. Question d'attitude.

Tant que des gens doivent dormir dans la rue dans la 7e puissance économique mondiale, l'orientation politique n'est pas bonne. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – De nombreux grands penseurs français estiment, depuis leur résidence secondaire où ils passent un confinement-vacances agréable, que la société française ne va pas changer après que la crise du coronavirus sera consommée. Quelle attitude blasée ! Pendant que ces intellectuels restent comme toujours dans la théorie, d’autres pays sont déjà en pleine mutation après avoir compris que derrière cette crise sanitaire se cache une crise aussi toxique pour nos sociétés : la crise sociale et d’exclusion qui empoisonne le vivre-ensemble.

Plusieurs pays, comme l’Espagne ou le Portugal, sont déjà en train de mettre en œuvre toute une série de mesures sociales, dont la plus importante est le revenu universel. C’est courageux de décider de ne plus administrer la pauvreté, mais de la combattre avec une mesure qui en même temps, relancera la conjoncture car les bénéficiaires de ce revenu universel pourront, ne serait-ce qu’à un niveau modeste, rejoindre les rangs des consommateurs.

La phrase « rien ne changera après la crise du coronavirus » ne fait que dénoter l’envie de revenir le plus vite possible au statu quo avant cette crise. Maintenir ses privilèges, développer de grandes théories sociétales qui ne seront jamais mises en œuvre – certains philosophes contemporains et souvent parisiens, devraient peut-être commencer à questionner leur propre utilité pour une société en pleine mutation. Chaque infirmière, chaque éboueur, chaque caissière et chaque routier (pour ne citer qu’eux) apporte plus à notre société que ces penseurs qui passent leur temps dans leur tour d’ivoire.

La société de demain doit être plus sociale et plus juste, il n’y a pas d’alternative à cela. Nous devons faire nos adieux à un système financier et bancaire qui profite à une minuscule frange de super-riches, au détriment de 15 à 20% de la population qui sont laissés en rade et méprisés. Ce sont les banques qui même dans une situation pareille, profitent. Tandis que les petites entreprises se voient octroyer, dans le meilleur des cas, des crédits remboursables, les banques feront des bénéfices. Il faut que ça cesse et mieux vaut que les changements nécessaires viennent « d’en haut », avant que la rue ne vienne réclamer ses droits devant les palais parisiens.

Si un tel changement d’attitude et d’orientation de la politique est possible dans d’autres pays, il doit également être possible en France, en Allemagne et ailleurs. Est-ce que cette crise sanitaire sera le point de départ pour une nouvelle société qui placerait l’être humain et ses besoins au-dessus des intérêts financiers de gens qui possèdent déjà bien plus qu’ils ne pourront jamais dépenser ? Est-ce que cette crise permettra de réajuster nos valeurs qui, ces dernières décennies, ont été totalement perverties ?

Même le Pape François invite le monde à y réfléchir, et il a raison. La pauvreté et la détresse ne sont pas des phénomènes naturels, mais un choix politique. En temps normal, cet état des choses n’aurait jamais été discuté. Mais cette crise du coronavirus nous oblige à revoir entièrement l’organisation de nos sociétés, nos orientations, nos valeurs, et d’agir en conséquence, comme d’autres pays le font déjà. Et si cela dépasse l’imagination de nos intellectuels parisiens, eh bien, il faudra alors les remettre en question également. Aucune société n’a besoin de théoriciens qui, au lieu d’être les fers de lance du progrès social, se limitent à un discours poussiéreux. Aujourd’hui, le monde a besoin de gens qui vont de l’avant et non pas de gens qui réfléchissent à des raisons qui pourraient justifier la même inertie sociale dont le monde souffre depuis de si longues années !

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