Une crise sanitaire ou une crise politique ?

La situation pandémique devient totalement illisible. Au plus fort de l’actuelle « vague », plusieurs gouvernements décident d’abandonner toutes les mesures sanitaires.

Voilà où nous en sommes après deux ans de crise sanitaire... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Plus personne ne comprend les mesures anti-Covid que les états prennent actuellement. Au plus fort de la pandémie depuis ses débuts en janvier/février 2020, plusieurs pays viennent de décider l’abolition de toute mesure sanitaire, y compris les distances sociales et le port du masque. S’il est incompréhensible que l’on puisse décréter « la fin de la pandémie » au moment où celle-ci est à son plus fort niveau, on constate que là où on déclare la fin des mesures anti-Covid, les gouvernants se trouvent en campagne électorale. Et ça, c’est carrément dangereux.

Parmi les pays qui prévoient l’abolition des mesures anti-Covid, on trouve l’Espagne, le Danemark (l’un des trois pays au monde actuellement les plus affectés par la pandémie), bien sûr la Grande Bretgagne (où Boris Johnson essaie de sauver sa place en déclarant le « Freedom Day 2 », après que le « Freedom Day 1 » s’était transformé en cauchemar), et d’autres pays prévoient un allègement des mesures et ce, malgré la situation tendue, comme les Pays-Bas, la France (qui fait également partie du « podium » des pays les plus touchés au niveau mondial) et bien d’autres.

D’autres pays, comme l’Allemagne, continuent à imposer des mesures dont l’inefficacité est avérée depuis un bon moment, comme les couvre-feux nocturnes imposés aux personnes non-vaccinées. Ces mesures, et de nombreux politiques l’ont dit et redit, ne visent qu’à mettre les personnes non-vaccinées sous pression. Il ne s’agit donc plus de mesures sanitaires, mais de mesures politiques. Mais lorsque le monde politique, face au mécontentement grandissant dans la population, prend des décisions qui font grincer les dents des scientifiques, il y a lieu de se poser des questions.

Même la question de l’obligation vaccinale est débattue de manière controversée. Depuis mercredi, le parlement allemand, le Bundestag, discute de cette obligation vaccinale qui a autant de soutiens que d’oppositions au Bundestag et ce, à travers tous les groupes politiques. Quatre propositions pour une obligation vaccinale sont sur la table, et on a du mal à voir sur quelle proposition les députés pourront se mettre d’accord, sachant que la Cour Constitutionnelle à Karlsruhe risque d’invalider n’importe quelle obligation vaccinale.

En France, c’est le calendrier électoral qui détermine le discours sanitaire du gouvernement. « La fin de la pandémie » est programmée sur les dates des élections présidentielles, car il est important pour le président et son équipe, de pouvoir se présenter comme les « vainqueurs de la pandémie ». Et ce, avant les élections.

Mais le virus se fiche pas mal des calendriers d’élections, du sort de Boris Johnson, de l’envie des Danois de retrouver « la vie d’avant », des différends politiques en Allemagne. Le virus, lui, continue à muter et à infecter chaque jour, des millions de personnes. Celles qui sont vaccinées ET qui ont la chance de ne pas développer une forme grave, s’en sortent comme avec une grippe corsée. La majorité des personnes vaccinées qui s’infectent avec ce virus, ne s’en rendent même pas compte, car elles restent heureusement asymptomatiques. Ce qui ne les empêche pas de diffuser le virus. Mais les hôpitaux se remplissent à nouveau, même si les cas sont généralement moins graves, mais la quantité d’infections est tellement élevée que les hôpitaux restent sous une très forte tension.

Et qui sait comment se présenteront les prochains variants ? Est-ce vraiment raisonnable d’abolir maintenant toutes les mesures de protection, en déclarant au niveau politique la fin de cette pandémie ? Un regard sur les chiffres devrait pourtant suffire pour se rendre compte que nous ne sommes en rien proches de la « fin de la pandémie » !

En continuant à mener des politiques nationales face à un phénomène mondial, le monde politique nous prive d’une chance réaliste de pouvoir effectivement sortir de cette crise. Ce « patchwork » de mesures incompréhensibles constitue la garantie que cette pandémie restera encore très longtemps dans nos vies, avec des variants tantôt moins dangereux, tantôt plus meurtriers. Et bien entendu, les états continuent à refuser d’élaborer des stratégies communes et harmonisées. Mais que compte la santé de la population lorsque les décideurs ont des élections à gagner ?

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