Une élection pleine d’enseignements…

Dimanche, l'élection régionale en Saxe-Anhalt, dernier test avant l'élection législative au mois de Septembre, a donné de nombreux enseignements. Dont certains sont surprenants.

Reiner Haseloff (CDU), le grand vainqueur de l'élection régionale en Saxe-Anhalt. Foto: Ralf Lotys (Sicherlich) / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Les sondages sont ce qu’ils sont – des sondages. Avant l’élection régionale en Saxe-Anhalt de dimanche, les sondages prévoyaient un coude-à-coude entre les conservateurs de la CDU et l’extrême-droite AfD. Certains sondages donnaient même l’AfD gagnante, mais les résultats, tombés tard le soir dimanche, sont très clairs. Avec 37,1% des votes, la CDU du ministre-président Reiner Haseloff remporte cette élection haut la main, tandis que l’AfD arrive en deuxième position avec « seulement » 20,8%. La perspective de voir arriver l’extrême-droite proche du pouvoir, a du effrayer bon nombre d’électeurs qui au dernier moment, on préféré voter pour la CDU. Pour les autres partis, les résultats sont très frustrants.

Les chiffres : la CDU arrive donc à 37,1% (+7,3%), l’AfD à 20,8% (-3,5%), Die Linke à 11% (-5,3%), le SPD à 8,4% (-2,2%), le FDP à 6,4% (+1,5%) et les Verts à 5,9% (+0,7%). Le grand gagnant de cette élection, la CDU, pourra choisir ses partenaires de coalition pour former le prochain gouvernement de la Saxe-Anhalt. Les options sont sur la table : une coalition CDU-SPD totaliserait 49 sièges (il faut 49 sièges pour avoir la majorité dans la diète du Land qui comptera 97 sièges au total). Sont également possibles des coalitions CDU-SPD-Verts (55 sièges) et une coalition CDU-SPD-FDP (56 sièges). S’il est peu probable que Reiner Haseloff opte pour la plus petite majorité possible dans une coalition avec le SPD seul, il aura le choix entre une coalition qui englobe soit le FDP, soit les Verts comme troisième partenaire. En vue de l’élection législative au mois de Septembre, le choix des partenaires se fera sans doute en fonction de la stratégie pour les élections nationales – des négociations acharnées sont en perspective.

Lors de l’annonce des résultats dimanche soir, le SPD était cité pour la première fois comme faisant partie des « petits partis » – un désaveu pour les social-démocrates qui comptaient, il n’y a pas si longtemps que ça, parmi les « partis populaires ». Mais avec 8,4% des voix, le SPD se situe environ au même niveau que le PS en France. Dans les deux cas, on a l’impression que les socialistes et social-démocrates n’ont toujours pas compris qu’ils se trouvent sur une pente raide et qu’il serait peut-être temps de repenser son positionnement.

Les Verts, eux, grand concurrent de la CDU au niveau national, s’étaient attendus à un tout autre résultat que les faibles 5,9%. Pour les écologistes, il s’agit d’un mauvais signe à l’approche de l’élection nationale – à ce moment de grande instabilité politique, les électeurs semblent favoriser la « valeur sûre » que représente visiblement la CDU.

Die Linke, traditionnellement très forte dans les Länder de l’ancienne RDA, recule de manière spectaculaire. Comme l’AfD, elle ne jouera aucun rôle dans la formation de la nouvelle coalition et continue, peu à peu, sa descente sur les traces du SPD.

L’AfD, elle, perd 3,5% et ce, dans l’un de ses fiefs en ex-RDA. Le parti, qui se trouve sous surveillance par les services secrets, n’a pas percé comme le craignaient de nombreux observateurs. Mais si l’extrême-droite accuse un contre-coup, elle totalise quand même plus de 20% des votes en Saxe-Anhalt, ce qui est et reste inquiétant.

L’élection régionale en Saxe-Anhalt n’était pas plus qu’une élection régionale. Mais les résultats donnent déjà une idée de ce que l’élection législative pourrait donner au mois de septembre. Par temps de crises multiples, les Allemands semblent se souvenir d’un slogan du chancelier Konrad Adenauer et de la CDU dans les années 60 du siècle dernier : « Keine Experimente »…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste