Une exposition exceptionnelle au Centre Pompidou à Metz

« Entre deux horizons » rassemble jusqu’au 16 Janvier 2017 les œuvres des plus grands artistes français et allemands des 150 dernières années. Et montre que les échanges culturels étaient toujours très étroits entre les deux pays.

Ce qui a commencé en 1870 a conduit à l'art contemporain en France et en Allemagne. Une exposition de classe mondiale au Centre Pompidou à Metz. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Lors de l’inauguration de l’exposition « Entre deux horizons » au Centre Pompidou à Metz, les invités étaient surpris. Car tous les œuvres exposés ont été prêtés par le « Saarlandmuseum » à Sarrebruck et on n’aurait jamais soupçonné une telle richesse artistique dans la capitale du Land de la Sarre. Jusqu’au 16 janvier 2016, le public pourra contempler cette exposition organisée de manière fluide et impressionnante. Une exposition qui vaut le détour.

Max Beckmann, Georges Braque, Edgar Degas, Otto Dix, Max Ernst, Paul Gaugin, George Grosz, Vassily Kandinsky, Paul Klee, Fernand Léger, Franz Marc, Henri Matisse, Claude Monet, Emil Nolde, Pablo Picasso, Auguste Renoir, Vincent van Gogh – voici un petit (!) extrait de la liste des artistes exposés dans le cadre de « Entre deux horizons » – la richesse artistique de cette exposition est à couper le souffle !

La première partie de l’exposition couvre la période 1870 à 1904 – l’avant-garde artistique du 20e siècle. L’impressionnisme français changeait radicalement la peinture de l’époque, s’éloignant du concept du paysage idéal, laissant la place à l’impression personnelle et émotionnelle dans la peinture. Les œuvres de Monet et Renoir en témoignent. Cette période se termine par un nouveau courant « nationaliste » dans l’art – une époque tumultueuse s’annonçait alors qui n’épargnait pas les artistes et qui pendant un temps, donnait lieu à des évolutions différentes dans l’art en France et en Allemagne. Tandis que les artistes français cherchaient l’affront, comme Auguste Rodin et ses actes féminins, l’art dans Allemagne sous l’empereur Guillaume II était plus rigide, plus discipliné.

La deuxième partie de l’exposition est consacrée à la période 1905 à 1925 – les années marquées par la guerre et des révolutions et les années folles à Paris et Berlin de cette époque. André Derain, August Macke, Vassily Kandinsky ou Emil Nolde, pour ne citer qu’eux, le groupe du « chevalier bleu », cherchaient de nouvelles voies artistiques, violant sciemment les conventions, faisant preuve d’une envie de vivre extraordinaire qui se dévoile dans des couleurs extravagantes, de nouveaux courants artistiques comme le cubisme (qualifié alors en France comme « l’art boche »…) et pourtant, interprété avec une maîtrise exceptionnelle par Braque ou Picasso.

La suite se montre dans la troisième partie de l’exposition – « Stupeur. Exils intellectuels » qui couvre la période 1926 à 1945. Les dadaistes, représentés par exemple par un George Grosz qui critiquait l’inertie artistique à Paris et Berlin (pourtant, il avait tort, dans les deux villes, les artistes explosaient alors de créativité…), exprimaient dans leurs œuvres ce qui devait alors se passer du temps de la République de Weimar. Le « Bauhaus », courant aux formes précises qui cherchaient à donner un ordre à une époque où un chaos sans pareil s’annonçait déjà, découvrait une conscience sociale de l’art – sans toutefois être en mesure de stopper une évolution néfaste. En France, un Fernand Léger inventa un cubisme bien à lui, comme dans son tableau magnifique « La baigneuse au tronc d’arbre », une œuvre d’une beauté rare.

Les souffrances de la guerre, immortalisées par Otto Dix ou Max Beckmann, sont certes à la limite du supportable, mais constituent des témoignages impressionnantes que devraient regarder tous ceux qui parlent aujourd’hui à nouveau de la guerre. L’œuvre « Morts devant le camp près de Tahure » d’Otto Dix constitue une accusation à l’adresse de tous ceux qui sacrifient des vies humaines sur l’autel des idéologies folles. Le même Otto Dix osa un message en direction des nazis avec son superbe tableau « Le cimetière juif de Randegg », tableau d’une harmonie parfaite – Dix comptait dès 1933 parmi les artistes frappés d’une interdiction d’exposer par les nazis.

La quatrième partie de l’exposition couvre l’époque d’après-guerre – qui se distinguait par l’essor de l’art abstrait, comme si les artistes avaient vu tellement d’horreurs qu’ils voulaient quitter la voie du concret. Que ce soit un Serge Poliakoff, un Ernst Wilhelm Nay ou encore un Karl Otto Götz – les artistes encodaient alors leurs messages et ce, de manière tout à fait personnelle. Aux visiteurs de les décoder de manière aussi personnelle.

Et l’exposition emmène les visiteur en douceur vers la modernité, vers de jeunes artistes en colère comme Jonathan Meese et ses murs comme « Love like blood » qui expriment toute la colère d’une génération ayant découvert les horreurs commises par la génération de leurs parents. La même colère se trouve aussi du côté français avec un Damien Deroubaix dont l’œuvre « For Victory » traduit la même colère.

Plus de 400 tableaux, dessins, installations, sculptures, vidéos et écrits sont exposés au Centre Pompidou à Metz, haut-lieu de la culture dans la région du Grand Est. Réalisée grâce au soutien de la société Wendel, du groupe Eiffage et de la Fondation Entente Franco-Allemande (FEFA), cette exposition constitue la preuve matérielle des influences réciproques des artistes allemands et français. Malgré les oppositions historiques entre nos deux pays, « Entre deux horizons » montre des liens forts et importants – l’art a toujours été plus intelligent que la politique et les visiteurs auront l’occasion de s’en rendre compte eux-mêmes.

Une exposition que vous ne devriez rater sous aucun prétexte !

Plus d’informations sous www.centrepompidou-metz.fr

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