Une grève de la faim

Une commerçante de Blotzheim dans le Haut-Rhin entame une grève de la fin pour protester contre les mesures qui pénalisent doublement les petites entreprises.

Véronique Weingarten a entamé une grève de la faim pour protester contre une situation intenable pour les commerces de proximité. Foto: privée

(KL) – Nous avons tous cette belle phrase d’Emmanuel Macron en tête : « Nous ne laisserons personne en rade… ». Sauf que cette phrase ne s’applique pas aux petits commerces de proximité qui actuellement, sont doublement pénalisés – d’une part, ils ont été fermés et d’autre part, on autorise les grandes surfaces de continuer à vendre du non-alimentaire et de gagner une nouvelle clientèle, celle qui normalement se rendrait dans les petits commerces de proximité. Comme lors du premier confinement. Véronique Weingarten, gérante de la petite boutique de prêt-à-porter féminin « La Croisée des Styles » à Blotzheim, vient d’entamer une grève de la faim pour obtenir l’autorisation d’ouvrir sa boutique familiale, gérée par elle-même, sa sœur et sa maman.

« Nous avons appris des erreurs du premier confinement ! », avait souligné Jean Castex en annonçant les détails des nouvelles mesures. Pourtant, ces mesures sont organisées autrement que dans d’autres pays européens où, par exemple en Allemagne, on autorise les commerces à accueillir la clientèle, à condition de respecter un protocole sanitaire stricte. Ailleurs, on ne connaît pas non plus le système des « autorisations dérogatoires de sortie » qui lui, relève plus d’une relation libidineuse française avec les administrations que d’une mesure censée. Une situation qu’on ne peut pas gérer à coups de formulaires, cela est impensable en France. Ailleurs, on gère la situation sans toute cette paperasse…

« Nous avions respecté les consignes sanitaires à la lettre », raconte Véronique Weingarten « Déjà le premier confinement nous avait coûté 120.000 €, et comme seule aide, on nous a proposé un crédit de 100.000 € remboursable l’année prochaine. En nous interdisant maintenant à nouveau de faire notre travail, c’est l’arrêt de mort pour notre boutique, malgré tous les efforts que nous avons fournis pour assurer la sécurité de nos clientes et de nous-mêmes. »

Le constat que les géants de la distribution puissent continuer à proposer toute sorte de produits, y compris le non-alimentaire, avait déjà suscité l’indignation des petits commerçants lors du premier confinement. Là, on assiste à un changement profond du tissu économique – on laisse crever les commerces de proximité (et les emplois de proximité avec) et ce, pour favoriser les grandes enseignes de la distribution.

Véronique Weingarten souhaite que les petits commerçants soient entendus. On ne connaît pas de cas où des foyers Covid se seraient créés dans des petits magasins qui eux, respectent généralement toutes les consignes concernant la distanciation sanitaire, qui mettent du gel hydroalcoolique à disposition des clients et qui font attention quant au nombre de clients qui se trouvent en simultanée au magasin.  En quoi ces petits magasins seraient plus dangereux que les grandes surfaces où les gens sont collés les uns aux autres, dans les rayons et devant les caisses ? « Nous avons mis en place dans le magasin les mesures barrières : gel hydroalcoolique, désinfections des poignées de portes, cabines, du lecteur de carte, mise en quarantaine des vêtements ou désinfection à la vapeur”, explique Véronique Weingarten, “nous ne connaissons pas un seul cas où une cliente se serait infectée dans notre boutique.”

Les affaires de fin d’année seraient donc réservées aux seules grandes enseignes de la distribution ? Celles cotées en bourse ? Celles qui ont soutenu les campagnes électorales de ce gouvernement ?

Espérons que Véronique Weingarten soit entendue. Désespérée, cette femme est déterminée d’aller jusqu’au bout. Il est peu étonnant que Véronique Weingarten ne regarde pas les bras croisés la mise à mort de sa boutique. « On nous avait promis des aides, rien ne s’est matérialisé », dit Véronique Weingarten, « par contre, pour les charges et cotisations, on nous les impose comme si nous faisions un chiffre d’affaires. »

Nous allons suivre cette grève de la faim, par ailleurs soutenue par d’autres commerçants haut-rhinois qui se trouvent dans exactement la même situation que Véronique Weingarten. Protéger la France contre ce virus, c’est une chose. Détruire le tissu économique de proximité en est une autre.

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