Une ligne blanche traverse l’Europe

En 2021, les autorités ont saisi 90 tonnes de cocaïne dans les ports de Rotterdam et d'Anvers, les ports principaux des trafiquants de la cocaïne. Et quelles quantités de la drogue n'ont pas été découvertes ?

Tous les ans, les autorités saisissent des quantités record de cocaïne - mais cela n'impressionne pas vraiment les cartels. Foto: Coast Guard / Wikimedia Commons / PD

(KL) – 5 milliards d’euros – voilà la valeur de la cocaïne saisie en 2021 dans le seul port de Rotterdam. Chaque année, les autorités annoncent des saisies record et le marché mondial de la drogue semble ne pas être affecté par les crises ambiantes. Considérant que seulement une petite partie de la drogue produite et transportée à travers le monde est effectivement saisie, on imagine les quantités qui passent à travers les mailles du filet.

Les ports de Rotterdam et d’Anvers, mais aussi celui de Hambourg, sont impossibles à contrôler dans leurs totalité. De centaines de milliers de containers transitent par ces ports et les autorités ne peuvent effectuer que des contrôles aléatoires. De plus, comme indique le parquet de Rotterdam, les trafiquants sont aidés par des ouvriers et des fonctionnaires qui travaillent dans ces ports et qui font partie des réseaux de trafiquants. Ainsi, il est relativement facile de déjouer les contrôles.

Désormais, la justice et la police veulent se concentrer justement sur ces « aides locales » qui organisent la réception et la distribution de la cocaïne en Belgique et aux Pays-Bas. Mais en vue des sommes impliquées, ceci ne sera pas chose facile, car les réseaux criminels, concertés par les puissants cartels dans les pays producteurs, continuent à corrompre autant les autorités dans leurs pays qu’en Europe.

Généralement, on estime qu’un maximum de 10% des quantités transportées vers l’Europe soient découvertes par les autorités. Le marché de la cocaïne doit donc représenter des sommes colossales et on se demande qui en sont les consommateurs de cette drogue autrefois qualifiée comme « drogue de riches ». Mais la cocaïne s’est « popularisée » depuis deux décennies et aujourd’hui, ce ne sont plus exclusivement les artistes, politiques et millionnaires qui en consomment.

De toute façon, les autorités auront toujours un temps de retard sur les trafiquants. Sans informateurs infiltrés dans les cartels, même les saisies effectuées n’auraient probablement pas lieu, mais selon les autorités, il est de plus en plus difficile de placer des informateurs à proximité des cartels, car il s’agit d’une mission qui se solde bien souvent par l’assassinat de l’informateur.

Ainsi, les autorités doivent continuer à combattre ce fléau au niveau national, plus proche des consommateurs, pour pouvoir espérer de remonter les filières. Une bonne approche serait la légalisation du cannabis que prévoient plusieurs pays (et d’autres l’ont déjà fait), histoire de séparer les différentes scènes de la drogue et d’éloigner les consommateurs de « drogues douces » des marchés des « drogues dures ». Là où on a déjà légalisé le cannabis, cette stratégie porte ses fruits et la surveillance des marchés des « drogues dures » en devient plus facile.

En tout cas, il ne faut pas sous-estimer la puissance de ces cartels dont le chiffre d’affaires avoisine celui d’autres secteurs d’activité légaux. Avec tant d’argent impliqué dans le monde de la cocaïne, il sera très difficile de combattre ce fléau de manière efficace. Même si chaque année, les autorités saisissent des quantités record de la poudre blanche.

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