Une mission en profondeur, des ambitions en surface

Une mission scientifique dans les eaux profondes de l’Archipel des Açores se terminera demain, mais le Portugal se projette dans l’après-demain.

Horta, sur l’Ile de Faial, d’où est parti le RV Pelagia, avec à son bord la mission scientifique IMAR. Foto: Guillaume Baviere / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Cela fait maintenant plus de deux semaines que l’expédition scientifique IMAR étudie les eaux profondes dans l’Archipel des Açores. Partie de Horta, sur l’île de Faial, cette mission d’une durée de dix-sept jours, a pour objectif de développer une meilleure connaissance du patrimoine naturel marin des Açores, afin de contribuer à l’établissement des politiques de sa conservation et de sa gestion.

IMAR (Instituto do Mar) est une fondation portugaise privée à but non lucratif, dédiée à la recherche fondamentale et appliquée, créée en 1991 et affiliée à huit universités se trouvant aux Açores, à Madère, en Algarve, à Évora, à Porto, à Coimbra et à Lisbonne. Son siège, initialement lisboète, a été déplacé à Coimbra, pour enfin se voir installé aux Açores à Horta. IMAR est depuis 2001 reconnu d’utilité publique.

La mission se déroule à bord du RV Pelagia, un navire océanographique néerlandais. Les scientifiques travaillent à la cartographie et à la collecte d’images vidéo de la dorsale médio-atlantique, qui, avec la ceinture de feu et la ceinture alpine, fait partie des trois zones d’activité sismique les plus importantes de la planète.

Onze zones différentes sont visitées durant les dix-sept jours que dure la mission. Le recensement des espèces de poissons, de coraux et d’éponges, permettra d’identifier des secteurs à protéger. C’est également dans ce but qu’une attention particulière est portée aux déchets, à leur nature et à leur localisation.

En raison des normes sanitaires dues à la pandémie de Covid-19, seulement cinq chercheurs du collectif qui en compte seize, ont la possibilité d’être à bord du RV Pelagia. Leur responsable est le docteur Telmo Morato, un biologiste marin qui n’en est pas à sa première mission. Auteur de nombreuses publications scientifiques et de vulgarisation, avant de devenir chercheur à IMAR, il a étudié aux universités d’Algarve, Coimbra et de Colombie Britannique.

Les recherches menées actuellement sont financées par le programme « Sea Oceans » en collaboration avec l’institut IMAR et le Centre Okeanos de l’Université des Açores. Ricardo Serrão Santos, le Ministre de la Mer, a salué l’importance de la recherche pour la connaissance des eaux profondes des Açores. Il a également appuyé la position du Gouvernement de la République, à propos du pari sur les sciences de la mer.

Une politique dont un moment symbolique remonte à 2014, quand des nouvelles cartes du pays intégrant ses archipels, ont été diffusés dans les écoles de tout le pays. Doté d’une Zone Économique Exclusive (ZEE) d’1,7 million de km², constituée de trois zones partant de ses côtes continentales et insulaires, le Portugal souhaite étendre son domaine maritime à près de 3,9 millions de km², regroupant ainsi ses trois entités en une seule faisant plus du double.

C’est dans ce but qu’après un dépôt de dossier en 2009, le Portugal sollicite régulièrement l’Organisation des Nations Unies. L’acceptation de cette proposition, aboutirait à ce que le pays possède une Zone Économique Exclusive (ZEE) quarante fois plus grande que son territoire terrestre, et le placerait au troisième rang européen derrière la France et le Royaume-Uni. Mais cela ne se fera pas sans frictions avec l’Espagne…

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