Une réunion pour rien ?

Manifestement, ce mercredi 8 septembre, le sujet du tram à Bischheim avait de quoi remplir la salle du Cheval Blanc à Schiltigheim. Pas une chaise vide, et des spectateurs impatients de poser leurs questions, quitte parfois à perturber le bon déroulement de la réunion.

Une consultation publique qui faisait l'impasse sur plusieurs points importants. Foto: FAH / privée

(Francis Alexis Hammer) – La séance débute avec Danielle Dambach, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), en charge de la transition écologique et planification urbaine. Elle reprend l’historique du projet du tram sur le quart nord-ouest de l’EMS en rappelant que des décennies durant, « nos rues ont été laissées exclusivement à la voiture ». Elle affirme que le projet de tram, quelque soit sa variante, est aussi « un projet de transformation urbaine (destiné) à apaiser les circulations pour rendre l’espace public à la population ». Sans surprise, elle se prononce pour un tracé du tram passant à l’ouest de Schiltigheim / Bischheim, un tracé qui, rappelons-le, était une de ses promesses de campagne aux élections municipales de 2018 et 2020.

Pour lui succéder, Alain Jung, vice-président de l’EMS pour les mobilités / transports, ne manque pas de resituer les débats sur le tram dans les réponses à donner face au triple défi de la qualité de l’air, du changement climatique, et de la mobilité pour tous. Ce qui, aux niveau des transports en commun, passe par 3 nouvelles lignes de tram, des bus à haut niveau de service, des pistes cyclables en nombre et le développement d’un réseau express métropolitain en collaboration avec la SNCF.  klein 3 tracés du tram nord eurométropole PDF

Ce faisant, Jean Louis Hoerlé, maire de Bischheim, ne manque pas de souligner son opposition franche à une ligne de tram sur le nord de l’EMS. Il conteste « les fausses informations » diffusées, tant par la majorité de l’EMS que par les services techniques en charge du projet. Argumentant qu’avec l’emprise du tram sur la voirie, le trafic automobile à Bischheim deviendrait infernal si celui-ci devait se reporter sur les rues transversales à fort trafic (rue de Périgueux, rue de la Robertsau). Dans la foulée, il parvient à faire bondir la salle en rappelant que le projet de terminus de la variante 3, rue du Souvenir, équivaudrait à faire disparaître une bonne partie du parc Wodli avec son kiosque à musique et son monument aux morts, ainsi que lorsqu’il évoque le terminus proposé aux variantes 2 et 3, lequel devrait amener à détruire plusieurs maisons du quartier SNCF.

La réunion se poursuivant, c’est donc dans le brouhaha que les services techniques de l’EMS prennent le relais des personnalités politiques, en tentant d’exposer au mieux les avantages et inconvénients des 3 tracés. Manque de chance, en s’appuyant sur des projections d’images trop petites pour être commentées, leurs interventions ne font qu’ajouter à l’agitation dans la salle.

En confirmant les problèmes rencontrés avec les terminus envisagés, rue Burger et rue du Souvenir, ils finissent pourtant par évoquer d’autres possibilités : avec pour la variante 1, un terminus plus au nord et tel que décrit par un membre du collectif Montramjytiens présent dans la salle, ou encore la possibilité d’un retournement du tram rue de Mundolsheim, une voie à fort gabarit en proximité immédiate de terrains en friche, pouvant accueillir sans problèmes un parking relais (voir l’article d’Eurojournalist du 7 septembre 2021).

Au final, si cette réunion prouve l’intérêt des bischheimois pour le sujet (avec semble-t-il, principalement des habitants du centre-ville), elle ne parait pas avoir apporté plus de clarté auprès d’un public majoritairement contre la mise en œuvre d’une nouvelle ligne de tram dans la commune. Beaucoup soutiennent l’idée d’un statut quo, reprenant en cela bien des arguments du maire de Bischheim, comme celui d’une demande de bus en plus grand nombre et des fréquences accrues, et aussi, cette oubliée de l’histoire qu’est la gare de Bischheim, quand déjà dans les années quatre vingt dix, des études la décrivaient comme un futur nœud intermodal avec des cadencements ferroviaires bien plus nombreux.

De la difficulté à corréler les nécessités du tram aux enjeux économiques et sociaux de la ville durable – Assurément, le futur de la ville durable comme réponse « aux dérèglements climatiques, à la santé des habitants, et à un développement territorial harmonieux et équitable », tout cela fait gamberger bien des esprits. Il est vrai que jusqu’ici, les réponses données, tant par certains médias que par l’un ou l’autre élu politique, ne sont pas de nature à asseoir le projet.

Pour en rester au sujet de la réunion du 8 septembre, malgré les explications nombreuses données en tribune, le citoyen lambda, en quittant la salle, peinera toujours à faire la part des choses, entre ce qui le concerne de près et ce qui en tant qu’individu responsable, l’oblige à prendre sa part dans les réponses aux défis à venir.

C’est pourquoi, concernant le tram, on ne saurait s’en tenir aux seules publications et concertations affichées jusqu’ici. La juste place du tram dans le concert des transports en commun, dérange bien des idées reçues, là où jusqu’ici, l’invention de la ville tenait de la verticalité dans les décisions à prendre. Ce temps a changé, les processus horizontaux de la concertation et des codécisions sont désormais de mise. Encore faut-il que dans ce processus la clarté soit de mise.

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