Une semaine décisive pour la Grande Bretagne

Si le « House of Commons » ne parvient pas à s’imposer cette semaine vis-à-vis de Boris Johnson, le « hard Brexit » deviendrait inévitable. La Grande Bretagne joue cette semaine son avenir.

Espérons que les Britanniques ne les laissent pas aller au bout... Foto: Jamie Dettmer / VOA / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Cette semaine, le Parlement britannique aura la dernière occasion d’arrêter la folie que Boris Johnson veut imposer, de la manière la plus anti-démocratique possible, à ses compatriotes. Deux votes seront sur le programme de la séance du « House of Commons » cette semaine – un sur une interdiction de procéder à un « no deal Brexit » et une motion de confiance concernant le Premier ministre Boris Johnson. En vue du flegme des députés britanniques ces trois dernières années, il n’est pas exclu qu’ils loupent aussi cette dernière chance d’éviter une catastrophe politique et économique au Royaume Uni.

De dizaines de milliers de manifestants ont protesté ce weekend en Grande Bretagne, dénonçant le « putsch légal » que Boris Johnson est en train de réaliser. Mais, comme l’a exprimé une manifestante, « nous sommes comme une grenouille dans de l’eau qui chauffe de plus en plus. Nous restons assis le temps d’être bouillis » – et cela résume très bien les trois dernières années de la politique britannique. Maintenant où tout le monde se rend compte non seulement des conséquences dramatiques d’un Brexit, mais également de l’attitude antidémocratique des leaders politique britanniques, il est peut-être trop tard pour sauver la Grande Bretagne.

Les votes qui auront lieu cette semaine à Westminster sont totalement ouverts. Déjà, le premier vote, à savoir l’interdiction au gouvernement d’opérer un « no deal Brexit », est assez contradictoire, car concrètement, cela voudrait dire que les députés britanniques devraient voter et accepter le projet de traité négocié par Theresa May et rejeté trois fois par le Parlement. Même si une majorité des députés britanniques devait voter ce texte interdisant un « no deal Brexit », sans accepter en même temps le traité proposé, ce vote n’aurait peut-être aucun impact – ce n’est pas la Grande Bretagne qui pourra décider d’une nouvelle extension du délai de la sortie de l’Union Européenne, mais une telle décision n’appartiendra plus qu’à l’UE. Bien sûr, les Britanniques peuvent poliment demander une nouvelle extension de ce délai, mais pourquoi l’Union Européenne devrait-elle l’accepter, considérant que malgré toutes ces extensions, la Grande Bretagne n’a toujours pas fait la moindre proposition sérieuse concernant le point crucial, le « Backstop » qui est censé assurer la paix en Irlande ?

Viendrait donc le deuxième vote – la motion de confiance contre Boris Johnson. Si un nombre de Tories a compris ce que Boris Johnson est en train de faire, il n’est pas évident qu’ils oseront voter contre leur leader du parti, sachant qu’une destitution de Boris Johnson les condamnerait à la perte du pouvoir.

Dans ce moment crucial pour l’avenir de la Grande Bretagne, l’opposition fait autant preuve de paresse intellectuelle que le gouvernement. Jeremy Corbyn répète son mantra « je veux être calife à la place du calife ». On dirait que la Grande Bretagne a oublié la signification du terme « démocratie ». Après un référendum basé sur des mensonges dont personne ne se cache, organisé de manière plus que critiquable (les 3 millions de Britanniques vivant à l’étranger depuis plus de 5 ans étaient tout simplement exclu du vote, sachant que les « expats » auraient voté à 90% contre le Brexit), la Grande Bretagne a quitté la voie de la démocratie. La seule solution serait l’organisation d’un deuxième référendum pour permettre aux Britanniques de s’exprimer en sachant sur quoi ils voteraient, ce qui n’était pas le cas en 2016. Mais cette solution démocratique est la grande absente du débat qui tourne en rond depuis trois ans.

Si les députés britanniques ne changent pas radicalement ce comportement politicien, égoïste et totalement irresponsable qu’ils affichent depuis trois ans, plus personne ne pourra arrêter la catastrophe. La Grande Bretagne a rendez-vous avec son destin cette semaine. Espérons que la « House of Commons » s’en rend enfin compte.

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