Une ville de pleurnichards ?

Visiblement, les changements ayant lieu actuellement à Strasbourg, ne sont pas du goût de tout le monde. Mais ceux qui s'adonnent maintenant au « Barseghian-Bashing », ne défendent pas les intérêts de la ville.

La ville ne souhaite pas qu'une des entreprises les plus contestées du monde s'installe à Strasbourg. Et elle a raison. Foto: John Chu101 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – « Elle veut tout casser », se lamentent certains à Strasbourg, en parlant de la nouvelle maire de la ville Jeanne Barseghian, sans toutefois préciser ce qu’elle voudrait bien « casser », pourquoi et comment. Ces lamentations immatures et slogans plats empoisonnent le climat dans la ville et surtout, il s’agit d’une prise de position que l’on connaît : « On veut que les choses changent, à condition que tout reste en l’état ». Cette attitude pitoyable n’arrange en rien le développement de la ville et commence à devenir ennuyeuse.

On comprend aisément que les perdants des dernières élections municipales soient frustrés. Leurs réseaux ne fonctionnent plus, les intérêts personnels des uns et des autres n’intéressent plus personne. Les Strasbourgeois ont voté pour un changement et ce changement s’opère maintenant. Après le non-scandale autour du titre « Capitale Européenne de la Démocratie », le prochain dossier serait l’implantation de l’entreprise chinoise Huawei à Strasbourg – et selon toute vraisemblance, la nouvelle mairie n’en veut pas. Heureusement ! Huawei, l’une des entreprises les plus contestées au niveau mondial, représente le nouveau capitalisme chinois, un modèle d’affaires qui lui a déjà valu 23 plaintes du gouvernement américain. L’entreprise Huawei est suspectée de doter ses produits de « puces espions » et plusieurs pays ont déjà fait savoir qu’ils refusaient d’utiliser le matériel de réseau de cette entreprise, de peur d’installer un système de surveillance chinois.

« Oui, mais Huawei veut créer 500 emplois en Alsace ! », protestent d’aucuns. Et alors ? Pourquoi, à ce moment-là, ne pas permettre à Monsanto de s’installer en Alsace ou à une à usine d’armement Dassault ou Rheinmetall ? L’époque de ce capitalisme sauvage et créant des emplois précaires, est révolue. Aujourd’hui, et les écologistes ont été élus pour cela, il s’agit d’établir une économie basée sur des valeurs autres que le seul profit des actionnaires. L’Alsace est une terre d’invention, dotée de grands talents capables de créer des emplois dans des filières propres, durables et respectueuses de l’être humain.

La question qui se pose avec l’arrivée des écologistes au pouvoir, est « dans quel monde voulons-nous vivre demain ? » – dans un monde dirigé par ce capitalisme globalisé et effréné ou bien, dans un monde qui respecte des valeurs autres que l’enrichissement personnel des actionnaires ?

Avant les élections municipales 2020, l’ensemble des candidats était d’accord sur un point, à savoir la nécessité d’un changement. Maintenant que des changements ont lieu, certains se mettent à pleurnicher. Mais ceux qui se lamentent aujourd’hui et qui apportent des jugements hâtifs, doivent supporter le reproche qu’ils n’agissent pas dans l’intérêt de la ville de Strasbourg, mais dans une perspective partisane ou encore, par intérêt personnel.

Une usine Huawei à Strasbourg n’est ni souhaitée, ni souhaitable. Nous n’avons pas besoin d’emplois précaires dans des multi-nationales comme Huawei ou Amazon, nous avons besoin d’un tissu économique sain, humain et durable. Le nouvel exécutif a été élu pour mener cette politique et ceux qui voudraient sacrifier notre économie et notre société sur l’autel du « shareholder value », auront la possibilité de se présenter aux prochaines élections. Après tout, nous vivons, heureusement, en démocratie…

1 Kommentar zu Une ville de pleurnichards ?

  1. Le débat public sur le déploiement de la 5G est parfaitement légitime. Mais en affirmant que l’implantation d’une usine de composants Huawei à Strasbourg n’est “ni souhaité, ni souhaitable”, Kai Littmann
    ne restitue pas fidèlement les positions de la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian
    et de la présidente de l’eurométropole Pia Imbs
    . On peut même dire qu’il les déforme et les trahit.
    Quant à affirmer que le refus de cette implantation industrielle illustrerait la lutte contre le “capitalisme sauvage et les emplois précaires”, rendez-vous pour l’examen des 300 qualifications recherchées, si ce projet industriel est confirmé. Le capitalisme d’état chinois n’est pas un capitalisme sauvage, c’est un pur capitalisme de planification dans un pays communiste au parti unique qui malmène toutes sortes de minorités. Inutile d’invoquer les décisions de l’administration Trump à l’égard de Huawei, nos élu·es sauront déterminer où se trouve l’intérêt de Strasbourg.

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