Urgence sanitaire à Tenerife

L’appel à l’aide d’un médecin canarien face aux vagues successives de Covid-19 qui mettent le système de santé insulaire en grave déséquilibre.

Tenerife, à la fois si loin et si près de la Péninsule Ibérique... Foto: dr Blofeld / Wikimedia Commons / CC-BY 3.0

(Jean-Marc Claus) – Selon le docteur Rodrigo Martín présidant le Collège des Médecins de la Province de Santa Cruz de Tenerife, région incluant El Hierro, La Gomera, La Palma et Tenerife, la croissance démographique dans ces îles et notamment à Tenerife, n’a pas été accompagnée d’investissements significatifs dans les infrastructures de santé publique et l’embauche de personnels, tant médicaux que paramédicaux.

Les vagues successives de Covid-19, et notamment la dernière toujours en cours, ont révélé ces insuffisances jusqu’ici plus ou moins bien suppléées. Dans un article publié dans « El Diario de Avisos », il pointe les centres de soins primaires plus débordés que jamais, les unités de soins intensifs plus occupés que jamais, les hôpitaux plus pleins que jamais. « Que nunca… que nunca… que nunca », une formule répétée mettant bien l’accent sur la gravité de la situation. Forcément, le nombre de décès causés par la pandémie, connaît une croissance exponentielle.

Tenerife est plus touchée que les autres îles de la province, par ce manque de personnel soignant et le sous-équipement de ses structures de soins. Sa croissance démographique générée par l’expansion du tourisme de masse, n’a pas été suivie d’investissements sanitaires suffisants. Résultat, en période de crise sanitaire, le ratio personnels de santé par habitants déjà faible auparavant, met le système de santé en total déséquilibre.

Des décisions s’imposent à court terme, pour ne pas dire immédiatement. Le docteur Rodrigo Martín souligne que les politiques doivent absolument rencontrer les professionnels qui leur dresseront un tableau fidèle de la situation, puis établiront avec eux, un plan d’urgence réaliste, à court moyen et long terme. Dans les mesures à long terme, l’île a besoin d’un nouvel hôpital, l’Hôpital Universitaire des Canaries sis à San Cristobal de La Laguna, ne pouvant seul faire face à toutes les urgences.

Mais le discours du praticien n’a absolument rien d’un misérabilisme se complaisant dans la déploration, car s’il pointe les faiblesses du système, il n’en oublie pas pour autant les forces, et notamment la recherche menée sur l’île ainsi que les moyens existants tels les supercomputers d’ITER (Instututo Tecnológico y de Energías pouvant être mis au service de ces études Renovelables) ou de l’IAC (Instituto de Astrofísica de Canarias). Ainsi, certains moyens techniques de recherche existent-ils bien dans l’archipel, mais encore faut-il en coordonner la mise en œuvre.

Ce qui ne résout pas pour autant le problème du manque de personnels médicaux et paramédicaux, sachant que des professionnels de santé canariens sont partis travailler sur le continent, faute d’emplois sur place. Notamment ceux formés aux nouvelles techniques dites de médecine de précision, pouvant contribuer efficacement à l’avancement de la recherche. Il faut agir immédiatement car les soignants, doublant régulièrement leurs amplitudes de travail, sont épuisés et comme le dit le docteur Rodrigo Martín « ¡Aquí no estamos en un recreo! » (Nous ne sommes pas ici dans une cour de récréation !).

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