Vacances : Français et Allemands ont engagé une nouvelle compétition !

Le touriste est encore regardé souvent comme un animal étrange. Pourtant, il peut apporter des solutions à la crise. Foto: Maghien / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Alain Howiller) – Les vacances bientôt, pour la plupart d’entre nous relèveront du souvenir, il n’y aura plus guère que les derniers «aoûtiens» et les attardés du mois de Septembre à profiter de ces moments magiques que nous apportent nos congés. Il n’est pas trop tard pour avoir une pensée pour ceux qui, faute de moyens financiers, n’auront pas pu vivre le bord de mer, le sentier de randonnée en plaine ou en montagne dont vous avez pu faire votre miel cet été. Avec la crise, les Français, déjà champions d’Europe du pessimisme (50% d’entre eux envisageaient, lors de la dernière enquête, de diminuer leurs dépenses, y compris en matière de vacances), sont de plus en plus nombreux à renoncer aux vacances ou ont écourté la durée de leurs congés.

Un Français sur cinq n’est pas parti en vacances depuis deux ans et plus et six Français sur dix (58%) préfèrent s’offrir des loisirs et des petits loisirs tout au long de l’année plutôt que d’économiser pour partir en congés ! Si les français gagnant entre 1.500 et 2.500 d’euros par mois ont pris un hébergement payant pour au moins une nuit en 2013 (-4 points par rapport à l’année précédente), ils n’ont été que 23% de foyers gagnant moins de 1.500 euros (-2 points) à avoir été dans ce cas. Le recul (entre 1 et 2%) a également touché (même si c’est faiblement) ceux qui bénéficient de moyens plus élevés.

Un Français sur deux part en vacances ! – Les données portant sur 2014 devraient continuer à s’inscrire dans cette logique baissière : d’après un sondage Ipsos-Europe Assistance, 58% des Français (-4% par rapport à 2013 et – 8% par rapport à 2012 !) entendaient partir en vacances cette année. Selon d’autres sondages, ils auraient été 60% à vouloir partir. Ce qui correspond à un peu plus de un Français sur deux : mais parmi ceux qui partent, 63% d’entre eux envisageaient de diminuer leurs dépenses.

La régression est évidemment très tributaire de la situation économique : 42% des Espagnols envisageaient de partir en vacances comme en 2013, de même que 52% des Italiens (-1%), 54% des Britanniques (-2%), 47% des Belges (-2 %), mais 56% des Allemands (+4%) et 68% des Autrichiens (+11%), qui sont les plus nombreux à vouloir partir cet été, entendaient partir en congés cet été. Par contraste, on ne peut manquer de se pencher sur des chiffres publiés par l’Office Fédéral de statistiques qui relève, en marge de ces constats, qu’un cinquième des Allemands, menacés de pauvreté ou de marginalisation, ne peuvent pas se payer des vacances.

La bonne santé allemande et autrichienne ! – Si 62% des Européens préfèrent partir en congés à la mer, 18% préfèrent (+4%) la montagne et 17% (+3%) la campagne, ce qui explique que les destinations favorites restent, dans l’ordre, l’Espagne (où à l’issue du premier semestre 2014, le nombre de touristes a déjà augmenté de 7% par rapport à l’année dernière), la France, l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche. D’après le «World Travel Monitor», publié depuis 1995 par la société «IPK-International», si on intègre dans ces chiffres, les voyages d’affaires et les déplacements professionnels, l’Allemagne se situe même en deuxième position pour les séjours derrière l’Espagne, mais avant la France !

Les touristes français qui de rendent en Allemagne choisissent en tête le Bade-Wurtemberg, devant Berlin et la Bavière : est-il étonnant, dans ce contexte, que, d’après un sondage ARD, 74% des Allemands considèrent qu’on peut faire confiance aux Français, contre 50% aux Britanniques, 38% aux Américains (l’affaire des écoutes est passé par là) et 21% seulement aux Russes (conséquences du conflit ukrainien).

Le tourisme est devenu, sans doute est-ce banal de le rappeler, un élément essentiel dans l’économie des pays visités. Il est non seulement source de rentrées financières, mais il est aussi créateur d’emplois : selon le «World Travel and Tourist Council – Conseil Mondial du Tourisme et du Commerce» (WTTC), en 2014, les voyages et le tourisme créeront 6,5 millions d’emplois nouveaux dans le monde. Et le taux de croissance du secteur (+4% par an, environ) dépassera en moyenne celui affiché par l’économie en général. Affichant les perspectives 2014/2024, le WTTC estime que le secteur tourisme créera, durant la période considérée, 74,5 millions d’emplois dont 23,2 millions d’emplois directs. Le secteur augmenterait de 10% la croissance de l’économie mondiale.

Les Chinois dépensent plus que les… Américains ! – Si l’Asie est appelée à bénéficier du développement du tourisme, elle y participera aussi -comme du reste l’ensemble des pays émergents, Inde comprise- grâce aux dépenses engagées par leurs habitants. Le nombre de voyages et de séjours à l’étranger des Chinois, par exemple, explose avec le développement de leur pouvoir d’achat. 10% des voyageurs à travers la planète ne sont-ils pas déjà chinois ? Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme, entre 1995 et 2013, les Chinois sont passés de la 7ème place mondiale en termes de dépenses touristiques à la… première : en vacances, le portefeuille des touristes chinois est bien fourni et ils dépensent plus que les touristes américains !

C’est dire aussi que d’un pays à l’autre, la concurrence s’accentue pour bénéficier des retombées économiques d’un secteur touristique qui globalement, malgré la crise qui affecte certains pays, se développe : si la France, avec 83 millions de touristes par an, reste la première destination mondiale, la situation est fragile et la concurrence est féroce. Pour les Européens, la lutte pour la «première place» est constante : comme relevé plus haut, si on tient compte des voyages d’affaires, des séjours linguistiques, des stages, des déplacements professionnels, des échanges familiaux et amicaux, le trio de tête des destinations est composé de l’Espagne, médaille d’or, de l’Allemagne, médaille d’argent et de la France, médaille de bronze. Entre la France et l’Allemagne, une nouvelle compétition est engagée !

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste