Vaccination des soignants = vocations contrariées ?

Alors que davantage de places sont disponibles dès cette année pour les formations sanitaires, la vaccination contre la Covid-19, rendue obligatoire pour les soignants, risque-t-elle de faire fuir des candidats ?

La vaccination, un passage obligatoire depuis le plus jeune âge. Foto: gencat_cat / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Anouchka Braig) – La crise provoquée par l’épidémie de Covid-19 a démontré le besoin urgent de recruter du personnel soignant. Dans le cadre du « Ségur de la santé », 12 600 places supplémentaires seront ouvertes à de nouveaux candidats, pour les entrées en formations sanitaires et sociales de 2021 et 2022.

Si on peut penser que cette crise a brisé des vocations de devenir soignant, la tendance est plutôt inverse. On constate en effet, depuis quelques mois, une recrudescence de personnes voulant se reconvertir dans le métier du soin. L’épidémie de Covid-19 et ses conséquences économiques ont laissé un grand nombre de personnes sans activité durant une période plus ou moins longue. Se voir ainsi qualifié de « non-essentiel », alors que les métiers sanitaires, sociaux, alimentaires et régaliens étaient indispensables, avait de quoi motiver une reconversion.

L’argument majeur, pour changer de métier et devenir soignant, était le besoin de se sentir utile, d’exercer une profession où l’humain est au centre, et ce, malgré les conditions de travail parfois difficiles. Il se pourrait qu’à présent il en advienne autrement.

A partir du 15 septembre 2021, les soignants non-vaccinés contre la Covid-19 ne pourront plus exercer et ne seront plus payés. Une nouvelle qui semble soulever beaucoup de protestations. Pourtant, ce vaccin n’est pas le premier à être rendu obligatoire pour l’exercice d’un métier de la santé, celui contre l’hépatite B étant déjà requis. De plus, depuis le 30 décembre 2017, 11 vaccins sont obligatoires en France, pour chaque enfant né à partir du 1er janvier 2018, et sauf contre-indication médicale reconnue.

Les réseaux sociaux sont déjà inondés, suite aux mesures sanitaires annoncées le 12 juillet 2021, de protestations contre l’extension du pass sanitaire à de nombreux lieux publics, et contre la vaccination obligatoire pour les soignants et aidants.

Tandis que certains soignants annoncent à qui veut bien l’entendre, leur prochaine démission, on peut se demander quelle est la position des personnes encore non vaccinées, et qui se sont découvert une vocation de soignant. Cette vocation a-t-elle été tuée dans l’œuf ? L’obligation d’une vaccination contre la Covid-19 est-elle moins tolérable que celle contre l’hépatite B ? Faut-il s’attendre à une diminution du nombre de candidats aux formations sanitaires, alors même que des milliers de places supplémentaires leur ont été crées ?

Il faut être en mesure de respecter la position de chacun, tant que celle-ci est éclairée et argumentée. En tant que soignante, ma vocation me fait voir la vaccination comme une évidence. Soigner, c’est aussi protéger l’autre, et protéger l’autre, c’est notamment se faire vacciner.

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