Valeurs européennes. Z’avez dit « valeurs européennes » ?

Pour avoir sauvé 5000 personnes de la noyade en Méditerranée, la capitaine du bateau de sauvetage « Seawatch 3 » Pia Klemp encourt jusqu’à 20 ans de prison en Italie. L’Europe devient un cauchemar.

La capitaine du bateau de sauvetage "Seawatch 3" Pia Klemp encourt 20 ans de prison en Italie pour "aide à l'immigration". Foto: Asurnipal / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – En principe, Pia Klemp devrait être une candidate au Prix Nobel de la Paix, au Prix Sakharov et de nombreuses autres distinctions. Avec ses équipages, elle a sauvé environ 5000 êtres humains d’une noyade certaine en Méditerranée. Mais pour l’Italie, cette capitaine héroïne des temps modernes est une simple criminelle. Dans un pays manipulé de manière décomplexée par Matteo Salvini, Pia Klemp risque maintenant jusqu’à 20 ans de prison pour « aide et complicité à l’immigration illégale ». A se demander à quel moment l’Italie se réveille et se rend compte qu’elle a confié le gouvernement à une bande de barbares qui font fi de tous les acquis de notre civilisation.

L’argument qu’avancent les néofascistes européens, est que le sauvetage en mer « favoriserait les affaires des passeurs d’hommes » et cet argument est d’une bêtise ahurissante. Les seuls qui rendent les affaires de ces passeurs d’homme attractifs, sont les responsables politiques européens qui ne cessent de faire en sorte que les prix des passeurs continuent à grimper. Puisque le passage sur la Méditerranée devient de plus en plus dangereux, les passeurs se font payer de plus en plus cher : c’est ainsi que l’Union Européenne rend ce « business » encore plus attractif pour les criminels qui envoient des migrants sur des embarcations de fortune sur la mer.

Il est insupportable que l’Italie criminalise ceux qui maintiennent les « valeurs européennes » et le respect de la vie – les sauveteurs en mer. Ce ne sont pas les ONGs qui financent des camps de concentration dans des pays comme la Libye, ce ne sont pas les ONGs qui financent et équipent des dictateurs, tyrans et warlords en Afrique pour que ceux-ci fassent barrage aux migrants. Ce ne sont pas les ONGs qui soutiennent les marchés d’esclaves, qui financent les bandes qui violent, qui tuent et qui s’adonnent au commerce d’être humains. Ce sont les institutions européennes qui créent une situation qui force de plus en plus d’Africains à quitter leurs maisons pour essayer de survivre en Europe. Ceux qu’on devrait juger travaillent dans des bureaux luxueux à Bruxelles et à Rome.

Et Pia Klemp ? Dans le cadre de son procès, la capitaine a dit quelque chose qui devrait donner à réfléchir à ces criminels en costume-cravate qui non seulement sont responsables de la mort de milliers de personnes, mais qui osent en plus juger et criminaliser ceux qui tentent de sauver leurs victimes : « Les droits de l’homme ne sont pas seulement pour notre bénéfice personnel. C’est une obligation. Si les droits de l’homme ne s’appliquent pas à tous, ils ne s’appliquent à personne. »

L’Union Européenne doit maintenant rappeler l’Italie à l’ordre et prendre plusieurs mesures. D’une part, il est inconcevable que l’Union Européenne abandonne les pays qui jouxtent la Méditerranée face à la question de la migration – il faut donc imposer immédiatement une clé de distribution des migrants qui arrivent en Italie, en Grèce et d’autres pays autour de la Méditerranée. Si une telle clé a déjà été définie en 2016, sans avoir jamais été mise en œuvre, il faut maintenant hausser le ton. Les pays qui refusent d’accueillir des migrants et qui refusent donc la solidarité européenne avec les pays où arrivent les migrants, doivent être suspendus pour tout paiement bruxellois, le temps qu’ils changent d’attitude. Ensuite, il convient de stopper immédiatement ce procès de la honte contre Pia Klemp. Sauver des vies humaines ne peut pas constituer un délit ou un crime. Et troisièmement, l’Union Européenne doit immédiatement cesser son soutien à des tyrans, dictateurs, warlords, marchands d’esclaves en Afrique – c’est ce soutien qui favorise les affaires des passeurs d’hommes. L’aide au développement ne consiste pas à équiper les services secrets et de répression de dictateurs africains, mais dans la création de conditions de vie qui permettent aux Africains de vivre chez eux. Donc, il faut revoir toute la copie – en commençant pas un non-lieu dans le procès honteux contre Pia Klemp.

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