Vautours en politique (2)

Les deux députés CDU/CSU ayant encaissé de fortes sommes pour avoir facilité des commandes de masques sanitaires, refusent de quitter le Bundestag immédiatement. Il y a encore de l’argent à encaisser…

Un député CDU/CSU en train de surveiller le marché des masques sanitaires ? Foto: Dfrancou / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – L’Allemagne était choquée ces derniers jours en apprenant que deux députés CDU/CSU avaient encaissé de fortes commissions pour avoir facilité des commandes de masques sanitaires – dans le cadre de leur mandat, cette facilitation faisait partie de leurs missions et en aucun cas, ils n’étaient en droit d’encaisser des commissions pour cela. Les députés Georg Nüßlein et Niklas Löbel ne nient pas les faits, mais ils font valoir que cela était « normal ». Toutefois, ils ont annoncé vouloir quitter la politique au mois d‘août. Après avoir démissionné du groupe CDU/CSU au Bundestag, ils souhaitent quand même rester au Bundestag (en tant que député sans groupe) – car d’ici le mois d’août, ils encaisseront encore environ 60.000 € pour leurs « bons et loyaux services ».

Les deux chefs de la CDU, Armin Laschet et de la CSU, Markus Söder, souhaitent que les deux profiteurs quittent immédiatement le Bundestag, mais Georg Nüßlein et Niklas Löbel n’entendent pas de cette oreille-là. Les deux, qui avaient encaissé respectivement 660.000 € et 250.000 €, ne veulent pas se passer des environ 60.000 € qu’ils toucheront encore jusqu’en août. En attendant que cette affaire se clarifie, la CDU/CSU mène une enquête interne pour déterminer si d’autres députés se sont enrichis dans le cadre de la pandémie comme leurs deux collègues.

L’opposition, elle, est aussi en colère. Le comportement de Georg Nüßlein et Niklas Löbel ternit non seulement leur image personnelle et celui de leur parti (qui, suite à ce scandale, baisse déjà dans les sondages en amont des importantes élections régionales dans le Bade-Wurtemberg et en Rhénanie-Palatinat dimanche prochain), mais jette un ombre sur toute la politique et le parlementarisme. Si ceux qui sont en charge de représenter le peuple, profitent de ce mandat pour s’enrichir à titre personnel et ce, dans le cadre de la plus grande crise que l’Europe connaît depuis la IIe Guerre Mondiale, c’est tout le système politique qui est remis en cause.

Il n’y a pas le moindre doute, la carrière politique de Georg Nüßlein et Niklas Löbel est finie et le fait que les deux aient annoncé leur retrait de la politique en août, constitue plus qu’un aveu. Normalement, ils auraient non seulement dû annoncer leur retrait de la politique, mais ils auraient dû démissionner immédiatement de leur mandat de député. Mais, quand on est attiré par l’argent comme ces deux députés, on ne se passe pas des 60.000 € de rémunération qu’ils toucheront encore jusqu’à la fin de leur mandat et qui sait, peut-être il y a encore l’un ou l’autre « deal » qu’ils pourraient réaliser d’ici là.

Le « tous pourri » flotte au-dessus du Bundestag à Berlin et la CDU/CSU a actuellement une grande crainte – que d’autres cas puissent remonter à la surface. La probité du monde politique en Allemagne a pris un grand coup ces derniers jours. Toutefois, et ceci parle pour la démocratie allemande, dans de tels cas, lorsque des élus sont pris la main dans le sac, ils démissionnent. Dans d’autres pays, on s’agrippe à son poste et le cas échéant, les protagonistes de ce genre de scandale se font même réélire.

On verra ces prochains jours si la CDU/CSU arrive à convaincre les députés Georg Nüßlein et Niklas Löbel de démissionner immédiatement – avant qu’ils ne cassent pas totalement l’image de la CDU/CSU. Dans une « super-année électorale », les agissements de ces deux profiteurs pourraient coûter cher au parti d’Angela Merkel. Affaire à suivre.

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