Veni, vidi, VINCI

C’est ici, dans la région du Rhin Supérieur, que le groupe Vinci prend le contrôle du trafic nord-sud européen. Une belle affaire…

Les protestions contre le GCO concernent autant l'Allemagne que la France... Foto: Frank Dautel / Eurojournalist(e)

(KL) – On sait que le groupe Vinci est le maître d’ouvrage du Grand Contournement Ouest (GCO) à Strasbourg, mais les stratèges du groupe voient plus loin. De l’autre côté du Rhin, le groupe Vinci détient 50% du capital de « Via Solutions Südwest » qui est le concessionnaire du tronçon d’autoroute entre Malsch et Offenburg – ce qui permet à Vinci de contrôler l’ensemble du trafic autoroutier européen dans le sens nord-sud et d’encaisser un droit de passage des deux côtés du Rhin. Ainsi, l’axe autoroutier le plus important entre le nord et le sud de l’Europe sera entre les mains d’un groupe privé. Une fois de plus, l’Europe donne raison à ceux qui estiment que la politique européenne n’a comme seule raison d’être de faciliter les affaires aux grands groupes économiques.

On ne parle pas du Grand Hamster, on ne parle pas de la destruction des terres agricoles le long du GCO, on ne parle pas de la pollution et de la baisse de qualité de vie dans les villages touchés par le GCO – là, on parle d’un montage financier qui donne le droit à un groupe privé de contrôler les échanges entre le nord et le sud de l’Europe.

Avec une concession de 30 ans, Vinci compte rentabiliser son investissement dans la réfection des environ 60 km de l’autoroute A5 entre Malsch et Offenburg, juste en face de la ville de Strasbourg. Donc, que vous passiez par le GCO ou par l’autoroute A5, dans les deux cas, vous payez chez Vinci.

Il est inconcevable de laisser une société privée diriger le flux du trafic européen, de laisser une société privée s’enrichir avec un tel projet et on est en droit de se poser la question qui a accordé les autorisations à ce montage fondamentalement anti-européen. Les usagers des routes européennes n’auront plus le choix – pour éviter ce goulot d’étranglement du Rhin Supérieur organisé par Vinci, il faudrait faire des détours de plusieurs centaines de kilomètres – ou passer par la caisse de Vinci.

Pour un projet de modernisation d’une infrastructure comme une autoroute, l’état aurait pu agir lui-même en tant que maître d’ouvrage, au lieu de permettre à un groupe privé (qui doit savoir pourquoi il a avancé en Allemagne non pas sous son propre nom, mais en se cachant derrière le nom de « Via Solutions Südwest », dont Vinci détient 50% du capital et donc le contrôle) de prendre un pouvoir absolu sur le trafic nord-sud européen.

Le GCO est à considérer sur un plan transfrontalier. – Il convient donc de considérer le GCO, largement contesté par les riverains du côté alsacien, dans un contexte plutôt politique et surtout, transfrontalier. On ne peut pas évaluer le dossier « GCO » en faisant fi de cette stratégie de Vinci de s’approprier tout le trafic nord-sud sur l’axe autoroutier le plus important en Europe.

Scandale environnemental, scandale politique – et il ne faut pas venir nous dire qu’on aurait du protester avant. Tant que les grands groupes leurrent le public en avançant masqué (comme en Allemagne où rien n’indique que « Via Solutions Südwest » est contrôlé par Vinci), les citoyens concernés ont du mal à évaluer à juste titre les stratégies de ces groupes financiers. Comment intervenir dans la genèse d’un tel projet si toutes les données ne sont pas connues ?

Il serait judicieux de stopper ce projet dans un premier temps et que la Commission Européenne lance une enquête pour déterminer si cette stratégie d’un « goulot d’étranglement » au niveau du Rhin Supérieur est vraiment conforme avec la politique européenne.

Il est inconcevable que des infrastructures autoroutières européennes, construites avec de l’argent public, finissent par uniquement bénéficier aux groupes privés. Cela s’appelle du banditisme de grand chemin…

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2 Kommentare zu Veni, vidi, VINCI

  1. ARNOLD Martine // 27. Oktober 2016 um 22:05 // Antworten

    Je suis surprise et très déçue du côté “einseitig” de votre papier sur le GCO. On dirai un résumé partiel et partial des postures d’Alsace Nature dont on peut regretter qu’ils oublient un peu la lutte légitime contre l’érosion de la biodiversité, (qui ne se réduit pas au hamster) au profit d’une guérilla mal argumentée sur la légitimité et le financement de cette infrastructure.
    Le système de la concession est sans doute critiquable mais est en place en France depuis des décennies, et ce n’est pas en période de pénurie d’argent public que l’Etat va en changer. Et après tout faire payer un équipement par l’utilisateur n’est pas immoral, l’Allemagne n’a pas fait ce choix.
    Et dans l’Oberrhein, Strasbourg est la seule grande ville à ne pas disposer d’un contournement autoroutier.
    Alors parler de milliers de manifestants quand il y avait au plus 2000 personnes (pas seulement dans les décomptes de la police) à la manifestation du 15 octobre alors que des dizaines de milliers d’usagers attendent cette autoroute, ce n’est pas digne d’un média transfrontalier comme le votre. Vous nous avez habitué à des articles de meilleur niveau.

  2. Merci pour votre commentaire, Madame Arnold. Je vous garantis que cet article n’a pas été rédigé sous le contrôle d’Alsace Nature… et si vous lisez attentivement, vous constaterez que cet article se réfère au montage financier d’un “goulot d’étranglement” orchestré par Vinci. Ce groupe crée un passage à péage au coeur de l’Europe en prenant ainsi les commandes du flux de circulation dans le sens nord-sud de l’Europe et ce, pour des décennies. De nombreuses questions subsistent, comme celle de la raison pour laquelle Vinci opère en Allemagne sous un autre nom – ne veulent-ils pas qu’on voit du premier coup que ce “goulot d’étranglement” n’est autre qu’une “licence à imprimer de l’argent” ? Lorsque les plans sont discutés publiquement, pourquoi est-ce que les gens doivent évaluer un projet dont certains paramètres cruciaux (comme celui qui est effectivement le maître d’ouvrage) restent dans l’obscurité ? Pour l’instant, personne n’a voulu répondre sur cette opération transfrontalière – qui à nos yeux, constitue le véritable scandale dans ce projet. Avec nos meilleures salutations – votre rédaction !

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