Veut-il les pleins pouvoirs ?

Il faut maintenant mettre dans la tête des Français que les chars russes traverseront d’ici peu le Pont de l’Europe, tout comme ils allaient défiler sur les Champs Élysées en 1981. Foto: Kremlin.ru / Wikimedia Commons / CC-BY 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Certaines formules tendraient à rester dans l’Histoire. Après le fameux « …parce que c’est notre prôôôjet », beuglé Porte de Versailles en 2016 par le candidat, il y eut le « Nous sommes en guerre » de son premier mandat présidentiel, prononcé avec gravité en 2020, et maintenant « …la patrie a besoin de vous… », dit il y a peu, avec une componction toute jésuitique, lors de son second mandat.

Battu sèchement aux Élections Européennes de 2024, puis aux Législatives provoquées par une dissolution caractérielle de l’Assemblée Nationale, le Président à Projet n’a pas eu d’autre option que de punir sévèrement le peuple, en lui imposant successivement deux Premiers Ministres à Contrats à Durée Incertaine, issus du camp des perdants. Guerre contre le Covid-19, Guerre contre le Peuple et maintenant Guerre contre la Russie, c’est à croire que cet homme, ne se sent bien que déguisé en Jedi !

Si la situation, tant intérieure qu’internationale, n’était pas si grave, il ferait bon en rire, mais l’alignement des entêtements, tant de l’Union Européenne que de la Présidence Française, n’a absolument rien à envier à ceux d’Outre-Atlantique et d’Outre-Oural. Appuyé par une présidente de la Commission européenne encore moins légitime que lui, qui du temps où elle était ministre, a mis la Bundeswehr à genoux, le roitelet au plumage bien défraîchi veut visiblement se refaire une santé, du moins à l’international, en se prenant pour au faucon… pèlerin !

Comment conserver le pouvoir, quand le peuple vous renvoie à vos chères études, et que la Constitution vous permet de rester en place, du moins jusqu’aux prochaines présidentielles ? On peut nommer des obligés au Conseil Constitutionnel, à l’instar des nominations conservatistes trumpiennes à la Cour Suprême. Ça ne coûte rien et tôt ou tard, ça rend toujours service. Mais ce n’est pas suffisant, car pour que le peuple se (sou)mette aux ordres, il faut du lourd.

Du lourd et du brutal, comme la gnôle des tontons flingueurs qui datait du temps du Mexicain ! Et à nouveau, blague à part, le parallèle avec l’enivrement du peuple n’est pas tant que ça hors de sens. Il faut maintenant mettre dans la tête des Français, que les chars russes traverseront d’ici peu le Pont de l’Europe, tout comme ils allaient défiler sur les Champs Élysées en 1981. Il y a péril en la demeure, donc le réarmement envisagé bien trop tard, devient soudainement une priorité, pour laquelle il faut un chef.

Le Président de la République étant aussi le Chef des Armées, ça ne peut pas mieux tomber ! La menace d’une guerre imminente, alors qu’elle a commencé à l’est il y a trois ans déjà, constitue une véritable aubaine pour sabrer les budgets de la santé, de l’éducation, du social, de la transition énergétique, du renouvellement des infrastructures, car tel est son prôôôjet. « C’est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement », dit toute honte bue, celui qui depuis 2017, saccage les services publics du pays.

Perdant toujours plus de crédit dans l’opinion publique, rien ne lui irait mieux que d’obtenir les pleins pouvoirs, par une astuce constitutionnelle et un enfumage du Parlement. Mais pour cela, la menace doit monter de plusieurs crans. D’où cette propension soudaine à titiller l’Ours Russe, alors qu’en 2022, il ne fallait surtout pas l’humilier. Il y a du Pétain revisité, dans l’attitude de celui qui tient le maréchal félon pour « un grand soldat ».

Par ailleurs, son caractère affairiste avéré l’obligeant, peut-être inconsciemment, à l’emploi de certains mots, le Chef de l’État concluait son adresse aux Français par « Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu’à nous que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements ». Il ne serait pas inintéressant, de connaître le montant des dividendes encaissés par les actionnaires des usines d’armement, depuis le 24 février 2022. Le montant de dividendes et ce à quoi ils ont été affectés…