Viktor Orbán et les 40 menteurs

Des rapports grassement payés

De la Vénalité... Foto: Dubois, Digital Bodleian/Wikimédia Commons/CC-BY-SA PD

(Marc Chaudeur) – La fondation officielle du Fidesz a grassement payé  (150 000 euros) une entreprise privée dirigée par un ancien sénateur belge, pour qu’elle lui fournisse deux rapports de droit public. Ce Monsieur sale qui lave plus blanc est visiblement à la recherche de débouchés : après avoir fondé une entreprise de glorification des atteintes aux Droits de l’Homme en Azerbaidjan, l’ex-sénateur vend ses mensonges au régime national-populiste hongrois.

L’occasion en a été les investigations de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe entre 2013 et 2015. L’APCE, qui a pour mission d’examiner le respect des Droits de l’Homme dans les 47 Etats qui en sont membres, a commandé alors plusieurs rapports portant sur le droit public et ses évolutions récentes en Hongrie. La fondation du Fidesz, le parti populiste au pouvoir, a choisi de faire appel à une entreprise privée dirigée par l’ancien sénateur flamand Stef Goris. Cette entreprise se nomme S.C.Services ; elle est enregistrée en Belgique, à Wemmel.

Goris est précisément un ancien membre de l’ APCE, devenu membre honoraire. Il a donc accès libre aux manifestations de l’Assemblée, et à ses facilités.

Membre du VLD, le Parti libéral et démocrate de Guy Verhofstadt, Stef Goris fait partie des 13 politiciens européens qui ont été éjectés en 2018 pour avoir accepté des p’tits cadeaux et de gros pots de vin du gouvernement azerbaïdjanais. Un gouvernement intensément dictatorial, même si certains Strasbourgeois aiment beaucoup ce pays (clic, clic).Voilà : en 2012, Goris a fondé, avec son petit camarade (et complice) Alain Destexhe, l’AEOE (Académie européenne d’Observation électorale). Grâce à cet éminent paravent européen, leur staff aurait touché, jusqu’à 2014, pas moins de 800 000 euros… De quoi acheter un allume-cigare pour leur Ferrari. Mis en cause, les deux hommes ont toujours nié. L’APCE a cependant bien établi, dans un Rapport récent (du 15 avril 2018, https://assembly.coe.int/Communication/IBAC/) que Goris était une figure clé du lobby azerbaidjanais.

Le député flamand semble ensuite, quand le bouchon a commencé à sentir trop fort, s’être rabattu sur la Hongrie populiste et autoritaire. La S.C.Services a donc produit deux rapports. De valeur médiocre, selon des experts juridiques qui estiment qu’il ne s’agit pas d’un travail original et consistant, mais d’un ramassis de citations orbanifiques, d’ailleurs peu pertinentes. En clair : des considérations qui ne sont autres que celles que répète sans cesse le gouvernement Fidesz… C’est Gergely Gulyás, actuellement membre du Bureau de la Présidence hongroise et alors directeur de la Fondation du Fidesz, qui a chapeauté les deux rapports. Le premier, 107 pages, lui aurait coûté 90 700 euros ;  le second, 25 pages, aurait rapporté 60 500 euros à Goris.

Mais il y a mieux. Selon le média hongrois d’investigation Atlatszo (https://atlatszo.hu/), en 2017, une association elle aussi fondée et présidée par Stef Goris (European Heritage IVZW) aurait touché 25 000 euros du Fidesz pour couvrir les frais de « l’opération, de son organisation et de son management ». Pour financer quoi ? Mystère. Les personnes concernées (Goris,Gulyás…) refusent de répondre.

Encore mieux : un témoignage anonyme recueilli par OCCRP (https://www.occrp.org/) affirme que la S.C.Services a reçu… 255 000 euros, entre 2013 et 2015, en 8 paiements successifs, tombés du Ciel du Bureau de Premier ministre hongrois. Le bureau n’a jamais répondu aux questions sur ces versements.

Faut-il insister sur le fait que c’est l’opacité de la Commission Européenne et, étroitement liée à elle, l’activité bien peu contrôlée des lobbies qui permet ce genre d’aventurisme financier et de brigandage ?

A lire absolument : l’article d’OCCRP. Lien donné plus haut dans l’article.

 

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