Viktor Orban vs. Union européenne

La nouvelle mandature des institutions européennes commence mal – par un bras de fer entre la présidence hongroise du Conseil Européen et l'Union européenne.

Viktor Orban et Ursula von der Leyen - deux des plus grands problèmes de l'Union européenne. Foto: Krystian Maj / gov.pl / Wikimedia Commons / CC-BY 3.0pl

(KL) – Pendant la trêve estivale des institutions européennes, on a failli oublier les scandales qui avaient secoué les institutions juste avant la pause. Corruption et espionnage semblaient faire partie du cirque bruxellois, mais la nouvelle crise juste au début de la nouvelle mandature, donne à réfléchir. Viktor Orban, le chef du gouvernement hongrois, semble avoir décidé de faire des six mois de la présidence hongroise, un cavalier seul, multipliant les visites dans des pays avec lesquels l’UE est en froid – comme la Russie ou la Chine ou chez Donald Trump où Orban s’est présenté avec une « initiative de paix » qui n’a été concertée avec personne. Maintenant, la Commission européenne réagit, mais l’attitude d’Ursula von der Leyen est étrange. Le « boycott » des commissaires européens des réunions organisées par la Hongrie, est un geste pour la galerie – la Commission et Ursula von der Leyen sont inculpées pour avoir récemment versé 10 milliards d’euros gelés à Orban, en expliquant ce versement par « les progrès hongrois dans le rétablissement de l’état de droit ». Espérons que les eurodéputé.e.s se souviennent de cette procédure en cours aujourd’hui, lorsque Von der Leyen doit passer son oral devant le Parlement européen…

Les « mesures » annoncées par Ursula von der Leyen contre Orban, sont presque ridicules. Désormais, elle n’enverra plus les commissaires aux réunions informelles organisées par la Hongrie, mais seulement des fonctionnaires haut placés. Et dur dur pour Orban, la Commission n’ira pas à la réception traditionnelle de la présidence hongroise. Pas vraiment de quoi pouvant causer des nuits blanches au fantasque chef du gouvernement hongrois.

L’année dernière, le Parlement européen avait voté une motion déclarant qu’en l’état, la Hongrie ne serait pas en mesure d’assumer la présidence du Conseil européen, mais à l’époque, Ursula von der Leyen avait ignoré ce vote pour pouvoir verser ces 10 milliards d’euros à la Hongrie, pour que celle-ci ne bloque plus les milliards qu’elle voulait verser à l’Ukraine. Mais maintenant se pose la question comment stopper Orban (et idéalement Von der Leyen dont les préjudices qu’elle cause à l’UE commencent à s’accumuler). Théoriquement, il est possible de retirer la présidence du Conseil européen à un état-membre. Pour ce faire, il faut qu’au moins 20 des 27 états-membre représentant 65% de la population européenne votent pour une telle destitution, mais pour l’instant, aucune procédure en ce sens n’est en cours. Il ne faut pas oublier les louanges d’Ursula von der Leyen quant aux « progrès » hongrois contre la corruption, l’autoritarisme de l’état, le non-respect des décisions européennes (par exemple le refus d’accueillir des réfugiés selon les clés européennes) et dans le rétablissement de l’état de droit – après ce versement de 10 milliards d’euros, Ursula von der Leyen aurait du mal à expliquer une telle procédure visant la Hongrie.

Les « mesures » prises contre Orban sont, au grand maximum, symboliques et ne l’empêcheront pas de poursuivre son cavalier seul. Pour son ami Poutine, ceci est jouissif, car l’UE se montre, une nouvelle fois, impuissante face aux agissements d’Orban. La discorde qu’Orban sème au sein des institutions européennes, arrange bien le patron du Kremlin, et montre à quel point l’Union européenne n’arrive pas à parler d’une voix. Dans une telle situation, les plans d’élargissement de l’Union poussés par Von der Leyen sont pathétiques – avant d’avoir profondément réformé ces institutions, un nouvel élargissement marquerait la fin définitive de l’action européenne.

Dommage que les puissants de l’Europe, qui, dans leurs pays respectifs, ont déjà perdu la confiance de leurs peuples, aient décidé derrière les portes fermées à Bruxelles, de prendre les mêmes pour les postes importants qui eux, ne s’attaqueront certainement pas à des réformes, tellement ils peuvent profiter personnellement des structures européennes.

Une procédure visant le retrait de la présidence hongroise, prendrait du temps et cette présidence se termine en fin de l’année de toute manière. Six mois pendant lesquels Orban pourra continuer à mener l’UE et Ursula von der Leyen par le bout du nez. Ceux qui pensaient que la nouvelle mandature européenne pourrait apporter enfin des changements au niveau européen, doivent se raviser. Il n’en sera rien. Et une chose est certaine – ce ne sera pas la Commission européenne qui déclenchera des réformes et qui rendra l’Union européenne plus transparente et efficace. Business as usual, corruption et espionnage y compris. Pauvre Europe.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste