Vladimir Poutine mise sur Bachir al-Assad – et nous ?

Le président russe devance la France en soumettant une proposition pour la lutte contre le Daesh à l'UNO. Qui obligerait les états occidentaux d'abandonner leur stratégie vis-à-vis d'Assad.

Bachir al-Assad et Vladimir Poutine - pourquoi est-ce que la Russie tient tant à maintenir le dictateur syrien au pouvoir ? Foto: www.kremlin.ru / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – «Notre proposition pourra être acceptée par tout le monde», disait Vitali Tchourkine, l’ambassadeur russe auprès de l’ONU, sachant que le contraire est vrai. Car le papier que la Russie a soumis à l’ONU prévoit le renforcement de la position de Bachir al-Assad, le président syrien. Pas grave, disent les uns, on s’occupe d’abord du Daesh et après d’Assad. Mais est-ce vraiment la solution ?

Bachir al-Assad, c’est l’homme qui a causé l’essor du Daesh – en déclenchant une guerre civile meurtrière, en bombardant et emn gazant sa propre population, en faisant tuer de centaines de milliers de personnes et, accessoirement, en déclenchant la plus grande vague de réfugiés que l’Europe a vu depuis la IIe Guerre Mondiale. Faire cause commune avec cet assassin pour combattre d’autres assassins qui doivent leur «succès» à exactement cet homme ?

Vladimir Poutine a la suite dans les idées. Il sait que le monde aspire à une action commune, à une solidarité contre le terrorisme au-delà des frontières. Ce qui, en principe, est la bonne réponse à la situation actuelle, sauf ce «détail» de renforcer la position d’Assad. Il est évident que tant que Bashir al-Assad est au pouvoir en Syrie, les hostilités ne cesseront pas. Et personne ne doit être dupe – si jamais Assad devait faire partie d’une «coalition contre le terrorisme», personne ne le délogera après les combats contre le Daesh contre la volonté russe.

Si la Russie entend vraiment intervenir dans un élan solidaire contre le terrorisme du Daesh, qu’elle accorde l’asile à Assad et qu’elle l’accueille chez elle – pour ouvrir la voie pour une Syrie «après Assad». Sans oublier que le combat contre le terrorisme du Daesh (et de Boko Haram, Al-Quaïda et tous les autres groupes) nécessite non seulement des actions militaires, mais aussi des mesures économiques – comme le gel des comptes, l’isolement des banques utilisées par le Daesh, l’arrêt de livraisons d’armes aux pays qui soutiennent directement ou indirectement le Daesh et toute une série d’autres mesures qui concernent aussi les intérêts économiques de cette «coalition de bonne volonté».

Pour ce faire, le papier que la Russie a soumis à l’ONU ne suffit pas. On ne peut pas raisonnablement se limiter actuellement à une concertation d’action militaires, sans agir sur les autres niveaux nécessaires pour stopper le Daesh. Il convient d’organiser immédiatement une conférence avec l’ensemble des acteurs, de la Russie, en passant par les Etats-Unis et la Chine, jusqu’aux européens, pour décider d’un paquet de mesures qui pourront mettre un terme à ce fléau qui est le terrorisme et ce, non seulement en Europe et aux Etats-Unis, mais également dans les pays africains meurtris par le terrorisme islamiste.

Le monde se trouve devant une situation dramatique qui pourrait être changée en quelque chose de durable – la solidarité mondiale face à la violence terroriste. Pour stopper les guerres dans le monde, il ne suffira pas d’en organiser une nouvelle. Aujourd’hui, la solidarité mondiale doit passer par des solutions intelligentes, une remise en question de tout ce que nous avons fait jusqu’ici, une nouvelle définition de l’importance que nous accordons aux banques, aux marchés financiers, à nos industries d’armement, à l’organisation générale de la politique mondiale.

Nous n’avons pas le choix – si le monde n’arrive pas à avancer solidairement dans cette situation, nous nous n’en sortirons plus.

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