Voilà où mène le populisme

Après 4 ans de « fake news » de Donald Trump, les Etats-Unis ont perdu la tête. Le pays mettra longtemps pour digérer cette attaque sur la démocratie. Et cela peut arriver chez nous aussi.

Qui voudrait laisser la gestion de nos pays à une telle meute surexcitée ? Foto: ScS EJ

(KL) – « Stand back, stand by », avait lancé Donald Trump en direction des ultra-nationalistes violents, « reculez pour l’instant, mais tenez-vous prêts » et ses disciples l’ont écouté. Il s’en est fallu de peu pour que les « trumpistes » s’emparent du Congrès, des bulletins de vote, de l’élection présidentielle. La composition du groupe de manifestants à Washington fait forcément penser aux « Querdenker » en Allemagne et aux « Gilets jaunes » en France – c’est l’insurrection des couches de la société qui actuellement, sont à deux doigts de tomber dans la nouvelle précarité engendrée par la crise sanitaire. Le phénomène n’est pas un phénomène américain, mais mondial. Partout, les gens commencent à ne plus respecter les institutions démocratiques et s’attaquent ouvertement à tout ce qui représente l’état. Ce sont les populistes-nationalistes qui en portent l’entière responsabilité pour cette éruption d’une « colère populaire », qui n’en est pas une, mais le résultat d’une manipulation par justement ces populistes.

Aux Etats-Unis, c’est Donald Trump qui devra répondre de cette insurrection et surtout, de tout ce qui a mené à cette escalade de la violence. Le fait qu’il continue encore aujourd’hui de raconter qu’il ait gagné cette élection qu’il a perdu avec une différence de 7 millions de voix, a pris chez les esprits simples qui croient tout ce qu’il dit. Dans cette frange de la population, on se fiche du fait qu’aucun cas de fraude électorale n’a été constaté par les tribunaux américains, même pas par les tribunaux acquis à la cause de Trump et des Républicains. Mais le populisme fonctionne ainsi – il faut manipuler ceux qui sont faciles à manipuler. Et depuis la nuit des temps, ça fonctionne.

Hier soir, les « Querdenker » allemands et les « gilets jaunes » français ont du se délecter devant la télévision. Quelques semaines après que des « Querdenker » allemands, aussi fous et agressifs que les « trumpistes », avaient tenté de s’introduire dans le parlement allemand à Berlin, ces images ont certainement donné des idées aux extrémistes européens. « Si eux peuvent le faire aux Etats-Unis, pourquoi on ne le fait pas chez nous ? », ont du penser les extrémistes européens. Il faudra sans doute s’attendre à une montée de la violence également chez nous.

Nous sommes au carrefour des époques. « L’ancien monde », que ce soit aux Etats-Unis, en Allemagne, en Grande Bretagne ou en France, est toujours en place et ne comprend pas que seules, des changements majeurs pourront sauver les systèmes en place, une sorte de « révolution d’en-haut », mais à vrai dire, le personnel politique actuel manque tellement de carrure et de visions qu’il est exclu que ces changements soient initiés par le personnel en place et ce, malheureusement dans tous les pays. Par conséquent, les changements viendront d’en bas, de la part de groupes et personnes qu’on a vu hier à Washington et que l’on voit tous les week-ends à Paris ou à Berlin.

La réponse « militaire » qui est la seule réponse des gouvernements en place, ne pourra pas pacifier les sociétés en colère, au contraire. Ni aux Etats-Unis, ni en France, ni en Allemagne. Les « bobos de gauche » dans leurs F4 spacieux dans les quartiers huppés qui stimulent ces affrontements en les applaudissant des deux mains, devraient se taire – ils feront partie de ceux que les meutes en colère n’épargneront pas non plus.

Mais comment sortir d’une telle crise extraordinaire ? Est-ce qu’il n’est pas déjà trop tard pour un dialogue sociétal ? La balle est dans le camp des responsables et ceci est autant valable pour les gouvernements nationaux que pour les institutions européennes. Depuis des années, on nous promet des réformes, « un nouveau projet européen », des sociétés qui « mettent l’être humain au centre de leur action », mais dans les faits, la politique se limite aujourd’hui surtout à créer des conditions favorables pour les « marchés financiers » qui eux, tireront leur épingle du jeu, quoi qu’il arrive. Ceux qui resteront en rade, sont ceux qu’on a vus hier à Washington et que l’on voit les week-ends à Paris, Berlin et d’autres grandes villes. Avec ce qui se dessine actuellement, le « Kärcher » ne suffira pas – soit, on démarre maintenant des réformes raisonnables, soit, les changements auront lieu dans la violence. Pour faire ce choix, il ne reste que peu de temps.

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