Vont-ils sacrifier la Grèce sur l’autel des marchés ?

Si seulement la Grèce avait un gouvernement de la Droite... l’UE la sauvera certainement...

Est-ce que les lumières devant le parlement grec risquent de s'éteindre ? Foto: Root66 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La Grèce est le pays ayant «inventé» la démocratie – et maintenant, l’UE veut lui mettre la chaise devant la porte. Les responsables européens ont loupé une occasion en or pour opérer un changement d’orientation de cette Europe et préparent maintenant un «Grexit» qui, selon les traités, n’est même pas possible.

Premier en ligne pour vouloir jeter la Grèce, le ministre des finances Wolfgang Schäuble qui a fait savoir depuis New York qu’il ne s’attendait pas à une solution ces prochaines semaines. Comprendre : «on fera cuire la Grèce à feu doux», jusqu’à ce que le gouvernement grec jete l’éponge. Ce qui semble déranger les gros bonnets européens avant tout, c’est le fait que les Grecs aient osé élire un gouvernement qui évalue les besoins de ses citoyens plus haut que l’envie des banques de gagner encore plus d’argent. Mais en laissant la Grèce mourir économiquement, l’UE commet l’une de ses plus grandes erreurs de son existence. Elle sonne le glas de sa propre existence.

Hormis le fait que la sortie de la Grèce de la zone euro n’est pas possible en l’état (l’exclusion d’un état de la zone euro n’est pas prévue par les traités), l’attitude des Schäuble, Juncker & Cie. en dit long sur l’Europe millésime 2015. Cette Europe se fiche de ses citoyens – et se réduit à un humble serviteur des intérêts des banques et des multinationales américaines. L’Europe se fiche du fait qu’en Grèce, au Portugal, en Espagne, des gens aient faim, n’aient plus accès aux soins et aient perdu toute perspective. Mais une telle Europe, pourquoi devrait-on s’engager pour elle ? Pourquoi faut-il dépenser des fortune pour un appareil administratif qui ne travaille pas pour ses citoyens, mais carrément pour ceux qui cyniquement excluent des peuples entiers de la prospérité en Europe ?

Ce faisant, les responsables européens favorisent l’émergence du nouveau nationalisme qui sévit partout en Europe sous différents formats. L’Union Européenne se rend obsolète – elle n’arrive pas à dicter les règles de jeu aux marchés financiers, mais remplit sagement tout ce que les banques, les grands fonds d’investissement et d’autres criminels en costume-cravate lui dictent.

L’Union Européenne a raté peut être sa dernière occasion de se positionner aux côtés de ses citoyens – et l’Allemagne, pour la troisième fois en un siècle, est en train de ruiner toute une partie de notre continent. Il est honteux qu’après la IIe Guerre Mondiale, l’Allemagne, sauvée par la solidarité des autres peuples du monde, refuse de tout faire pour sauver à son tour un des pays qu’elle avait tant fait souffrir il y a 70 ans.

Le refus de rembourser le «crédit forcé» que les Nazis avaient encaissé pendant la guerre en Grèce, le refus de même discuter le sujet des réparations, est une honte. Les casques pointus ont été remplacés par des stylos aussi pointus, la guerre se fait aujourd’hui au niveau des finances, mais les conséquences sont les mêmes. L’ancien Commissaire Européen Günther Verheugen avait parfaitement raison, lors d’un débat télévisé : «Aujourd’hui, j’ai honte d’être allemand».

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