Votre vie, notre combat : le SSA

L'installation récente d'un hôpital militaire de campagne équipé de 30 lits de réanimation à Mulhouse, et avant cela, le 18 mars, l'évacuation, vers Toulon, par un C135 militaire équipé du module Morphee de 6 patients gravement touchés par le Covid-19 mettent en lumière le Service de Santé des Armées.

L'intervention du Service de Santé des Armées a une longue tradition - et elle est souvent indispensable. Foto: Bycro / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Que l’Armée ait un service de santé, tout le monde s’en doute. Qu’il soit performant, certains en doutent. Il n’y a qu’à lire sur les réseaux sociaux certains commentaires à propos de l’installation de l’hôpital de campagne à Mulhouse : « Les Chinois ont construit deux hôpitaux en dix jours, et nous, il nous faut deux semaines pour monter une tente ! », « 30 lits, mais ça ne suffira jamais ! », j’en passe et des meilleures, pour ne pas dire des pires.

Primo : Les unités du Service de Santé des Armées sont prêtes à intervenir sans délai dès qu’elles en reçoivent l’ordre. Et l’ordre, c’est qui qui le donne ? Suivez mon regard. La procrastination, la recherche des effets d’annonce et la mise en scène des gouvernants en vue de leur auto-promotion, les militaires n’en ont rien à carrer. L’Armée française n’est pas une armée mexicaine, le gouvernement actuel, lui, s’en rapproche ! En même temps, quand on se hisse au pouvoir pour transformer un pays démocratique en république bananière…

Segundo : L’installation d’un hôpital de campagne n’a rien à voir avec le montage d’un poste médical avancé. Vous saisissez la différence, ou je dois vous renvoyer à Wikipedia ? Un hôpital militaire de campagne contemporain n’a plus rien à voir avec ceux des guerre napoléoniennes, époque où amputation et cautérisation constituaient les principales techniques d’intervention. Un hôpital militaire tel que celui installé à Mulhouse, c’est de la haute technologie de pointe sous toile, donc nécessitant de la précision pour le montage et de nombreuses vérifications avant mise en service. Or, quand le sage montre la très haute technologie de pointe sous la toile, l’imbécile regarde juste… la toile !

Tertio : Les personnels du Service de Santé des Armées sont sélectionnés et formés selon des critères d’excellence et animés d’un sens du devoir à faire blêmir de honte certains praticiens et soignants ayant choisi le secteur privé pour se faire des gondes en joncaille. C’est clair, ou je dois développer ? J’ai, lors d’une formation Celops, côtoyé des auxiliaires sanitaires de l’Armée de Terre. Leur niveau de compétence sur le terrain dépassait de loin celui des infirmièr(e)s et infirmiers lambda, dont je ne m’exclus pas. Comme les personnels hospitaliers civils, qui cumulent les heures sups sans compter – heures sups dont leurs comptes épargne temps ne sont qu’un pâle reflet – les personnels du Service de Santé des Armées ne bossent pas à la petite semaine, et chez eux, il n’y a même pas de comptes épargne temps. Message reçu ? Non ? Dans ce cas, ne perdez pas de temps à lire la suite !

Quatro : Juste un exemple, le lieutenant Alain Limouzin, né le 21 avril 1918 à Lorient, tombé le 22 janvier 1945 lors d’un bombardement à Schweighouse dans le Haut-Rhin, c’est-à-dire à une trentaine de kilomètres d’un cluster de l’actuelle pandémie de Covid-19. Engagé depuis 1936, mobilisé en 1939, fait prisonnier en 1940, libéré en 1941, thèsé en 1942, il ne cessa de servir comme médecin militaire sur divers théâtres d’opérations. Il se distingua notamment en allant, au mépris du danger, porter lui-même secours à des blessés se trouvant sur un champ de mines. Dans sa dernière lettre, écrite le 15 décembre 1944, adressée à ses parents et recueillie par sa fille Annick (née en 1943), il rêvait d’un Noël d’après-guerre, en compagnie de ses proches dont Paule, son épouse (depuis 1941). Faisant part de ses projets pour cet après, il se confiait à sa bonne étoile, continuant sans relâche à « accomplir son devoir de médecin au front avec allégresse, soutenu par des sentiments que rien ne peut altérer » (sic). Un mois et sept jours plus tard, il perdait la vie, âgé alors de 26 ans, 9 mois et 1 jour. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende, et notamment, celui qui parle aujourd’hui de guerre… Les batailles se gagnent sur le terrain, pas dans les cabinets ministériels ou sur les réseaux sociaux. Pour que les « piou-piou », civils et militaires remportent ces batailles, il leur faut des moyens, pas des paroles !

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