Wee Wee le Kangourou

Le 2 mai dernier, Emmanuel Macron a rendu visite à son homologue australien et à sa charmante épouse. Le joli Monsieur Macron a dit au premier ministre, Malcolm Turnbull : « Your wife is so delicious ! »

En Australie, on cultive des oiseaux poilus. Foto: Printer Swaine / Wikimedia Commons / PD

(MC) – Aïe… Outre le zézaiement bien français de M. Macron, cet accent frenchy sur le « the » que les Anglo-Saxons aiment bien parfois parce que ça fait classy, il y a donc eu bien plus grave : Emmanuel Macron a usé d’une métaphore culinaire très audacieuse ! Et Mister Turnbull s’apprêtait sans doute à le voir dévorer sa belle moitié !

Et la presse australienne s’en est donnée à cœur joie. Voilà M. Macron dépeint sous les traits de Pépé the Pew, ce Pépé le Putois des années 1930 qui pour certains Australiens, représente si bien les Français : comme Pépé, ces latinos de Français sont tripoteurs (ceux qui l’ignoraient l’ont appris en admirant, tout attendris, les mimis et les câlinous qu’ont échangé le bel Emmanuel et le gros Trump), ils pudlaguent (du verbe néo-français pudlaguer) parce qu’ils croquent de l’ail sans cesse : dans le métro, en pleine réunion et même au lit ; et puis ils ne cessent de draguer les innocentes et froides (je reste poli) Australiennes. Fi donc. Et voilà maintenant que le président français lui-même avoue son anthropophagie ! Imaginez alors l’ambiance, à plus forte raison, dans un bistro de la province française !

Je me souviens que dans les années 1970, quand je regardais encore la télé, il y avait un feuilleton qui se déroulait dans l’arrière-cambrousse australienne. Les personnages, bouffis, portaient des uniformes de scouts et mangeaient sans cesse de objets mous non identifiables (des OMNI). Les réalisateurs, comme tous les Anglo-Saxons, étaient si avares que chaque séquence de 5 minutes comportait au moins 3 coupures : il fallait économiser la pellicule, voyons. L’intrigue, à la fois inextricable et infantile, n’avait d’intérêt que pour les comédiens guindés et peignés comme des kiwis qui sortaient tout droit de leurs église sans statues (on risquerait trop de les leur voler, même celles en plâtre qu’on vend dans les drugstores).

Mais heureusement, il y avait le kangourou, qui s’appelait Win Win, Wee Wee ou Wicky, je ne sais plus. Il faisait sans cesse houba houba. Ah non, je confonds avec le marsupilami.

Ah oui, voilà : il s’appelait Skippy. C’est original, comme nom, pour un kangourou : Sautou le Kangourou, à peu près.

Eh bien, croyez moi si vous voulez : sans Sautou le Kangourou, jamais l’intrigue, incompréhensible, ne pouvait être éclaircie. Au grand jamais par ces scouts trop sérieux qui broutaient sans cesse des éponges et se cisaillaient les jambes dans les coupures d’une monteuse pingre. Il leur fallait Wee Wee.

Vous aurez sans doute remarqué que je n’ai aucun préjugé. Plus tard, j’ai appris à apprécier les surfeuses australiennes, surtout les muscles de leurs épaules. Comme je déménage souvent, je suis très sensible à cette variété antipodique de la grâce féminine. Et puis c’est très reposant pour moi de discuter de Mickey Mouse plutôt que de la Critique de la raison pure. Critique du raisin pur, ha ha : voilà une plaisanterie australienne que je vous offre ici. Gratuitement.

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