Wolfgang Schäuble – enfin écarté

L’ère du ministre des finances allemand Wolfgang Schäuble touche à sa fin. Désormais, il peut se couler des jours doux sur un poste honorifique et insignifiant.

Il était temps de l'écarter d'un poste opérationnel... Foto: Kuhlmann/MSC / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0de

(KL) – Que faire d’un ministre qui a 75 ans et dont plus personne ne veut ? Simple – une promotion ! Dans le nouveau Bundestag, Wolfgang Schäuble deviendra Président de l’Assemblée et quitte ainsi ses fonctions de ministre des finances. Selon la constitution allemande, ce poste fait de Wolfgang Schäuble le numéro trois de l’Allemagne Fédérale, après le Président et la chancelière. Mais est-ce que ce changement indiquerait la fin de la politique d’austérité signée Schäuble et ayant poussé de millions d’Européens dans la misère ?

C’est le Sarrois Peter Altmeier qui est pressenti comme successeur de Wolfgang Schäuble, jusqu’ici chef de la chancellerie et homme de confiance d’Angela Merkel. Une nomination d’Altmeier ne serait pas anodine – et signifierait qu’Angela Merkel souhaite s’impliquer davantage dans ce domaine. En vue d’une nouvelle approche européenne ?

La quasi-annonce de la succession de Schäuble signifie également que l’ancienne et nouvelle chancelière n’envisage pas de céder le ministère des finances, l’un des postes clé du gouvernement, aux libéraux du FDP, probable futur partenaire de coalition. Ceci serait une bonne nouvelle pour l’Europe, car le FDP est hostile aux « eurobonds » (donc, la mutualisation de la dette des états-membre de l’Union Européenne) et rêve encore de la réintroduction du Mark.

L’austérité et l’intransigeance de Wolfgang Schäuble aura causé la misère de nombreux Européens et Européennes, principalement en Europe du Sud et surtout en Grèce, mais également en Allemagne. Sous sa politique, le taux de pauvreté en Allemagne est passé à 16,7%, l’un des taux les plus élevés en Europe et les économies qu’il a réalisées en se passant d’investissements publics font que les infrastructures allemandes comptent parmi les plus vétustes en Europe.

Et du coup, une voie royale européenne s’ouvre à l’Allemagne. Peter Altmeier ou n’importe quel autre successeur de Schäuble pourra commencer son mandat avec un geste que l’Europe entière accueillerait favorablement – il conviendrait de marquer ce changement en acceptant de rembourser à la Grèce, le « crédit forcé » que la Grèce était obligé d’accorder à l’Allemagne nazie en 1942 – les 473 millions de Reichsmark que les nazis avaient volé dans les caisses de la Banque Nationale grecque et qui correspondraient aujourd’hui à environ 11 milliards d’euros, n’ont jamais été remboursés et Wolfgang Schäuble avait tort en refusant ce remboursement en expliquant que la question des réparations de guerre avait été réglée dans le Traité de Londres. Justement, ce traité n’avait pas réglé cette question, mais l’avait reportée à plus tard. Seulement, plus personne n’était revenu sur ce dossier.

Si l’Europe peut pousser un grand « ouf » en voyant Wolfgang Schäuble promu à un poste honorifique où il ne pourra plus causer de grands dégâts, il faut maintenant attendre la formation du nouveau gouvernement pour savoir si l’Allemagne changera sa politique européenne dans le domaine des finances. Le départ de Schäuble ouvre la voie pour une nouvelle politique européenne. Est-ce que l’Allemagne serait en train de se mettre en marche ?

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