Xénophobes : «Pegida» à Vienne – 15 mètres, pas plus

La minuscule «marche» de la «Pegida» à Vienne s’est arrêté après seulement 15 mètres - ni la police, ni les contre-manifestants ne voulaient la laisser passer.

A Vienne, les manifestants de la "Pegida" se sont retrouvés devant un mur de contre-manifestants. Foto: Christian Michelides / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0

(KL) – Que tous ceux qui s’amusent à relativiser le phénomène «Pegida», qui cherchent à trouver un grain de vérité dans les postulats xénophobes de ces extrémistes, écoutent bien les slogans scandés par les quelques 150 cranes rasés qui se sont retrouvés lundi soir dans la capitale autrichienne : «Qui ne saute pas est un juif !». La mini-manifestation, surtout fréquentée par des hooligans de football connus par les services de la police, s’est ridiculisée – en vociférant surtout sur les immigrés d’origine turque.

«Pegida» en Autriche, c’est encore plus étrange qu’en Allemagne où ce «mouvement» a perdu de l’ampleur au point d’imploser – en Autriche, les manifestants estimaient nécessaire de défendre «Felix Austria» contre – les Turcs. Comme en 1683, lorsque des troupes catholiques affrontaient les Turcs devant Vienne. Pour le patron de la «Pegida» en Autriche, Immanuel Nagel, les Turcs «ne doivent pas être intégrés au pays, ils possèdent déjà la majorité de l‘économie autrichienne». Et Monsieur Nagel avait encore d’autres bêtises à présenter aux 150 néonazis ayant suivi l’appel à manifester. «L‘ambassade turque paye une prime aux familles qui obligent leurs filles à porter le voile», a-t-il bégayé, avant de déclarer la fin de la manifestation, «pour préserver la santé d‘un manifestant âgé». La vraie raison étant que sa mini-manifestation ne pouvait pas avancer, la police ayant fermé la route.

Après le déclin de la «Pegida» en Allemagne, les rêves des xénophobes et néonazis de pouvoir déclencher un mouvement européen, se perdent. En Suisse, en France ou en Autriche, «Pegida» prend le même chemin qu’en Allemagne – peu à peu, les gens comprennent qu’il ne s’agit pas de «citoyens en colère», mais de néonazis. Et que ce n’est pas la peine de chercher à comprendre ces manifestants xénophobes, antisémites et anti-tout.

Toutefois, il convient de rester sur ses gardes. Si les manifestations «Pegida» ont perdu leur élan en Allemagne, si elles se ridiculisent dans d’autres pays, cela ne veut pas dire pour autant que nos sociétés soient vaccinées contre le racisme et la xénophobie – au contraire. En France, le Front National est toujours en tète des sondages, en Autriche, le FPÖ, parti d’extrême-droite, siège au Parlement après avoir obtenu plus de 20% des votes lors des dernières élections législatives. Puisque la xénophobie y fait déjà partie de l’establishment politique, il n’y a pas de raison pour organiser des manifestations sur le même sujet en plein hiver. Comprendre : l’absence d’un mouvement comme «Pegida» ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de racisme. Ce qui se confirme, malheureusement, tous les jours.

Pour effectivement barrer la route aux xénophobes, toute l’Europe doit agir et ne plus se limiter à réagir. Même si les réactions face à l’émergence de ce phénomène étaient formidables. Mais maintenant, il est temps de s’organiser aussi au niveau des antifascistes européens. Bien entendu, il existe des liens entre les différents groupes antifascistes en Europe, mais il faudra passer la vitesse supérieure. Et envisager la création d’un vrai mouvement humaniste en Europe. Un mouvement qui devrait se pencher non seulement sur la démarche d’empêcher des néonazis de prendre de l’ampleur, mais qui se pencherait aussi sur le sauvetage de l’Europe. Car l’ennemi numéro un en Europe, ce n’est ni l’Etat Islamique ou Al-Qaïda, mais la politique désastreuse que mène l’Europe. La Grèce se trouve au bord du gouffre, et il est insupportable de voir un peuple européen sombrer ainsi dans la misère. Une misère causée par le grand capital et les banques, avec le concours de la politique européenne.

L’année 2015 aura débuté par un tremblement de terre politique et sociétal – un tremblement de terre qui donnera peut être l’impulsion nécessaire pour que nous changions de politique en Europe. A nous, citoyens, de faire savoir au monde politique qu’il est temps de procéder autrement. Et cela passera forcément par un changement de notre comportement électoral. A nous de jouer.

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