Zéro mégots aux Açores ?

Les mégots de cigarettes constituent une source de pollution importante aux Açores.

Aux Açores, les cours d’eaux sont menacés par les mégots de cigarettes. Foto: Jc Nazza / Wikimedia Commons / CC-BY 3.0

(Jean-Marc Claus) – Début juin, un rapport de la « Convention des Organisations pour un Océan Propre aux Açores », réunissant 24 organisations non gouvernementales açoriennes, a identifié les problèmes environnementaux spécifiques à chacune des neuf îles de l’archipel, mais aussi à l’ensemble de la région qu’elles forment. Une initiative soutenue par l’Oceano Azul Foudation, dont le but est de créer un réseau national d’organisations dédiées à la protection de l’océan.

Le problème environnemental identifié comme transversal à l’ensemble des îles, est la pollution par les mégots de cigarettes. Dispersés dans les rues, un nombre important est évacué par les égouts et pollue ainsi les citernes d’eau de pluie. Quant aux autres, ils contaminent directement les sols, et pouvant être ingérés par les animaux provoquant souvent leur mort.

Particularisme local, à proximité de leur entrée, la plupart des cafés ont un lavabo. Ce qui en termes de prophylaxie générale et plus particulièrement anti-Covid, est une très bonne chose, mais malheureusement, ils servent aussi de cendriers. Ainsi n’est-il pas rare que leurs siphons soient remplis de mégots, diffusant alors dans le réseau de récupération ou pire encore, directement dans les cours d’eau, une infusion de produits toxiques et de microplastiques.

Pour se faire une idée du potentiel polluant des mégots, il faut savoir qu’un seul mégot atterrissant dans le caniveau, pollue 500 litres d’eau, soit 10 mètres cubes par paquet de cigarettes standard. 2.150 milliards de mégots arrivent chaque année dans l’océan, soit la moitié du nombre rejeté. La dégradation d’un mégot laissé dans la nature, prend rien moins que 12 années. D’où l’importance de les collecter et si possible, de les recycler.

La Convention propose entre autres, de réaliser des campagnes de sensibilisation, d’organiser la collecte des mégots et d’imposer aux contrevenants le payement d’amendes effectives. Confrontée au même problème, la ville d’Algrange, commune mosellane de 6.200 habitants située au sud-est de Thionville, a fait appel, il y a maintenant un an, à une entreprise spécialisée dans la collecte des mégots.

Des cendriers-collecteurs ont été installés en dix points stratégiques de la commune. Les habitants, incités à faire preuve de civisme, ont joué le jeu et c’est ainsi qu’en une année, près de 15 kg de mégots ont été récoltés. Ce qui revient à la non pollution de 29.700 mètres cubes d’eau, soit 12 piscines olympiques. Retraités en Bretagne par la société Shime, ces déchets ont été transformés en un banc faisant maintenant partie du mobilier urbain de la ville.

Cela nécessite un engagement financier, représentant à Algrange 12.000€ pour l’installation des collecteurs, puis 3.000€ chaque année pour la collecte et la poursuite des campagnes de sensibilisation. Mais comme le souligne le directeur de Shime, les mégots entrent dans la directive plastique à usage unique de l’Union Européenne, imposant aux acteurs du tabac de financer un organisme, qui accorde des subventions aux mairies pour le recyclage des mégots.

Ainsi, des aides vont-elles bientôt être accessibles, et puisque l’Europe est notre maison commune, pourquoi ne pas imaginer une collaboration entre les Açores et la Vallée de la Fensch ? Qu’en dites-vous Monsieur Patrick Peron, maire d’Algrange ?

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