Ceux dont il est politiquement incorrect de parler
Actuellement, comme si une vie n’en valait pas une autre, il est politiquement et médiatiquement mieux vu d’être musulman et palestinien, que nigérian et chrétien...
L’obélisque érigé après le déracinement par une tempête en 1949, de l’arbre Agia, sous lequel fût, en 1842, pour la première fois prêché l’Évangile au Nigeria, est le cœur d’un lieu de pèlerinage international. Foto: Louis Gabriel Whenayon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int
(Jean-Marc Claus) – Il faut que l’extrême droite s’empare du dossier, pour qu’on en parle, tant dans les hémicycles français que de l’Union Européenne, et c’est particulièrement regrettable. Comme si la vie de Nigérians aurait moins de valeur que celle de Palestiniens ! Pourtant, au sens strict du terme, la destinée des chrétiens nigérians est bien plus proche du génocide, que celle des musulmans palestiniens.
Dans l’actuel contexte international de « palestinemania – hamascompatibiliy », il va sans dire qu’évoquer la tragédie vécue par d’autres communautés nationales et/ou religieuses, relève de la faute de goût, qui, si les agresseurs sont musulmans et les victimes chrétiennes, devient une impardonnable trahison des dogmes sur lesquels se fonde la pensée unique antiraciste du moment. Surtout ne pas réfléchir, ne pas rechercher, ne pas comparer, mais accepter le narratif mainstream et bien sûr, le diffuser très largement ad nauseam !
Or, c’est justement la non-dénonciation de certains crimes et délits, à laquelle se substitue une indignation sélective, qui fait monter le racisme et l’antisémitisme. Substrat sur lequel croît l’extrême droite à une vitesse phénoménale, car cette forme de discrimination au profit d’un discours politiquement correct, booste la fascisation des masses, bien plus efficacement que les rodomontades tribunitiennes.
Pays né du découpage de l’Afrique à la machette coloniale, l’actuelle République Fédérale du Nigeria prit de 1954 à 1960, un chemin allant de l’autonomie partielle à l’indépendance satellite du Commonwealth. L’évangélisation y a démarré en 1842, l’arrivée des Britanniques mettant fin à la traite de esclaves dès 1807, sur des territoires où précédemment, les Portugais avaient repris et amplifié une tradition bien plus ancienne, pour exporter de la « main d’œuvre bon-marché » vers leur colonie brésilienne.
Aujourd’hui, cette république se disant laïque, de par sa Constitution, laisse appliquer la charia dans les deux tiers de ses trente-six états. Composé d’une partie nord majoritairement musulmane et de son pendant sud essentiellement chrétien, le pays est le théâtre de persécutions des chrétiens par des musulmans fanatisés. Depuis 2015, 35.000 chrétiens ont perdu la vie du seul fait de leur confession. En 2024, sur les 4.476 cas connus de meurtres de chrétiens dans le monde, 3.100 ont été perpétrés au Nigeria, soit près de 70%.
Évidemment Boko Haram, l’‘État Islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO), et des factions radicalisées sont à la manœuvre. Les faits sont avérés, mais « étonnamment », les défenseurs des droits humains toujours prompts à se mobiliser pour les Palestiniens, n’envahissent pas la très parisienne Place de la République ou la strasbourgeoise esplanade du Parlement Européen, pour attirer l’attention sur le sort dramatique des chrétiens nigérians.
L’actuel gouvernement, qui dit vouloir enrayer les violences, présente les attaques de villages chrétiens, comme de simples affrontements entre éleveurs et agriculteurs. Une doxa reprise par les médias locaux, pendant que le pays s’enfonce dans une crise alimentaire dramatique, du fait de ces violences extrémistes associées à des pilages. Là aussi, qui pour alerter, pour parler de (potentiel) génocide et de (prévisible) famine ? Ces termes, de plus en plus dévoyés, sont-ils exclusivement applicables à seulement certaines populations, à propos desquelles l’opinion publique a été conditionnée pour qu’elle s’émeuve ?
Négliger le sort des chrétiens persécutés, au Nigeria comme dans d’autres régions du monde, c’est favoriser le clientélisme électoral de l’extrême droite. La gauche française, qualifiable selon ses chapelles, de la plus naïve à la plus éhontée du monde, ne l’a pas compris pour l’une, s’en contrefiche pour l’autre. Au royaume de aveugles, les borgnes sont rois…
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