Courir en Tête – Édition 2025 – Carton plein !

La nouvelle formule de « Courir en Tête » se déroulant sur le site brumathois de l’EPSAN a connu un succès dépassant toute attente.

On se presse derrière la ligne de départ. Foto: JM Claus / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – « Courir en Tête » n’est pas qu’une course, mais une expérience qu’il faut avoir vécu au moins une fois dans sa vie. Une aventure sportive et solidaire, qui ne se déroule pas dans un environnement artificiel avec des figurants triés sur le volet. Tout est vrai et tous sont authentiques, d’où l’intérêt d’y participer durant tout ou partie de la douzaine d’heures de cette manifestation propice aux rencontres et aux échanges.

Douze heures, un format réduit de moitié par rapport aux éditions antérieures mais qui, défi relevé, rassembla plus de participants. Avec 1.044 dossards vendus, pour 6.696 tours parcourus sur une boucle d’un kilomètre, soit un peu plus que Strasbourg – Katmandou à vol d’oiseau, un bel exploit dont les bénéfices permettront de financer à nouveau des projets en faveur des patients et résidents de l’établissement. Les 4.000€ de bénéfices de l’an dernier ont permis onze réalisations, dont l’achat de masques de relaxation, le financement de séances d’équithérapie et de médiation animale, l’acquisition d’un babyfoot, le démarrage d’un atelier de chant et l’aménagement d’un espace d’hortithérapie.

Toujours requestionner les pratiques et ne jamais s’installer dans la routine, telle est la ligne de Mathieu, éducateur spécialisé et sportif de haut niveau, qui fait partie de l’équipe d’organisation de cet événement. Ce parcours d’un kilomètre, il le connaît mieux que quiconque, car c’est sa piste d’entraînement – décompression lors de sa pause méridienne. Passer au format douze heures 10h00 – 22h00), a permis une plus grande participation des structures extra-hospitalières que la formule vingt-quatre heures (12h00 – 12h00) car il pouvait être associé à la course, le déjeuner en commun. Un moment convivial qui a mobilisé aux fours à tartes flambées des bénévoles jusqu’à la fin de la manifestation. Autre bénévole remarquable, comme les trois années précédentes, Étienne que son métier de ripeur a fait se lever à trois heures du matin, est venu juste après son travail pour donner un coup de main au staff jusqu’à bien après la clôture de la course.

Permettre aussi aux résidents des structures médico-sociales extérieures à l’établissement de le découvrir lors d’un événement festif et solidaire, est un des buts de Matthieu afin de rendre d’éventuelles hospitalisations moins angoissantes et de créer du lien entre les équipes pluridisciplinaires. Le monde associatif est également engagé dans l’aventure, dont l’UNAFAM aux tee-shirts bleus immédiatement reconnaissables car affichant : « Un de vos proches souffre de troubles psychiques ? L’UNAFAM peut vous aider. ». Atrypical, association utilisant le sport comme vecteur pour parler des troubles neurodéveloppementaux (TND) et soutenir des projets, était également très engagée, notamment en la personne de Thomas qui avait pour projet d’aller jusqu’au maximum de ses possibilités, sans se fixer d’objectif chiffré. Échanger avec lui des différences de perception du monde et des relations humaines, entre personnes porteuses d’autisme et individus neurotypiques, ouvre des perspectives fantastiques, même lorsqu’on est professionnel de santé.

Louisa* installée dans son fauteuil roulant, briefait Claude* sur la ligne de départ : « Et tu ne me pousses pas : je fais le parcours toute seule ! ». Le circuit était aussi accessible aux chiens, tenus en laisse par leurs maîtres, ce qui dans un établissement où se pratique depuis plusieurs années la médiation animale, notamment via l’association Animal’Hom, n’avait rien d’extraordinaire. Hospitalisé antérieurement durant une courte période, Steve* était revenu pour participer à la course, disant : « C’est aussi à ça que ça sert, les RTT ! ». Coutumière d’hospitalisation lorsqu’elle est en période de crise, se sentant encore fragile, Natacha* a voulu consacrer à l’événement solidaire, ses deux heures de sortie quotidienne de l’unité de soin : « En plus, il y a de la musique ! Bon, c’est pas ce que j’écoute, mais ça fait du bien quand même. ».

Au nombre des équipes formées pour la course on avait « Les Licornes de Saverne », « Les Fous du Bus », « Les Athlètes à Roulettes », « Le Gang des Poussettes », « Vendredi tout est permis », et les IFSI** et IFAS** ainsi que l’IFMK*** de Strasbourg ont constitué les groupes les plus importants. Ainsi, lors de l’annonce des premiers résultats à 18h30, c’est l’IFSI d’Erstein qui a remporté la palme du plus grand nombre de participants et 1.085 km parcourus. Individuellement, Noa et Thomas de l’IFMK de Strasbourg étaient à égalité en haut du classement avec 23 km, talonnés par Angèle de l’IFSI St Vincent qui avait couru 21 km. Le format 10h00 – 22h00 ne permettant pas de réunir tous les participants à la fin, une petite cérémonie sera organisée à la cafétéria en octobre pour la proclamation officielle des résultats et dans la catégorie ados, avec ses 50 km, Lisa a du haut de ses 13 ans toutes ses chances de monter sur la plus haute marche du podium.

Anouk  poussée par son équipage bourdonnant. Foto: JM Claus / CC-BY 2.0

Anouk poussée par son équipage bourdonnant. Foto: JM Claus / CC-BY 2.0

Avec toujours ce regard lumineux et poussée par son équipage bourdonnant, Anouk a comme l’an dernier, honoré de sa présence cette nouvelle édition de « Courir en Tête ». Déclarer la santé mentale grande cause nationale, ne doit pas au profit de maladies civilisationnelles, éclipser le terrible combat des personnes touchées par des pathologies neurovégétatives. Quand en 1733, George Cheyne publiait « The English Malady », Jean-Martin Charcot n’était pas encore né puisque contemporain du siècle suivant, et il a fallu que s’écoulent cent quarante années, pour que soit clairement décrite la Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA) dite Maladie de de Charcot. Tous les troubles psychiques et neuropsychiques ont de importance, ainsi aux effets de mode facteurs d’individualisme, doit se substituer le mode de la solidarité collective. Ce qui est l’esprit même de « Courir en Tête ».

* Les prénoms de certains participants ont été modifiés, par respect du secret médical et professionnel.

** IFSI-IFAS : Institut de Formation des Infirmières – Institut de Formation des Aides Soignantes

*** IFMK : Institut de Formation des Masseurs et Kinésithérapeutes

L’IFSI d’Erstein en liesse ! Foto: JM Claus / CC-BY 2.0

L’IFSI d’Erstein en liesse ! Foto: JM Claus / CC-BY 2.0

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